Les levées de fonds des start-up françaises de la banque et de l’assurance ont fortement baissé en 2023, victimes de la raréfaction du financement engendrée par la hausse des taux d’intérêt, mais la fintech a su s’adapter, selon deux études publiées mercredi et jeudi.
L’Observatoire de la Fintech – qui travaille avec KPMG, eToro et Mastercard – a recensé 136 opérations depuis le début de l’année, avec 1,1 milliard d’euros levé, un montant en baisse de 57% par rapport à 2022.
Les levées de fonds moyenne ont été moins importantes cette année, une seule atteignant 100 millions d’euros (contre sept en 2022): Ledger, spécialiste dans la sécurisation des cryptoactifs.
L’association professionnelle France FinTech a avancé un autre montant, avec 114 opérations et 939 millions d’euros levés jusqu’au 13 décembre, un chiffre en baisse de 70% sur un an.
« La fintech subit comme les autres secteurs de la tech la raréfaction du financement dans un contexte de hausse des taux d’intérêt », mais « l’année s’inscrit dans une forme de continuité de l’écosystème » car 2021 et 2022 avaient été « atypiques par leur surabondance de liquidités », estime Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire de la Fintech.
La contraction des montants levés en France, « reflet d’un attentisme général des investisseurs », est comparable aux niveaux européen (-68%) et mondial (-61%), selon France FinTech.
La période enregistre une forte réduction de l’implication des grands investisseurs internationaux, au profit des français. Huit opérations sur dix et 45% des fonds concernent des amorçages (levées initiales), mais quand il s’agit de remettre au pot, l’essentiel des levées ont été souscrites par des investisseurs historiques, selon l’association.
« Les fintech ont su prendre toutes les mesures utiles pour poursuivre le développement de leur activité et leur rentabilité. Leur marché se consolide tout en maintenant une bonne dynamique en termes d’innovation et de création de nouveaux usages », a constaté Alain Clot, président de France FinTech.
Une plus forte maîtrise des coûts a permis aux start-up de réduire les besoins en fonds propres supplémentaires. Les fintech ont su élaguer des activités peu rentables et mettre l’accent sur la monétisation plutôt que sur la course aux parts de marché ou à la diversification des modèles.
France FinTech estime également que les start-up, qui se sont davantage endettées, avaient un « matelas de précaution » grâce aux levées de 2022, qui avaient atteint le niveau record de 2,9 milliards d’euros. L’Observatoire de la Fintech a de son côté compté 2,5 milliards de levées de fonds dans le secteur l’an dernier.
Les start-up françaises de la fintech continuent d’ailleurs à recruter, et pèsent en cette fin 2023 quelque 32.000 emplois, 3.000 de plus en un an.
« L’écosystème a dans l’ensemble tenu bon » avec peu de défaillances – à l’exception notable et récente de l’assureur en ligne Luko -, et les fondamentaux sont bons, selon les deux observateurs.
Depuis 2010, l’Observatoire de la Fintech a recensé 9,2 milliards d’euros de levées de fonds dans le secteur par 552 start-up en France. 77 d’entre elles ont cessé leur activité (dont 14 cette année), qui avaient levé 323 millions d’euros.
« L’accélération des cessations est à surveiller en 2024 compte tenu des difficultés », a prévenu M. Ptachek.
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