La presse veut taxer smartphones, tablettes, ordinateurs
le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) et l’Association de la presse gratuite d’information (APGI) souhaitent que soit instituée une taxe sur les smartphone, tablettes, et autres ordinateurs.
Cette taxe se justifie à leurs yeux par le fait que « les producteurs de contenus contribuent à la valeur perçue des équipements technologiques » et que « la presse ne bénéficie que très marginalement des mécanismes de redistribution de la valeur existants face aux autres acteurs culturels en France ».
Voilà un argumentaire implacable pour justifier une taxation qui pourrait aller jusqu’à 1%.
Devons nous rappeler que la presse bénéficie déjà de quelques subventions?
- Aide à la modernisation et mutation industrielles
- Aide aux développements numériques
- Tarifs préférentiels pour le transport
- Aide à la modernisation des diffuseurs
- Aide au portage
- Aide à la distribution des quotidiens nationaux
- Aide au maintien du pluralisme
- TVA à taux réduits
- Exonération de cotisation foncière
- Cotisations sociales (Les entreprises de presse bénéficient d’un abattement de 20 % sur
- les cotisations sociales dues sur les rémunérations versées aux journalistes.)
- les journalistes peuvent appliquer une déduction forfaitaire de 30 % pour frais professionnels, dans la limite de 7 600 € par an.
Etc…
La cour des comptes qui vient de rendre son rapport pour les années 2009 à 2011 estime que les aides versées à la presse au cours de ces 3 années représente plus de 5 milliards d’euros soit 18% du chiffre d’affaires réalisé sur la même période.
La presse a beaucoup de difficultés à assurer la transition de son modèle initial papier (abonnements + publicités) qui lui permettait de très bien vivre jusqu’au début des années 2000. L’arrivée des géants de l’information (à commencer par Google, mais aussi Facebook, Twitter, Apple et Amazon) a fortement impacté ce modèle; ils se rémunèrent au passage en fournissant d’excellents outils d’accès à l’actualité / aux contenus et en proposant aux annonceurs des outils de marketing ciblé à coût dérisoires (Adwords, FB Ads…).
Mais des exemples comme FrenchWeb prouvent qu’avec un modèle pure-player repensé et optimisé, il est possible de ré-établir une activité d’information ciblée rentable (et pérenne?).
Il reste plusieurs challenges pour la presse « classique » (spécialisée ou non) : développer l’expertise digitale, se doter d’actifs technologiques mutualisés qui pourront lui permettre de faire face aux géants, optimiser sa structure de coût pour redevenir compétitif, diversifier et industrialiser ses modèles de revenus en proposant d’autres services (annuaire, emploi, annonces, achats de contenus à l’unité, formation en ligne, marketing ciblé, community management de marques…).
En attendant cette transition, la presse tente de trouver des ressources pour maintenir son niveau de vie.
Je suis intéressé par ton point de vue sur le sujet Richard.
Syndicats de la presse, de la musique, de la distribution « culturelle », de l’hôtellerie, de la location de meublés, du tourisme, de…. Chaque jour s’allonge la liste des professions qui consacrent 100% de leur énergie à empiler les sacs de sables pour dresser des digues contre la révolution numérique plutôt que de trouver des moyens de se réinventer grâce à elle. Leur fans ? Leurs clients ? Leurs lecteurs ? Leurs utilisateurs ? Rien à f… Ce qui compte c’est de défendre les positions acquises.
France, 5ème économie mondiale. 20 ème économie numérique. A ce rythme, ce sera bientôt notre position. 20ème. Quelque part entre Arabie Saoudite et Pologne.
18% du CA en subventions… Il y a de quoi rêver. (enfin, je m’entends)
« Quand le vent se lève, certains construisent des abris, d’autres des moulins ». Merci Richard pour ce papier.
Guillaume Buffet, Président de Renaissance Numérique.
Je me suis permis un complément de réponse… http://www.publishingopinions.fr/2013/07/24/la-presse-doit-reagir-sans-tomber-dans-des-travers-peu-glorieux/