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La «startup nation» apprécie Macron, mais en veut plus

Paris, 10 juillet 2018 (AFP)

Les jeunes pousses, érigées en modèle par Emmanuel Macron avec son slogan de «startup nation», apprécient l’action de l’hôte de l’Élysée, mais en veulent plus pour que leurs entreprises accèdent aux premiers rangs internationaux.

«Ce que j’aime dans ce slogan de la startup nation», c’est qu’il «donne une direction, une vision : on parle du futur, et pas du passé», explique Martin Génot, entrepreneur en série et investisseur dans des start-up. Avec ce slogan, Emmanuel Macron «pousse une génération de polytechniciens et d’HEC à prendre des risques» pour devenir entrepreneur, et non plus trader comme il y a dix ans, souligne-t-il.

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«L’image de la France est redevenue extrêmement positive» à l’étranger «sur l’entrepreneuriat, la prise de risque, la réussite, la volonté d’embrasser la révolution technologique», se félicite de son côté Gaël Duval, patron de la jeune pousse JeChange.fr et créateur de la French Touch Conference, un réseau d’aide à l’internationalisation des start-up. «Les ministères nous sollicitent sur des appels à projet. Il y a une volonté d’avoir des investissements ambitieux et pas du saupoudrage. Je trouve que la mobilisation est toujours là», se félicite de son côté Nathanael Ackerman, du hub France Intelligence Artificielle qui regroupe entrepreneurs et chercheurs du secteur.

Jean-David Chamboredon, président d’ISAI, le fonds d’investissement des entrepreneurs du Net, et co-président de la fédération de start-up France Digitale, dresse un constat un peu plus contrasté. «Toutes les grandes réformes transversales (fiscales, sociales…) du gouvernement vont dans le bon sens», estime-t-il, évoquant par exemple le prélèvement forfaitaire unique sur les revenus de l’épargne de 30%. «Mais on ne peut pas dire qu’il y ait eu des choses décisives pour les entreprises tech spécifiquement», ajoute-t-il.

L’investisseur regrette en particulier que le gouvernement n’ait pas cherché à plus orienter l’épargne, et en particulier l’assurance vie, vers les jeunes pousses de la tech, pour les aider à grandir. «On risque de manquer de capital domestique pour soutenir les start-up et les scale-up, les phases de croissance des jeunes pousses», regrette-t-il. Et d’ajouter : «Si je suis Mme Michu et que je veux investir dans la technologie, je ne peux pas, je n’ai pas de véhicules d’épargne» adéquat, regrette-t-il.

Favoriser les PME françaises

Thomas Fauré, patron de Whaller, start-up qui crée des réseaux sociaux privatifs pour les entreprises, aimerait lui aussi que le gouvernement en fasse plus pour favoriser la croissance des jeunes pousses. «Il n’y a pas de gloire à avoir un écosystème de start-up si elles ne peuvent pas grandir», regrette-t-il. «Je ne suis pas certain qu’on arrivera» au même dynamisme «qu’Israël ou la Corée du Sud», avertit-il.

Dans le collimateur du jeune patron : l’absence de mesures pour protéger les jeunes pousses des géants américains, qui embauchent les cerveaux français, rachètent les start-up les plus prometteuses, ou raflent les commandes publiques. «Il nous faut une loi pour favoriser les PME françaises», à l’image du Small Business Act américain, affirme-t-il.

Les classements européens montrent que la France est très dynamique pour la création de jeunes pousses, mais a plus de mal à les faire grandir jusqu’à ce qu’elles deviennent des champions internationaux. L’Hexagone ne compte qu’une petite poignée des 69 licornes (entreprises tech valorisées plus d’un milliard de dollars) recensées en Europe par la banque d’affaires GP Bullhound. Mais plusieurs entrepreneurs le soulignent, l’état de santé du pays ne se mesure pas uniquement à celui de ses jeunes pousses.

Franck Gayraud, patron d’Arcure, une entreprise spécialisée dans les caméras intelligentes, s’inquiète des conditions de vie dans les quartiers difficiles et de l’émergence d’une société «très inégalitaire». «J’espère qu’il va y avoir une prise en compte de l’immense souffrance qui existe en France. On danse sur un volcan», souligne-t-il.

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