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Les freins à la création d’entreprise, les idées reçues et la réalité hexagonale

Le French bashing est toujours à la mode. La France est encore parfois dépeinte, dans certains milieux, comme un pays archaïque, bloqué et par principe hostile à l’entreprenariat. Cette vision des choses est bien entendu excessive et donc largement insignifiante. Plus de 500.000 entreprises sont créées chaque année en France et des champions français naissent et s’imposent régulièrement dans tous les secteurs. Pour autant, nier l’existence de difficultés en la matière relèverait du déni. Il y a aujourd’hui en France un certain nombre de freins réels à la création d’entreprise.

Perception(s) de l’entreprise et des entrepreneurs

Le rapport des français à l’entreprise se caractérise encore par une profonde ambivalence. Considérée majoritairement comme un moteur de l’activité et de l’emploi et comme un facteur clé de dynamisme pour le pays, elle demeure toutefois souvent associée à des facteurs négatifs et dévalorisants : défiance vis-à-vis de la recherche de profits, vision antagoniste du chef d’entreprise, scepticisme quant au rôle social de l’entreprise, etc.  Cela se combine évidemment avec un environnement économique et social très dégradé et un pessimisme généralisé au sein de la population.

Par ailleurs, sur le plan individuel, créer une entreprise est souvent ressenti comme une rupture radicale avec son statut antérieur, a fortiori lorsqu’il s’agit du salariat. Cela se traduit par une multitude d’appréhensions : perte de revenu, absence de protection sociale, responsabilité accrue, crainte de ne pas être en mesure de gérer la dimension juridique, administrative et fiscale du projet, etc.

Un déficit structurel d’accès à l’information

Les différentes études disponibles convergent sur le manque de balisage en amont et en aval de la création. Les français manquent de repères  opérationnels ce qui exacerbe la logique de rupture au moment du lancement. Une information, voire une formation, à la gestion d’entreprise, en particulier sur la fiscalité et les régimes sociaux fait également chroniquement défaut.

La nécessité d’une offre véritablement pédagogique se fait ressentir à tous les stades du processus de création : choix de la structure et du nom de l’entreprise, désignation des premiers dirigeants, détermination du siège social, réglementation de l’activité sous-jacente, options comptables et fiscales, etc. constituent autant de sujets qui se révèlent problématiques en pratique. En fonction des sujets, entre 20 et 40% des entrepreneurs s’estiment démunis.

Enfin, un fort besoin de réassurance se fait sentir, notamment de la part des jeunes créateurs, avec notamment une demande d’information sur les entreprises récemment créées : secteurs porteurs, pourcentage d’entreprises qui survivent au-delà de la première année, retour d’expérience d’entrepreneurs, etc.

Complexité, délais administratifs et financement

Malgré les efforts entrepris pas les pouvoirs publics en matière de simplification administrative, la création d’entreprise est encore largement considérée comme une procédure longue et fastidieuse. A cet égard, on constate que, lors des démarches initiales, près de 40% des entrepreneurs abandonnent ou diffèrent l’accomplissement des formalités.

En dépit de l’existence de nombreux dispositif publics et privé, la problématique du financement demeure centrale et largement non-résolue tant au stade du démarrage que plus tard lors du développement de l’entreprise. Cela ayant été rappelé, deux freins à la création sont également fréquemment invoqués : l’absence d’interlocuteur unique et la lenteur du traitement.  A ce sujet, la dématérialisation des procédures et la multiplication de l’offre de services en ligne permettent d’apporter des réponses. Qu’il s’agisse d’un chauffeur VTC ou du fondateur d’une start-up, la possibilité de créer une entreprise à distance, à tout moment et sans avoir à se gérer les formalités administrative, constitue un facteur incitatif fort.

En définitive, la France n’est pas si mal équipée que certains peuvent le penser. Nous formons des talents dans tous les domaines et disposons d’infrastructures parmi les meilleures au monde et de nombreux dispositifs d’aide à la création. Aujourd’hui, l’essor de l’offre de services en ligne lève un frein supplémentaire à la création d’entreprise et permet à ceux qui ne disposent pas forcément de l’information et des ressources nécessaires de se lancer avec plus de facilité et de sécurité.

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Pierre Aïdan est le cofondateur de Legalstart et d'Avostart.

 

 

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