La principale raison qui empêche les salariés de se lancer en freelance
Ce soir, je suis à Pantin. J’avoue que je n’ai jamais eu l’idée d’aller à Pantin, si j’y suis c’est pour le lancement de la passionnante Ouishare Fest 2017 (mais je ne suis pas venue vous parler de ça).
En sortant vers 22h, un monsieur qui a l’air perdu me demande si je sais où se trouve le métro. Oui, je sais. J’ai même bien galéré en venant, donc oui, je sais parfaitement où c’est. Par contre, je suis trop fatiguée pour l’expliquer à quelqu’un. De toute façon j’y vais, alors je peux lui montrer, ce sera plus simple.
Comme le trajet est difficile à expliquer, il est aussi un peu long. Je lui demande s’il vient aussi de la Ouishare Fest. Oui. Il travaille dans une entreprise partenaire de l’événement. Il fait d’ailleurs partie des rares costards-cravates, ça se remarque. Son entreprise, m’explique-t-il, est très loin de l’innovation collaborative ou de l’économie du même nom. Mais c’est intéressant de participer à cet événement.
La politesse veut qu’il me demande également ce que je fais dans la vie. Je pitche Wemind en 30 secondes: donner aux indépendants et à tous ceux qui quittent le salariat, la même protection que les salariés (mutuelle, logement, comité d’entreprise). Il me pose quelques questions: ça marche bien? Oui. Ca a été créé il y a combien de temps? 1 an. Vous avez un business model? Oui.
A ce moment là, nous sommes arrivés dans le métro et le silence s’installe. Il est tard, les métros sont un peu moins fréquents et nous sommes à court de questions de politesse.
Il revient sur une question.
«Votre service, c’est pour les gens qui se lancent en indépendant? Ou les gens comme moi (il a la quarantaine) qui se reconvertissent?»
«Les deux…» Silence.
«Pourquoi? Vous pensez à vous lancer?»
Il éclate d’un rire choqué: «PAS DU TOUT!»
«Pourquoi?»
Il réfléchit et me répond avec la plus grande sincérité:
«C’est surtout que… je ne vois pas comment quelqu’un pourrait m’acheter quelque chose!»
Cette phrase, je l’ai souvent entendue, je me la suis même souvent répétée, et pendant des années. C’est la question que se posent tous les salariés.
Car être salarié, c’est quoi? Faire un travail, et en échange de ce travail, recevoir un salaire. Pas de travail, pas de salaire. Un boulanger, ça peut toujours fabriquer du pain, et tout le monde mange du pain. Mais une assistante de direction? Un gestionnaire de projet? Un responsable des partenariats? Tous ces métiers n’existent que parce qu’il y a une organisation à faire fonctionner. Pas d’organisation, pas de métier.
Cette phrase, je la trouve choquante parce qu’elle montre à quel point la majorité des gens ont intériorisé cette idée que leur valeur, c’est leur salaire, et que leur salaire dépend de leur capacité à se conformer à ce que quelqu’un d’autre a défini pour eux.
Je devais descendre à la station suivante, alors je ne lui ai dit qu’une chose: «C’est faux. Tout le monde a un talent pour lequel d’autres personnes sont prêtes à payer. La seule question, c’est de découvrir lequel.»
Il n’ a rien répondu et m’a juste serré la main avant que je descende.
Mais j’ai vu dans ses yeux qu’il savait que c’était vrai.
Hind Elidrissi est la cofondatrice de Wemind.
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Très inspirant ! Parfois on se cherche et il est difficile de vraiment prendre conscience de son talent voir de le découvrir. ( Dit elle en pleine recherche^^).
Merci