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Les acteurs de l’investissement tirent le signal d’alarme sur la fuite des startups aux Etats Unis

Les représentants et lobbies des startups et fonds d’investissement sonnent l’alarme sur la fuite des entreprises technologiques vers les marchés américains et appellent l’Europe et les différents gouvernements à des actions ciblées pour renforcer l’écosystème des IPOs en Europe.

Des entreprises comme BioNTech, Spotify et Criteo, fondées en Europe, sont devenues des exemples emblématiques de réussite technologique. Pourtant, au moment d’entrer en bourse, ces entreprises ont choisi de se coter aux États-Unis. Face à cette fuite des fleurons de la tech européenne, Startup Verband, European Startup Network et France Digitale, trois associations majeures représentant l’écosystème des startups et scale-ups en Europe, ont adressé une lettre ouverte aux décideurs politiques. Leur message : si l’Europe veut éviter de perdre ses futurs champions économiques, elle doit rapidement adapter son marché des capitaux.

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Pourquoi l’Europe est-elle moins compétitive ?

Malgré une chaine de financement qui s’est renforcé significativement ces dix dernières années, les entreprises européennes en phase de croissance se trouvent souvent dans l’incapacité de lever des fonds suffisants sur le continent, les poussant à chercher des capitaux aux États-Unis.

  • Une profondeur du marché sans commune mesure: Aux États-Unis, la capitalisation boursière atteint 50 % du total mondial, contre seulement 11 % pour l’Europe. Cela se traduit par une meilleure liquidité des actions, des valorisations plus élevées et un réseau plus étendu d’investisseurs prêts à soutenir des entreprises technologiques. En 2021, les États-Unis ont enregistré plus d’IPO technologiques que l’Europe n’en a compté entre 2015 et 2023.
  • Un financement inégal selon les stades de développement: L’Europe abonde de financements au stade de la création (seed) et des premiers tours de financement (series A), mais elle souffre d’un manque critique de capital disponible pour les entreprises arrivant au stade de l’IPO. Selon une étude récente, 1 startup européenne sur 4 qui lève plus de 100 millions d’euros finit par se relocaliser hors du continent pour poursuivre sa croissance.

L’impact des « IPO perdues » 

Entre 2015 et 2023, 50 entreprises européennes ont choisi de s’introduire en bourse aux États-Unis. Ces « IPO perdues » ont généré un manque à gagner de 439 milliards de dollars pour l’Europe en termes de capitalisation boursière. Cela ne concerne pas seulement les revenus des investisseurs ou la performance du marché boursier : cela se traduit aussi par des emplois qui ne sont pas créés en Europe, des talents qui migrent avec ces entreprises et des revenus fiscaux manquants pour les gouvernements européens.

Cependant, tous les secteurs ne sont pas affectés de manière égale. Les entreprises dans les secteurs du digital, de la biotechnologie et des technologies vertes sont particulièrement attirées par les bourses américaines, où les investisseurs sont plus familiarisés avec ces industries et sont souvent prêts à accepter des niveaux de risque plus élevés.

Les solutions proposées : Nuances et granularité

Nos représentants de l’écosystème proposent quatre axes prioritaires:

  1. Renforcer le financement pour les scale-ups : Il ne s’agit pas simplement d’ajouter plus de fonds, mais de construire un écosystème européen du capital-risque mieux intégré. Des initiatives comme le Wachstumsfonds allemand et l’initiative Tibi en France montrent qu’il est possible de mobiliser des fonds publics et privés à grande échelle. Toutefois, le manque de coordination à l’échelle européenne reste un frein. Les fonds de croissance européens doivent être renforcés et mieux reliés aux marchés de capitaux pour faciliter l’IPO en Europe, plutôt que d’inciter les entreprises à aller chercher des fonds ailleurs.
  2. Créer des incitations fiscales et mobiliser l’épargne européenne : Chaque année, environ 300 milliards d’euros d’épargne européenne sont investis dans des actions américaines. La création de fonds paneuropéens dédiés à l’investissement dans les entreprises technologiques en phase de croissance pourrait aider à rediriger une partie de ces fonds vers l’économie locale. Une meilleure harmonisation fiscale entre les États membres de l’UE pourrait également favoriser les investissements transfrontaliers, qui sont aujourd’hui freinés par des régimes fiscaux complexes et disparates.
  3. Simplifier les régimes fiscaux pour les transactions transfrontalières : Aujourd’hui, acheter une action européenne peut coûter plus cher à un investisseur européen que d’acheter une action américaine en raison de la complexité des régimes de taxes à la source. Une solution consisterait à harmoniser ces régimes et à simplifier les procédures de récupération des taxes, un obstacle majeur pour les investisseurs transfrontaliers.
  4. Renforcer la littératie financière en Europe : Le manque de culture financière chez les particuliers européens est un frein aux investissements dans des actions plus risquées comme celles des scale-ups technologiques. Aujourd’hui, 72 % des citoyens européens ne possèdent aucun produit d’investissement en actions, contre environ 50 % aux États-Unis. Les signataires plaident pour des campagnes d’éducation financière qui soulignent les opportunités offertes par l’investissement dans les entreprises innovantes, ainsi que pour des incitations fiscales qui privilégient les investissements à long terme plutôt que les dépôts à court terme.

 

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