L’Échappée volée: le campus des optimistes
S'il fallait donner une recette pour libérer la créativité, celle-ci a été testée, grandeur nature, lors de l’évenement «L’Echappée volée» qui a eu lieu mi-mai, en pleine forêt, à Chantilly. Cette version campagne des conférences TedX, organisée par Michel Lévy-Provençal et l’agence Brightness, sur le même modèle que le célèbre format américain, a interrogé la question du bonheur à l'heure notamment de l'intelligence artificielle, de la réalité virtuelle, du transhumanisme, ou de la quête de sens au travail. Sur scène, une cinquantaine d'intervenants questionnant, chacun dans leur discipline, l'épanouissement individuel et collectif, le temps d'un week end.
C'est ainsi que l'on apprend qu' à la différence des nouvelles technologies, «le bonheur n'est pas exponentiel», a d'abord reconnu Mickaël Mangot, un économiste du bonheur dans l'équipe de speakers entrainée comme pour un meeting politique. L'une des clés selon lui réside dans la capacité à «se reprogrammer». Et pour changer les codes, les concepteurs de l'Echappée sont prêts à les casser. Face à un public de convertis, s'enchaînent les pitchs de l'agriculteur Fabrice Hégron, réinventant le cirucuit de distribution, d'Eric Rousseau, le start-uper de la VR avec Mimesys, de l'américaine Liz Parish disciple du transhumanisme, ou encore de la seule rabbin de France Delphine Horvilleur. Dans ce mélange des genres, un point commun: une foi inébranlable dans le progrès.
La blockchain a eu le malheur d'arriver après le mot-valise de l'ubérisation. Or, elle n'est, à ce stade, pas capable de bouleverser les modèles économiques. Elle est seulement protocolaire, et étant au début de ce protocole, à l'image de l'Internet dans les années 90, il est normal de ne voir encore aucune innovation majeure aujourd'hui», répond sur scène Claire Balva, CEO de Blockchain Partner.
Être heureux dans son activité, c'est aussi ne plus avoir peur. «La peur de la fin du travail est aussi vieille que le travail lui-même», observe Nicolas Bouzou, l'économiste optimiste. Et de prédire :
D'ici 2025-2035, l'homme sera un facteur de production complémentaire, accompagnant l'IA et la robotique. Il lui restera à se concentrer sur sa liberté métaphysique. Nous nous spécialiserons là où nous sommes les meilleurs.»
D'autres, comme Jean-Charles Samuelian, le CEO d'Alan, sont venus livrer leur méthode de bien-être dans l'entreprise. Chez cette start-up qui veut réinventer l'assurance, les réunions «asynchrones et par écrit», font partie des recettes pour éviter la réunionite «où l'on est obligé d'interdire les smartphones». Chaque employé participe, à son rythme, aux débats d'idées, en inscrivant ses recommandations visibles par tous. Alan raconte aussi que, pour prendre des décisions stratégiques, il a remis au goût du jour «les longues marches en duo des grands philosophes de l'antiquité». «Nous parlons en marchant à deux dans Paris, dans le Xe arrondissement», raconte Jean-Charles Samuelian.
De la marche, les participants de l'Echappée volée ont pu en faire, autour du domaine Les Fontaines, de son château, son parc et d'un étang, le tout rachetés par Capgemini. Ceux qui étaient venus écouter ces paraboles d'optimisme venaient principalement des grands groupes (Thalès, Sanofi, EDF, L'Oréal, tous partenaires) mais aussi du monde de la communication (Anne Méaux, Image 7), ou des anciens speakers, tel l'humoriste Chris Esquerre.
Etre heureux dans la Tech, c'est aussi créer et utiliser les nouveaux outils pour redonner. Mangrove, DataForGood, l'application Entourage pour les SDF, sont venus représenter cette «économie du don», tandis que la conférence allait, en crescendo vers les émotions et plus d'humain. A l'Échappée volée, qui teste sa méthode depuis 2013, rien n'est laissé au hasard, y compris le déroulement des deux jours et deux nuits. Introduite sur le rythme électro et expérimental de la chanteuse Charlotte Adigery, la conférence s'est achevée sur un ghospel électrisant avec lequel les participants ont pu laissé s'exprimer leur optimisme, aux sons des «Alleluia».
Certains sont d'autant plus galvanisés par les récents changements politiques en France. «Je pense que l'élection d'Emmanuel Macron marque un basculement clé de la culture politique dans ce pays. On voit apparaître de plus en plus de start-up et des transformations sociales et positives. On est au tout début de cette révolution, je suis optimiste», assure Michel Lévy-Provençal.
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