BUSINESSLes dernières actualités de la techTELECOM

« La 5G est un non-sujet: on attend encore une 4G de qualité »

AFP

« Allo ? Allooo ? » Le maire de Sarcenas raccroche, dépité. Son village a beau se trouver à un jet de pierre du coeur de la très connectée agglomération grenobloise, les communications téléphoniques y sont laborieuses. Le confinement et maintenant les débats sur la 5G ont rappelé que la commune connaissait « encore une problématique des années 2000 », celle de la rareté du réseau, peste Sylvain Duloutre. Sarcenas et ses 210 habitants font partie des 49 communes composant la métropole Grenoble Alpes. Accroché sur les flancs du massif de la Chartreuse, le village jouit de vues sublimes sur ses installations high tech.

Le maire de Grenoble, Eric Piolle (EELV), est hostile à la 5G et a demandé un moratoire à son déploiement, alors qu’une expérimentation se déroule sur le site du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) dans le quartier scientifique de la ville. « On sait bien que la 5G sera pour les zones urbaines denses. Pour toutes les autres zones, la 5G est un non-sujet: on attend encore une 4G de qualité », souligne M. Duloutre.

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

La newsletter hebdo

Recevez chaque lundi l'actualité de notre écosystème

Officiellement, «pas de zones blanches sur le territoire métropolitain»

Officiellement « il n’y a pas de zones blanches sur le territoire métropolitain au sens réglementaire du terme, extrêmement restrictif », fait-on valoir à la Métropole. « Si c’est pas blanc, c’est gris très clair », ironise M. Duloutre, dont le village ressemble, selon lui, à une « mosaïque » pour sa qualité de couverture. Le « New Deal Mobile », signé en janvier 2018 entre le gouvernement, l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) et les opérateurs, ambitionne de résorber les zones blanches en France d’ici 2022. Une antenne supplémentaire devait être implantée cette année au col de Porte mais le projet a été reporté à 2021. C’est l’un des 35 points du département qui bénéficieront de ce « New deal ».

« C’est agaçant de ne pas avoir de visibilité et de ne pas pouvoir répondre aux administrés », souligne le maire, lui-même télétravailleur dans la sécurité informatique. Car l’attractivité économique en dépend: comment accueillir des séminaires dans les hôtels sans 4G ? Comment télétravailler correctement ? Accompagner les nouveaux usages et le rajeunissement de la population ? Nutritionniste-diététicienne, Chloé Biron travaille deux jours par semaine en téléconsultation et a du s’équiper d’une box qui fait office de « mini-antenne relai ». « Mais dès que je sors de la maison, pas de réseau! Et si ma box a un problème, il faut aller dans le champ d’à côté pour parler avec l’opérateur… », raconte la jeune femme.

Une «solution d’attente» 

Pour Damien Michallet, vice-président du département chargé de l’aménagement numérique, « il faut que l’Etat redéfinisse la notion de zone blanche qui actuellement élimine les communes en souffrance de connectivité. Avec une demi barre, on ne peut pas appeler ! ». Dans ces villages à la fois péri-urbains et de montagne, le salut devrait passer par la fibre optique, permettant des usages comme le streaming qui consomment beaucoup de bande passante. Grâce à une démarche volontariste du département, la fibre est là, sous le bitume de la route. « Mais les derniers mètres prennent du retard. Les opérateurs ont des problèmes », selon M. Duloutre. En quatre ans, le plan très haut débit (THD) de l’Isère a permis la construction d’un réseau de 2 500 kilomètres de tranchées et de 110 noeuds de raccordement optique pour un investissement de 120 millions d’euros.

Reste au délégataire Isère Fibre (groupe SFR) à réaliser la desserte finale: tirer la fibre depuis les noeuds de raccordement, qui desservent chacun 4 à 5 communes, pour aller aux 450 000 clients finaux. « C’est un projet énorme, on avance bien mais pas à la vitesse de la lumière ! », estime M. Michallet. « Pour certaines communes, c’est dans deux ans. Pendant ce temps, le plombier, le médecin, les pompiers doivent avoir un téléphone qui fonctionne ! ». Pour la centaine de communes qui n’auront la fibre qu’après 2022, le département prévoit une « solution d’attente » à travers la 4G radio. A terme, tous les pylônes ou points hauts abritant des antennes pour cette technologie d’attente et raccordables à la fibre pourront émettre de la 5G.

Suivez nous:
Découvrez WE, le nouveau media d'intelligence économique consacré à l'innovation en europe. Retrouvez les informations de plus de 4500 startups et 600 fonds d'investissements Pour en savoir plus, cliquez ici
Bouton retour en haut de la page
Share This