[La start-up du jour] Telorion, concepteur de smartphones pour malvoyants
Parce que le tactile n’est pas facile d’accès aux malvoyants, Telorion fabrique pour eux des smartphones adaptés à leurs besoins.
Son créateur, Loïc Dubié, est ingénieur des Ponts et Chaussées. Il a travaillé chez Neuf Telecom puis SFR en contrôle de gestion et marketing avant de créer Telorion, en 2011.
Comment avez-vous eu l’idée de votre société?
Loïc Dubié : Alors que j’étais à la recherche d’idées de création d’entreprise, je suis tombé sur l’article d’un aveugle qui expliquait comment l’iPhone avait changé sa vie. Cela m’a étonné : comment un écran lisse pouvait être une révolution pour une personne aveugle ? En creusant le sujet, je me suis rendu compte que les smartphones étaient, grâce à leurs nombreuses fonctionnalités, d’une grande aide pour les aveugles qui arrivaient à les maîtriser, mais que l’approche tout tactile était un frein insurmontable pour l’immense majorité des aveugles.
En effet, depuis plus de 15 ans, ils utilisent sans difficulté des Nokia à touche équipés d’une application « lecteur d’écran » ; mais passer sur un lecteur d’écran de téléphone tactile nécessite une longue formation, et reste à l’usage peu pratique : il faut autant de capacités que de volonté pour s’y mettre ! D’où l’idée de créer un smartphone alliant la simplicité d’utilisation d’un Nokia à touches avec les fonctionnalités avancées des smartphones de tout un chacun.
A quel besoin/problème apportez-vous une réponse?
Loïc Dubié : Depuis la fin des Nokia à touche, qui étaient faciles à utiliser pour les aveugles grâce aux lecteurs d’écran, il n’a jamais été aussi compliqué pour un aveugle de s’équiper d’un téléphone ! Telorion Vox est simple d’usage comme un Nokia à touches, et riche en applications comme un smartphone. Ca fait de lui un véritable assistant du quotidien.Les malvoyants, quant à eux, n’ont jamais eu de solution leur permettant de lire correctement l’écran d’un téléphone. Telorion Zoom leur offre un confort de lecture.
Une remarque pour ceux qui penseraient que revenir au clavier à touche est une preuve de conservatisme : nous ne l’avons pas fait pour éviter d’introduire une nouveauté, mais parce que le clavier physique est fondamentalement plus simple à maîtriser et plus efficace à l’usage pour les aveugles. Un exemple : pour lire le dernier SMS avec le lecteur de l’écran de l’iPhone, il faut entre 5 et 10 gestes ; sur Telorion, c’est un simple clic sur la touche 2 !
Comment gagnez-vous de l’argent?
Loïc Dubié : Telorion est vendu comme une adaptation logicielle accompagnée de son clavier numérique en silicone au tarif de 329€, à installer sur un téléphone déjà acheté. Telorion est aussi vendu sous forme de packs (téléphone + logiciel + clavier) au tarif de 680€ avec un Samsung Galaxy S3 ou de 580€ avec un Samsung Galaxy S2.Nous commercialisons actuellement Telorion en France, et allons entrer sur le marché anglais dans quelques semaines, et le marché nord-américain dans quelques mois.
Qui sont vos compétiteurs?
Loïc Dubié : Notre principal concurrent aujourd’hui est l’iPhone avec sa solution de vocalisation intégrée VoiceOver qui est très populaire chez les aveugles ayant réussi à appréhender l’offre tout tactile. Avec toutes les difficultés d’apprentissage et d’utilisation déjà citées…
Notre second concurrent, c’est l’achat de téléphones Nokia d’occasion ! Mais ils se font de plus en plus rares… Une de nos fiertés est d’avoir parmi nos utilisateurs une majorité d’anciens utilisateurs de Nokia, mais aussi des personnes qui s’équipent pour la première fois d’un téléphone, et d’autres qui après quelques mois sur iPhone sont heureuses de découvrir l’efficacité de notre ergonomie.
A quoi ou quelles sociétés vous compare-t-on par erreur?
Loïc Dubié : Lorsque l’on parle de notre marché, le premier réflexe de nos interlocuteurs est souvent de penser que nous fabriquons un téléphone en braille. Or, en réalité tous les aveugles ne connaissent pas le braille. La solution universelle et utilisable par tous est en fait la vocalisation, avec un bon vieux clavier numérique très simple à prendre en main et efficace à l’utilisation.
Quelles ont été les périodes les plus sensibles dans votre développement?
Loïc Dubié : Le choix du design définitif du clavier a été une sacrée aventure : après un premier prototype de clavier sous forme de « grille » dès début 2011 (proche de l’actuel), nous avons travaillé plusieurs mois sur un concept offrant des touches en relief… Après avoir mis tant d’énergie dans ce chantier, il n’a pas été facile de reconnaître que le concept initial de « grille » était meilleur (et ainsi reconnaître, qu’une grosse partie du travail ne serait pas utilisée). Nous avons pris la décision de rester sur la logique de grille la veille de la mise en production. Avec le recul, c’est LA décision qu’il fallait prendre.
Comment y avez-vous fait face?
Loïc Dubié : Comme souvent : en s’assurant après une nuit de sommeil que c’est la meilleure solution.
Quel est votre principal atout?
Loïc Dubié : Notre principal atout, c’est l’équipe actuelle qui développe et commercialise Telorion avec des compétences techniques internes très fortes sur Android qui nous permettent d’être ultra-réactifs et un pôle commercial & marketing qui crée et maintient d’excellentes relations avec nos utilisateurs, les associations et les distributeurs spécialisés en France et à l’étranger.
Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné et par qui?
Loïc Dubié : « Lancez le produit et confrontez-vous au marché !! » lors d’un des premiers boards. Notre premier produit vendu en mars relevait plus du bêta-test, mais ayant pris soin de sécuriser l’application de mise à jour, nous avons depuis pu corriger les imperfections initiales. Tout en récupérant énormément de remarques et d’encouragements des utilisateurs.
Qui est la personnalité que vous admirez le plus et pourquoi?
Loïc Dubié : Même si cela paraît « ultra confiture », je citerais bien Steve Jobs pour son attention quasi pathologique à la conception des produits.L
- Fondateurs : Loïc Dubié
- Création le : 27/05/2011
- Montant de financement : 3 levées depuis la création – 1ère en love-money de 150k€, 2ème et 3ème auprès de business angels pour un total de 400 k€
- Investisseurs principaux : Thierry Roussel (cofondateur Direct Energie), François Paulus (Fondateur Breega Capital), Patrick Asdaghi (Directeur marketing La Fourchette), Jacques Maillot (fondateur Nouvelles Frontières)
- Nombre de salariés : 7
- Chiffres d’affaires : 200k€ depuis mars 2013, objectif de 400k€ d’ici fin 2013
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Félicitation pour vos idées pour aider les malvoyants.Cordialement.Philippe.VK.