ENTREPRENDREWE LOVE ENTREPRENEURS

Le conformisme a changé de veste : il s’habille en startup

Penser différemment dans un monde qui se croit déjà différent

L’écosystème startup aime se présenter comme un monde à part. Une avant-garde. Un espace de liberté où l’on casse les règles, où l’on invente le futur. Un monde de « first principles », de rupture, de pensée indépendante. Mais en grattant un peu la surface, on découvre une vérité plus embarrassante : tout le monde y pense à peu près la même chose.

Les fondateurs s’informent dans les mêmes canaux, partagent les mêmes références, répètent les mêmes slogans. Résultat : un conformisme bien intégré, masqué derrière des t-shirts noirs et des promesses de disruption.

L’anticonformisme par mimétisme

Le mimétisme ne commence pas par paresse. Il commence par envie de bien faire. On lit les bons auteurs, on suit les investisseurs influents sur X, on consomme les meilleurs podcasts. Et, sans s’en rendre compte, on commence à penser comme tout le monde. Même langage. Même grille d’analyse. Même croyance que “tout ce qui n’est pas un LLM est un wrapper”. Même certitude que “le marché est saturé”, que “les modèles fondamentaux vont tout rafler”, ou que “les startups sont mortes”.

Ces idées sont confortables. Elles sont claires, structurées, validées par des figures d’autorité. Mais elles sont surtout trop faciles à adopter pour être réellement originales.

Des fondateurs qui lisent plus qu’ils n’agissent

C’est un paradoxe de notre époque : jamais les jeunes fondateurs n’ont eu autant d’accès à du contenu de qualité, et pourtant, la créativité semble plafonner.

Trop de lecture. Trop de benchmarks. Trop de contenu pour “penser juste”. Pas assez de vide pour penser seul.

Le fondateur d’aujourd’hui est souvent un produit du consensus. Il ne manque pas d’intelligence, il manque de silence.

Même les critiques sont devenues banales

Aujourd’hui, dire que la hype de l’IA est exagérée n’est plus une prise de position. C’est un réflexe.
Dire que les applications ne valent rien face aux fondations models est une opinion partagée par tous… dans un environnement qui prétend se nourrir de divergence.

Résultat : des dizaines de startups tentent exactement les mêmes choses, avec les mêmes outils, sur les mêmes verticales. Toutes convaincues d’innover. Toutes alignées sur les mêmes hypothèses. Et toutes aveugles au fait que le vrai danger n’est pas de rater une tendance, mais de construire ce que tout le monde construit déjà.

L’entre-soi comme obstacle à la pensée

Il ne suffit pas d’être dans une communauté d’entrepreneurs pour être libre.
Au contraire : les sous-cultures qui se pensent subversives deviennent souvent leurs propres prisons mentales. On évite de proposer une idée trop étrange. On ne challenge pas ce que des profils reconnus valident. On adopte les réflexes dominants. Ce n’est pas de la peur. C’est de l’ajustement inconscient.
On se conforme à un environnement qui, justement, vend l’idée qu’il n’y a pas de normes.

Le vrai risque : désapprendre à penser seul

C’est là que le danger devient profond. Quand on pense en fonction de ce qui va “matcher avec le marché”, “séduire les investisseurs”, ou “capter un signal de croissance”, on cesse de penser à partir de la réalité. On commence à penser à partir de la validation attendue.

Le risque est subtil : on peut avoir une idée brillante, et ne pas la creuser, simplement parce qu’on ne la voit nulle part ailleurs. Alors qu’en réalité, c’est précisément là que se cache la valeur : dans l’espace non couvert. Dans l’angle mort. Dans ce que personne ne regarde encore.

Créer sans public, penser sans écho

La pensée indépendante, aujourd’hui, commence là : quand on accepte de ne pas être compris.
Quand on arrête d’optimiser pour la visibilité ou le consensus. Quand on accepte que sa startup ne ressemble à aucune autre. Quand on construit quelque chose qui n’a peut-être pas encore de marché… mais qui résout un vrai problème.

Créer sans hype, sans deck parfait, sans validation sociale. Juste une idée, un produit, un utilisateur.
C’est rude. C’est solitaire. Et c’est exactement ce que les grandes boîtes ont fait à leurs débuts.

La stratégie la plus audacieuse : ignorer la mode

Le courage, aujourd’hui, n’est plus de s’opposer aux anciens. C’est de s’extraire du bruit ambiant, même s’il est jeune, tech, bienveillant et progressiste.

Ce n’est pas refuser l’innovation. C’est refuser d’absorber des convictions prémâchées.
Ce n’est pas nier les tendances. C’est choisir de ne pas les suivre aveuglément.
Ce n’est pas être en retard. C’est viser juste, même seul.

Penser autrement n’est pas une posture, c’est un acte

Le vrai anticonformisme ne s’affiche pas. Il se pratique.
Il ne se proclame pas. Il se mesure à ce que vous construisez quand personne ne regarde encore.
Il commence le jour où vous arrêtez de vous demander ce que pensent les autres.
Et il continue tant que ce que vous faites résout un problème réel, sans validation extérieure.

Penser seul est redevenu un avantage stratégique

Suivez nous:
Bouton retour en haut de la page