Sans bruit, les huit hélices du drone Hermes V8MT se mettent à tourner et le gros engin jaune monte verticalement, trouve sa direction et disparaît en quelques instants dans le ciel. Aujourd’hui, il s’agit d’un vol d’essai réussi de 8,5 kms, dans la région de Katowice en Silésie, à proximité de l’entreprise polonaise Spartaqs qui l’a créé. Bientôt, le même drone volera au-dessus de Varsovie, entre une banque de sang et l’Institut de Cardiologie. Il suivra une « dronoroute », un parcours balisé par des radiophares et passant, par précaution, surtout au-dessus de cours d’eau.
Quand les autorisations nécessaires arriveront, Hermes pourrait bientôt sauver des vies: sa version médicale doit servir à des transports d’urgence: d’abord de sang et de médicaments, ensuite, lorsqu’une capsule sophistiquée sera placée dans son espace cargo, même d’un coeur destiné à une transplantation. Ignorant les embouteillages, volant à plus de 80 km/h, il sera plus sûr et rapide qu’une ambulance.
Le même drone, dans sa version destinée à l’armée Hermes V8MD, pourrait aussi sauver des vies d’une autre manière: « muni d’un géoradar, il peut survoler un champ de mines et découvrir même celles qui sont faites en plastique ou en verre. Les soldats peuvent ensuite soit éviter les mines, soit les désamorcer», explique le fondateur et principal constructeur de Spartaqs, Slawomir Huczala.
Les atouts de la Pologne
Hermes est le projet le plus avancé, mais lorsque M. Huczala fait visiter ses locaux, on découvre plein d’autres prototypes prometteurs qui semblent sortis tout droit de livres de science fiction. Il les appelle « dronoïdes », car il s’agit en fait de robots volants munis d’ordinateurs de bord qui les rendent autonomes. Ils sont faits d’une matière ultralégère et ultrarésistante mise au point par Spartaqs, un mélange de kevlar et de fibres de carbone.
Les technologies de drones et leurs applications se multiplient à travers le monde. Amazon et DHL développent leurs transports de colis, et UberEats la livraison de repas. En Afrique, l’entreprise américaine Zipline a créé un réseau de drones transportant des médicaments au Ghana et compte l’élargir à d’autres pays. Le drone taxi chinois eHang 216 a obtenu un certificat de sécurité et pourrait entrer en service en décembre dans la ville de Guangzhou. Et les projets militaires, souvent secrets, se comptent par centaines. « Dans cette compétition la Pologne dispose de quelques atouts», explique à l’AFP Dariusz Werschner, président de la Chambre polonaise de véhicules aériens sans pilote.
Avant tout, des lois modernes concernant des vols au-delà du champ visuel (bvlos, beyond visual line of sight), ce qui autorise des vols sur de longues distances, et aussi l’attitude positive du public. Les drones de reconnaissance, destinés à l’armée ou aux gardes-frontières, occupent beaucoup de place dans les projets de Spartaqs. Ainsi qu’un drone anti-drone, muni d’un petit canon laser, capable de détruire la batterie d’un drone ennemi. Un autre modèle, Helidrone, qui ressemble à un mini-hélicoptère ultraléger, transporte deux radeaux de secours qu’il peut lancer avec précision à des naufragés en mer.
Un ARL (Aerostatic Rocket Launcher) combine un ballon en forme de plusieurs anneaux superposés et une fusée suspendue au centre. Le ballon monte à 20 km d’altitude, la fusée démarre et peut monter jusqu’à 90 km de la surface de la terre, dit Huczala. Assez haut pour placer en orbite un nanosatellite. Le ballon atterrit et peut être réutilisé.
Drone invisible
Mais la grande vedette de Spartaqs est le drone invisible. Baptisé Prometeus, sa coque est faite de matière dispersive bourrée d’électronique. Des capteurs identifient la luminosité et la couleur du fond sur lequel il évolue et permettent de les imiter: l’engin, tel un caméléon, se fond dans la nature. Une autre technologie développée par cette entreprise offre des drones capables de voler dans les galeries souterraines des mines pour déceler d’éventuelles menaces, telles des émissions de gaz.
Spartaqs est surtout une société de recherche de nouvelles technologies, même si elle a d’ores et déjà vendu une douzaine de ses engins -en Pologne et en Géorgie (prix moyen: 50 000 euros). Mais ses dirigeants ont compris que les acheteurs tels que les Saoudiens ou les Américains, fort intéressés par quelques modèles, demandent à voir « l’usine où ils sont produits». Aussi sont-ils partis à la recherche d’investisseurs, y compris étrangers, qui voudraient bien participer à la création d’une chaîne de production en série.
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