Le patron de la start-up Rifft mis en examen pour avoir détourné 4 millions d’euros via le crowdfunding
C’est une histoire cocasse qui vient d’être révélée dans les Alpes-Maritimes. Lucas Goreta, le PDG de la start-up Rifft, basée à Sophia-Antipolis et spécialisée dans les objets connectés, a été mis en examen pour escroquerie et placé en détention provisoire, rapportent nos confrères de Nice-Matin. L’entrepreneur, originaire de Haute-Savoie, est en effet soupçonné d’avoir lancé des campagnes de financement participatif pour financer des produits innovants… qui n’ont jamais vu le jour.
Après avoir abusé de la générosité de 10 000 souscripteurs, qui ont pour la plupart effectué des pré-achats, cet homme, «qui se présentait parfois comme ingénieur de mesure ou même astrophysicien» selon Nice-Matin, avait réussi à collecter pas moins de 4 millions d’euros. Pour attirer les donateurs, Lucas Goreta avait mis au point ce qui s’apparente à un «club privé», auquel il promettait de reverser des royalties sur les ventes des produits qui devaient être lancés sur le marché.
Il faut dire que l’entrepreneur avait mis l’eau à bouche des victimes de cette escroquerie. Pour rendre son arnaque crédible, Lucas Goreta avait imaginé des produits high-tech voués à révolutionner le quotidien de chacun, avec notamment un bracelet connecté qui se fixe au cadran d’une montre pour la rendre connectée, un robot intelligent à caractère éducatif capable de jouer, partager son savoir et veiller sur les enfants, ou encore une station de recharge par induction.
Un récidiviste et un adepte de la chaîne de Ponzi
Ces produits sont apparus tellement séduisants que la start-up azuréenne a même été sélectionnée pour défendre les couleurs de la French Tech au CES de Las Vegas, la grand-messe de la technologie… et des gadgets. Preuve que le concept semblait crédible, la société a remporté deux CES Innovation Awards. Le procédé utilisé, assimilable à une chaîne de Ponzi, c’est-à-dire une escroquerie financière faisant miroiter aux investisseurs des taux de rendement élevés pour un faible risque, est le même employé par un certain Bernard Madoff, condamné en 2009 à 150 ans de réclusion criminelle pour une des plus grandes escroqueries de l’histoire américaine.
Proche du coup parfait, Lucas Goreta a fini, comme Bernard Madoff, par être rattrapé par la justice la semaine passée. Interpellé puis placé en garde à vue pendant 48 heures, il a été transféré au tribunal d’Annecy pour être mis en examen et envoyé en prison dans la foulée. L’homme n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il avait été condamné en 2007 à 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d’interdiction de gérer une entreprise dans une autre affaire. Son nom est également cité dans des affaires d’escroquerie en Gironde et dans le Calvados. Cette fois, la peine devrait être bien plus lourde…
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Une chaîne de Ponzi est surtout définie par la rémunération des anciens investisseurs non par des rentrées d’argent issue d’une activité réelle, mais d’argent frais en provenance de nouveaux investisseurs, ce qui nécessite d’en trouver toujours davantage pour permettre au système de durer. Dès que les nouveaux investisseurs ne sont plus au rendez-vous la machine s’effondre et l’arnaque est révélée.