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La cession par Tikehau Capital de LMB Aerospace à l’américain Loar Group révèle les failles du modèle français
La question de la souveraineté industrielle se pose à nouveau avec la cession de LMB Aerospace par Tikehau Capital à l’américain Loar Group. Cette entreprise, spécialisée dans les ventilateurs électriques haute performance pour l’aérospatial et la défense, joue un rôle clé dans des programmes stratégiques comme les Rafales et les sous-marins nucléaires français. Son transfert sous pavillon étranger soulève des inquiétudes et interrogations.
LMB Aerospace : un actif stratégique sous pavillon américain
Basée en Corrèze, LMB Aerospace conçoit des composants essentiels à l’industrie de défense française. L’acquisition par un groupe américain pose la question du contrôle des technologies sensibles. Une fois sous juridiction américaine, ces savoir-faire pourraient être soumis aux réglementations extraterritoriales comme le Cloud Act, permettant aux autorités américaines d’accéder aux données des entreprises sous pavillon US.
Un fonds français au cœur du débat
Tikehau Capital n’est pas un acteur isolé : il a bénéficié de 200 millions d’euros de financements publics pour soutenir l’industrie française. Pourtant, trois ans après l’acquisition de LMB Aerospace, il réalise une plus-value de 100 % en la cédant à un acteur étranger. Cette opération met en lumière les tensions entre logiques de rentabilité et impératifs de souveraineté industrielle.
Le manque d’alternatives françaises
Si cette vente suscite des réactions, c’est aussi parce qu’elle illustre la difficulté pour la France de proposer des alternatives crédibles. Les fonds français investis dans l’industrie et la défense restent limités, et les ETI capables de racheter ce type d’actifs sont trop peu nombreuses. Contrairement à l’Allemagne ou aux États-Unis, la France peine à structurer un écosystème solide pour préserver ses entreprises stratégiques.
L’un des freins majeurs réside dans les directives RSE qui limitent les investissements institutionnels dans la défense. Une politique qui, bien que fondée sur des considérations éthiques, réduit les marges de manœuvre pour la consolidation industrielle nationale.
Le rôle de l’État : agir ou laisser faire ?
Le décret Montebourg, conçu pour protéger les actifs stratégiques, pourrait permettre au gouvernement d’intervenir dans cette transaction. Reste à savoir si Sébastien Lecornu, ministre des Armées, choisira de l’activer. Cette décision marquerait un tournant dans la politique industrielle française : entre interventionnisme et laisser-faire, quelle stratégie adopter pour préserver nos intérêts économiques ?
Avec 6 500 milliards d’euros d’épargne financière, la France dispose des ressources nécessaires pour soutenir ses industries stratégiques. La question est de savoir si elle souhaite les mobiliser. LMB Aerospace n’est pas un cas isolé, mais un signal d’alerte. Cette cession impose un débat plus large sur la capacité de la France à préserver son indépendance technologique et industrielle à long terme.
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