Juno, l’anti-Uber prêt à donner des parts de la société à ses chauffeurs
Uber ne fait pas que des chauffeurs heureux, et c'est sur cette rupture qu'une start-up américaine a décidé de se positionner. En proposant une dimension qu'elle qualifie de «plus humaine» à l'uberisation des transports, Juno entend prendre des parts de marché au géant américain. A quelques semaines de son lancement prévu au printemps, la start-up basée à New York qui revendique déjà une flotte de chauffeurs et 100 employés, veut profiter des faiblesses du leader Uber et de Lyft en proposant un modèle «qui a du sens (…) avec un vrai partenariat pour les chauffeurs», comme le confie à Bloomberg Talmon Marco, son fondateur. Une approche qui se veut plus juste, et qui commence à faire des remous outre-Atlantique.
De fait, Juno attaque le marché avec au moins deux arguments. Il entend d'abord diviser par deux la commission prise aux chauffeurs sur leurs trajets, la faisant passer de 25%-20% à 10%, néanmoins sur une durée limitée, «au moins sur les 24 premiers mois», précise le site MarketWatch. Une concession qui lui permettrait de récupérer les chauffeurs qui ont protesté à ce sujet contre Uber, à New York et à San Francisco.
Un contrat d'employé
Mais Juno tire aussi la ficelle du flou jurdique qui règne autour des contrats de travail délivrés aux chauffeurs. Depuis son lancement en 2012, et pour éviter les charges salariales dans chaque pays, Uber fournit un service à des travailleurs indépendants. Un choix qui ne donne ainsi aucun lien de subordination entre Uber et les chauffeurs et que Juno entend reconstruire. Pour cela, Juno est prêt à faire signer des contrats à temps plein ou temps partiel à ses chauffeurs après plusieurs mois d'activités. Ils seront même considérés comme des employés, si ceux-ci se mettent seulement en disponibilité sur l'application Juno. Avec de tels arguments, la start-up visent les déçus d'Uber.
Tandis que Juno joue la carte d'un management plus humain, la start-up affirme également avoir réservé la moitié de ses actions à ses chauffeurs, avant même de s'être lancée. «Au coeur de Juno, c'est la certitude qu'un service de partage de trajets doit maintenant traiter correctement les chauffeurs», indiquait Talmon Marco à Forbes, un entrepreneur américano-israélien, qui reste avant tout un homme d'affaires. Sa fortune s'est faite après la revente de ses parts détenues dans l'application Viber au japonais Rakuten. Juno, qui veut d'abord prendre soin des chauffeurs, laisse aussi entendre que le service pourrait être plus coûteux pour les passagers. Reste à savoir aussi quelle part pourrait détenir les chauffeurs, si ceux-ci s'inscrivaient en nombre sur l'application.
Le modèle d'entreprise proposé par Juno, couplé à la technologie, parviendra-t-il à rattrapper Uber? En Chine l'Américain se voit également attaquer sur le marché par Didi Kuaidi, un autre concurrent de taille qui s'apprête à lever 1 milliard de dollars.
En France, alors qu'Uber amorce une nouvelle communication, le nombre de chauffeurs qui s'inscrivent sur l'application continue de croître à un rtyhme soutenu. Pour l'instant, leur priorité est aussi de défendre leur activité d'indépendants face aux taxis, à l'image de plusieurs manifestations qui se tiennent depuis quelques semaines.
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[INSIDERS] Combien de nouveaux chauffeurs Uber en France en 2015…?
Yann Azran, cofondateur et CEO et de YoCAB.fr, une application de chauffeurs de moto-taxis.
On a beaucoup réfléchi au sujet de donner des parts. C'est toutefois compliqué de savoir combien, et comment. Il faut que cela soit significatif. Dans le cas de Juno, il faut savoir si cela représente 0,1% ou 0,0001%. Or, à New York il y a entre 50 000 et 100 000 chaufeurs VTC. Chacun sait que pour se faire une place dans le milieu des VTC, il faut énormément de chauffeurs. Rappelez-vous, au tout début, leur communcation se basait essentiellement sur «deveniez chauffeur Uber». La bagarre se joue donc réellement sur le recrutement de chauffeurs. Pour le volet des parts, il faut donc trouver le bon modèle.
Sur les contrats de travail, j'aimerais savoir comment ils comptent le déployer, et si c'est compatible avec le droit du travail aux Etats-Unis. Il est vrai qu'il est beaucoup plus souple qu'en France.
Enfin, je rejoins Juno sur sa volonté de construire un autre lien avec les chauffeurs. Pour les raisons évoquées plus haut, il est très important de savoir leur parler. par exemple, il ne faut pas parler en pourcentage (sur la commission des courses notamment), mais en montant fixe. C'est le choix que nous avons fait pour YoCAB».
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Et quand, dans 10 ans, la loi autorisera aux voitures sans conducteur de circuler, que restera t-il du côté humain plaidé par Juno? Je me trompe peut-être mais je n’investirai pas 1 centime sur Juno, manque total de vision à mon goût