Le digital en 2018?
Par Bertrand Duperrin, expert FrenchWeb
Chaque début ou fin d’année est le moment des prédictions en tout genre sur nos sujets de prédilection.
Bon, soyons un peu honnêtes. Les prédictions ne concernent que rarement (sauf coup de chance) ce qui va se passer dans l’année à venir. C’est davantage une liste de choses qu’on aimerait voir se réaliser parce que si on regarde l’état et la maturité du marché à un moment donné on a tellement envie de se pendre ou changer de métier qu’on s’octroie quelques minutes de rêve le temps d’un billet. Un cri du cœur plus qu’une analyse.
La prédiction de début d’année est donc à l’«expert» ce que le bêtisier est aux chaines de télé: une manière agréable et peu chronophage de meubler le temps en espérant que peut-être certains rêves deviendront réalité.
Alors plus des prédictions voici une liste de sujets sur lesquels j’aimerais voir un prise de conscience plus globale des entreprises en 2018. Oui, j’entends déjà ceux qui vont me dire «mais untel ou untel ils avancent bien»….ici il n’est pas question du top 10 des entreprises qui ont une vision et une capacité d’exécution (quoique des fois la communication est largement supérieure à la réalité) mais de la grande masse d’entre elles, PME et ETI comprises qui pour la plupart me semblent encore avancer avec hésitation et ne pas faire d’arbitrages clairs:
- Il n’est plus question de réchauffer les plats: aujourd’hui on dit digital mais on a des sujets récurrents qui reviennent depuis 10 ans avec un nom nouveau. A un moment il va bien falloir faire le nécessaire.
- Le digital est un sujet métier. Le digital est partout donc il n’est plus nulle part. C’est un sujet métier qui implique des approches organisationnelles et managériales. C’est une des explications du point précédent.
- Arrêtez la fuite en avant. C’est bien de toujours courir après le next big thing mais on reste dans la techno, chez les geek, et on ne transforme pas grand chose car on papillonne.
- Oubliez le big data. C’est un terme fourre-tout qui ne veut plus rien dire. Ayez plutôt une approche appliquée (connaissance client etc.) d’autant plus que pour beaucoup commencer par le small data serait déjà bien.
- Les clients, eux, devraient s’acheter une conduite. A force d’agressivité, de critique et souvent de mauvaise foi ou de méconnaissance d’un sujet le climat des relations en ligne se tend et la «brand safety» des marques est en danger. Jusqu’au jour où elles se retireront des conversations en ligne?
- Ne soyez ni frustrés ni destructeurs. A force de clamer qu’on va rendre des métiers et des gens inutiles, de vouloir la mort des «1.0» sans se demander si on va les remplacer par quelque chose de mieux, pas de surprise si on génère des comportements de défiance.
- Oubliez les millennials. Ils ne sont pas si différents des autres, ne se reconnaissent pas dans le portrait qu’on dresse d’eux et en ont marre de servir d’alibi à des programmes ou des offres bancales.
- Occupez-vous de votre ennemi à l’IT. Votre vrai ennemi n’est pas votre DSI qui vous met les bâtons dans les roues mais la sécurité de vos informations que vous balancez d’outils en outils, d’API en API selon des flux que plus personne ne sait cartographier car les métiers ont fait leurs chantiers sous le radar.
- Détruisez vos directions digitales et votre CDO. En 2017, soient elles ont réussi soient elles ne servaient à rien. D’ailleurs, je le disais plus haut, c’est un sujet métier.
- Arrêtez d’abêtir le client. Si votre définition du digital c’est machine à faire des contenus afin de transformer le client en consommateur passif de brand content pour mieux lui laver le cerveau, vous n’aurez que les clients que vous méritez.
- Arrêtez de faire du digital un sujet client. C’est un sujet interne qui se projette vers le client.
- Soyez agile partout. C’est bien d’être à la mode et de faire ses projets en agile mais si le terrain avance à la vitesse de la journée et que le management continue à être réactif au mois il va y avoir un problème.
- Consumérisez votre organisation. Il n’y a aucune raison que les codes, pratiques, approches utilisés pour faciliter l’expérience client ne trouvent pas leur place interne pour faciliter l’expérience employé et par là l’excellence opérationnelle.
Voilà, je vous ai épargné un article long explicitant chacun de ses points car… je les traiterai un par un dans les semaines à venir dans une série de posts dédiés.
Bonne année 2018 !
L’expert:
Bertrand Duperrin est Digital Transformation Practice Leader chez Emakina. Il a été précédemment directeur conseil chez Nextmodernity, un cabinet dans le domaine de la transformation des entreprises et du management au travers du social business et de l’utilisation des technologies sociales.
Il traite régulièrement de l’actualité social media sur son blog.
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