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La technologie au service de la nutrition des générations futures

Par Olivia Malterre, senior project analyst chez Fabernovel

D’ici à 2030, nous devrions gagner plus d’un milliard d’habitants, pour atteindre neuf milliards de personnes. Avec une croissance démographique explosive, une question demeure critique: comment allons-nous nourrir les générations futures, tout en préservant notre planète?

Cinq tendances fortes émergent à toute vitesse dans le secteur de la Foodtech, notamment grâce à l’appui qu’elles prennent sur des évolutions technologiques majeures: le perfectionnement du machine learning, la montée en puissance du e-commerce, la vulgarisation des analyses génétiques, et bien d’autres. Ce que nous entendons par Foodtech, c’est l’écosystème que représentent les startups du secteur agro-alimentaire qui innovent sur toute la chaîne de valeur de leur industrie: innovation-produit, marketing, business model et distribution.

Tour d’horizon de ces grandes tendances que l’on observe dans la Silicon Valley.

1) Avec une demande croissante de nourriture «bio» et la généralisation de la vente e-commerce, les aliments bons pour la planète et pour la santé sont offerts à des prix plus abordables.

En 2019, d’après MarketWatch, 88% des foyers américains déclarent avoir acheté des produits d’alimentation biologique. La massification de ce marché a commencé par les aliments biologiques les moins régulés, tels que les fruits et légumes, alors que d’autres produits comme le lait et les oeufs demeurent onéreux. Par ailleurs, des sites e-commerce comme Brandless sont montés au créneau, avec l’offre de produits alimentaires «naturels» et respectueux de l’environnement à trois dollars pièce.

2) Le mode d’alimentation est progressivement vu comme un moyen d’optimiser sa performance mentale et physique individuelle.

La tendance du « bodyhacking », qui consiste en la mise en oeuvre d’un dispositif de techniques pour améliorer la performance de son corps peut prendre différentes formes, comme la suppression des nutriments riches en carbohydrates (comme les pâtes, le pain, etc.) par de grosses quantités de protéines animales, le changement des heures de repas, ou encore, la consommation d’un « shot » de chou frisé avant les repas. Cette évolution se reflète très bien dans le succès émergent de Tespo, la « machine Nespresso » de création de vitamines personnalisés à partir de vos analyses génétiques personnelles.

3) Grâce à des années de recherche-développement, les protéines alternatives et les aliments végétaliens font désormais partie intégrante du quotidien.

Nous savons aujourd’hui que la consommation de viande est extrêmement inefficace, la première raison étant que le bétail consomme plus de 50% des récoltes mondiales. Du fait d’une croissance démographique en flèche, les alternatives à la viande se multiplient et représentent un énorme potentiel pour détrôner le marché de la viande de 1 000 milliards de dollars. Une des meilleures protéines alternatives serait les insectes selon les universitaires de l’University of British Columbia dans leur ouvrage Proteins in Food Processing. Extrêmement riches en protéines, en vitamines et en minéraux, leur élevage respecte davantage l’environnement en consommant moins d’eau et rejetant moins de gaz à effet de serre.

4) La guerre contre le sucre se répand avec la mise sur le marché de substituts faibles en calories.

D’après CBInsights, aujourd’hui 47% des consommateurs américains disent vouloir réduire leur consommation de sucre. Or, des entreprises parviennent à innover dans leur manière de « sucrer » des produits, grâce à des substituts inventés de toutes pièces: par exemple, après quatre années de recherche-développement, la startup Koochikoo a mis au point des sucettes saines à base de fibre de tapioca qui ne contiennent que 10 calories.

5) Enfin, la réutilisation de produits jetés et jetables permet de manufacturer des aliments plus respectueux de l’environnement.

En France chaque année, plus 10 millions de tonnes, soit 16 milliards d’euros d’aliments consommables seraient gaspillés, du producteur au consommateur final. Pour lutter contre le gaspillage, des entreprises prennent le contre-pied et produisent des aliments à partir d’ingrédients qui auraient été jetés à la poubelle. Par exemple, ReGrained utilise des grains normalement jetés dans le processus de fabrication de bière pour s’en servir de base de barres céréales.

Une chose est certaine, avec une explosion démographique essentiellement portée par l’Asie et l’Afrique, les innovations Foodtech que nous observons depuis la Silicon Valley ne sont pas uniques mais sont représentatives des initiatives innovantes du secteur agro-alimentaire à l’échelle internationale.

La contributrice:

En tant qu’experte de la Silicon Valley, Olivia a pour mission d’aider les grands groupes dans leur transformation numérique, grâce à de la veille technologique, des programmes de formation immersive et des partenariats avec des acteurs innovants. Olivia travaille notamment avec des entreprises Fortune 500 dans les secteurs du retail & luxe, du transport et de l’assurance.

Avant de rejoindre Fabernovel, Olivia a travaillé chez Air France en marketing/communication et dans la startup Costockage en tant que Chef de projet. Olivia est diplômée de HEC Paris, où elle a obtenu son Master en partenariat avec Télécom Paris et École 42.

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