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Le naufrage d’iRobot après l’échec de son rachat par Amazon

L’histoire d’iRobot aurait du suivre un tout autre scénario. Avec une offre d’achat pour 1,7 milliard de dollars par Amazon, le pionnier des aspirateurs robotisés devait intégrer l’écosystème du géant du e-commerce, bénéficiant de synergies technologiques et commerciales. Mais le véto des régulateurs européens a scellé un tout autre destin. Privée du rachat censé la sauver, iRobot fait aujourd’hui face à une crise majeure, dans laquelle sa survie est engagée.

L’entreprise, en difficulté depuis plusieurs années, a vu sa valorisation boursière s’effondrer sous les 200 millions de dollars à l’annonce de l’échec de l’acquisition. Ses pertes s’accumulent, sa dette devient trop lourde et son avenir s’écrit en pointillés mais se dessine un cas d’école d’acquisition qui n’abouti pas.

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L’illusion d’un sauvetage par Amazon

Lorsqu’Amazon annonce son intention d’acquérir iRobot en août 2022, la nouvelle est accueillie comme un signal très positif. L’entreprise, en perte de vitesse face à une concurrence accrue notamment le chinois Xiaomi, voit dans ce rapprochement une belle porte de sortie. Mais les obstacles réglementaires vont rapidement freiner ses ambitions.

Bruxelles soupçonne Amazon de vouloir renforcer son hégémonie sur le marché des objets connectés et du retail, et craint une mise à l’écart des concurrents de Roomba sur sa marketplace. Le géant du e-commerce, sous pression des autorités antitrust des deux côtés de l’Atlantique, renonce finalement à l’opération début 2024.

La sanction boursière est immédiate : l’action iRobot chute de 26 % en pré-marché, confirmant la défiance des investisseurs. En l’espace de quelques heures, l’entreprise passe de cible convoitée à acteur en détresse.

Un modèle fragilisé, une dette toxique

Si l’échec du rachat a accéléré la crise, iRobot affichait déjà des signes inquiétants de déclin. La marque, pionnière des robots aspirateurs avec sa gamme Roomba, a progressivement perdu du terrain face à des acteurs chinois plus compétitifs comme Ecovacs et Roborock, qui proposent des alternatives moins coûteuses et technologiquement avancées.

Le dernier trimestre 2023 est un désastre :

  • Recul de 44 % du chiffre d’affaires, une chute brutale attribuée à un effondrement de la demande et à des dépenses promotionnelles mal calibrées.
  • Perte nette de 77,1 millions de dollars, creusant un déficit structurel.
  • Trésorerie en tension, avec seulement 134 millions de dollars en cash disponible, en baisse par rapport à l’année précédente.

Dans ce contexte très dégradé, l’entreprise se retrouve prisonnière d’une dette à coût prohibitif. En 2023, pour financer son exploitation dans l’attente de l’issue du rachat, iRobot contracte un prêt de 200 millions de dollars auprès de Carlyle Group. Mais à 9 points au-dessus du SOFR, soit un taux dépassant 14 %, l’opération se révèle être un piège financier dont il sera difficile de se défaire. Pour aménager cette dette, l’entreprise doit payer 3,6 millions de dollars de frais supplémentaires, en puisant encore dans ses maigres ressources.

iRobots abat ses dernières cartes : restructuration ou liquidation

Le conseil d’administration vient d’ouvrir une revue stratégique, explorant toutes les options possibles :

  • Un refinancement de la dette, difficile à obtenir dans un contexte de taux élevés et avec une rentabilité plus qu’incertaine.
  • Une cession totale ou partielle de l’entreprise, avec l’espoir qu’un acquéreur se manifeste pour absorber l’activité.
  • Une restructuration, impliquant potentiellement des suppressions de postes et un recentrage sur des segments plus porteurs.

La leçon à retenir: une acquisition ne doit jamais être un plan de sauvetage

L’histoire d’iRobot met en lumière une erreur stratégique fréquente : miser exclusivement sur une acquisition pour assurer sa survie. Plutôt que de chercher des alternatives ou de renforcer son modèle économique, l’entreprise s’est entièrement alignée sur un scénario qui ne dépendait pas d’elle et sur lequel il allait être difficile de rebondir en cas d’échec.

Les opérations de fusion-acquisition sont de plus en plus scrutées par les régulateurs, et bon nombre sont désormais recalées à l’instar de l’offre d’Adobe pour le rachat de Figma, ou encore la mega fusion Nvidia / ARM recalée par les régulateurs américains, européens et britanniques, et enfin l’acquisition de Plaid par Visa refusé par la FTC qui estimait que le rachat aurait permis à Visa d’éliminer un concurrent émergent sur les paiements numériques et l’open banking.

Une bonne nouvelle qui s’est très rapidement transformé en scénario catastrophe. Quel avenir pour iRobot? suite au prochain épisode.

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