Les Napoleons : entendu à Arles…
Pour leur dixième sommet, Les Napoleons ont invité leur communauté à réfléchir autour du thème de l’héritage et de la transmission sous le soleil d’Arles, dans le sud de la France. Durant quatre jours, plus de 500 personnes qui sont autant d’acteurs de l’innovation, issus de l’industrie des médias, de la communication, du digital, de la publicité ou encore de la création, ont ainsi échangé sur le sujet. Les discussions ont été alimentées par les différents workshops et keynotes proposés aux participants entre le Théâtre antique, la Fondation Van Gogh et la Cour de l’Archevêché. Présent à Arles, FrenchWeb a retenu quelques phrases fortes prononcées au cours du sommet. Morceaux choisis.
- Anne Hidalgo, maire de Paris
«L’enjeu principal aujourd’hui, c’est l’enjeu climatique.»
«Il y a de la résistance au changement, mais ce n’est pas nouveau. Ceux qu’on entend le plus, c’est ceux qui veulent freiner le changement. Je pense que ce n’est pas la majorité de la population.»
Depuis 2014, Anne Hidalgo a déclaré la guerre aux voitures dans la capitale et n’entend pas changer de cap pour faire de Paris une ville davantage en adéquation avec l’environnement. Plus récemment, elle s’est également engagée à «mettre fin à l’anarchie» dans les rues parisiennes provoquée par les vélos et trottinettes électriques en free-floating. Pas encore officiellement candidate à sa réélection, elle devrait néanmoins tenter de briguer un second mandat en 2020 pour diriger Paris six ans de plus. Un mandat durant lequel auront lieux les Jeux Olympiques de 2024, que le CIO souhaite le plus responsables et écologiques possibles.
- Christiane Taubira, garde des Sceaux et ministre de la Justice de 2012 à 2016
«Il y a deux instruments pour la transmission : l’être et les mots.»
«La politique a besoin du verbe. Or la parole politique, et particulièrement celle du pouvoir, a supprimé un certain nombre de mots. Elle a notamment supprimé les mots hospitalité, solidarité et fraternité. La parole politique est aujourd’hui pauvre et glaciale. Il faut faire ressurgir ces mots proscrits.»
Christiane Taubira a reçu la plus belle ovation du sommet dans le Théâtre antique d’Arles. Véritable icône de la gauche depuis son combat acharné pour défendre la loi sur le mariage pour tous, elle prône l’importance des mots et de la culture pour affronter un monde chaque jour un peu plus divisé.
- Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT
«La 5G est le jouet d’un enfant pourri gâté du digital. C’est inutile. En Afrique, on sauve des vies avec deux SMS en 2G.»
Frédéric Bordage milite en faveur d’un numérique responsable plus respectueux de l’environnement. Souvent perçu comme la solution ultime à nos problèmes environnement, le numérique peut aussi contribuer au réchauffement climatique. Selon un rapport de «The Shift Project», rien que les vidéos en ligne, dopées par le streaming vidéo et les contenus pornographiques, représenteraient près de 1% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
- Nicolas Arpagian, directeur de la stratégie et des affaires publiques chez Orange Cyberdefense
«Avec le numérique, la notion d’enfouissement social n’est plus possible.»
«Il ne faut jamais penser avec les yeux d’une technologie d’aujourd’hui. Ne soyons pas des utilisateurs passifs et béats d’une technologie.»
«Nous sommes opposés au marketing de la peur.»
«Pour cacher un cadavre, mettez-le en page 3 des recherches Google, personne n’ira jusque-là.»
Dans un cyberespace dans lequel les attaques sont de plus en plus nombreuses, Nicolas Arpagian insiste sur l’importance d’une transmission de la culture de la sécurité numérique. A ses yeux, les attaques étant amenées à se multiplier dans les prochaines années, il ne sera pas possible de toutes les contrer, mais l’enjeu sera d’anticiper leur impact pour que leurs conséquences soient minimisées au maximum.
- Guy-Philippe Goldstein, chercheur et consultant spécialisé dans la cybersécurité
«Il y a un sentiment de perméabilité et d’instabilité qui a été instillé en Russie, mais pas seulement.»
«Le militant FN a une stabilité émotionnelle faible, il flippe.»
«L’extrême droite est devenue une clientèle politique que favorise le Kremlin.»
«La valorisation de Facebook a reculé de 11% depuis un an. Il y a eu bien sûr l’effet Cambridge Analytica, mais surtout, tout le monde anticipe une réglementation et c’est normal.»
Guy-Philippe Goldstein s’intéresse aux attaques en ligne qui menacent nos démocraties. A Arles, il est revenu sur les méthodes de certains États comme la Russie pour jouer sur les peurs et les faiblesses des citoyens les plus vulnérables, et ainsi déstabiliser des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
- Richard Stallman, militant du logiciel libre
«Android, iOS, Chrome, Windows… Chacun de ces systèmes espionne ses utilisateurs.»
«Si vous voulez publier des photos, ne les mettez pas sur Facebook, Instagram ou WhatsApp, car ce sont les bras d’un même monstre.»
«Je n’ai pas du tout confiance dans la protection des données.»
«Les États se servent du terrorisme comme prétexte pour mieux vous contrôler.»
Richard Stallman voit le numérique comme un espace de liberté. Alors quand ce programmeur américain voit des firmes comme Google ou Facebook qui s’approprient cet univers pour créer un business particulièrement lucratif, il voit rouge. Fondateur du GNU Project et de la Free Software Foundation, il garde encore l’espoir de bâtir un modèle qui fera office de rempart à l’appétit débordant des GAFA et des BATX. Ces derniers accumulent des données sensibles sur nos vies tout en faisant un usage pas toujours respectueux de la vie privée pour bâtir des empires à la puissance encore plus grande que certains États.
- Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
«Pour la jeunesse, une transmission, collective ou individuelle, se construit dans la rébellion face à une transmission dont elle ne veut pas.»
«Le service civique, c’est 140 000 jeunes concernés cette année, mais on est encore très loin du compte.»
Gabriel Attal est devenu en 2018 le membre le plus jeune d’un gouvernement sous la Vème République. A Arles, il a présenté la vision du gouvernement pour la jeunesse française. Dressant un bilan du service civique créé en 2010, le secrétaire d’État a également défendu le service national universel (SNU) qui vient d’achever sa phase expérimentale.
- Leïla Slimani, écrivaine
«Les écrivains ont le souci de restaurer la dignité des gens.»
«La seule hiérarchie, c’est celle de l’émotion. Le reste ne m’intéresse pas !»
«Je n’ai pas envie d’apprendre toutes les langues, mais j’ai envie d’avoir l’envie de toutes les apprendre.»
«La nostalgie est un luxe d’homme blanc.»
«Quand on écrit, on mesure l’épaisseur de l’ombre.»
Auteure de deux romans, Leïla Slimani a décroché le prix Goncourt 2016 pour son livre «Chanson douce». Représente personnelle d’Emmanuel Macron pour la francophonie, elle ne goûte que très peu à l’usage grandissant des anglicismes dans la langue française. Elle n’a pas manqué de le faire remarquer aux Napoleons… non sans une dose d’humour.
Retrouvez notre reportage sur le dixième sommet des Napoleons à Arles à la rentrée.
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Un complément d’information intéressant concernant l’un des intervenants
https://www.capital.fr/economie-politique/anne-hidalgo-est-venue-en-falcon-sur-le-tour-de-france-pour-faire-la-promotion-du-velo-1346307