L’étonnante histoire de l’entrée en Bourse de Momentus, startup soutenue par Starburst Accelerator
Interview de François Chopard, fondateur de Starburst Accelerator
Drôle d’histoire que celle de Momentus, start-up californienne qui a conçu un module pour livrer les satellites en orbite basse avec une grande précision. Très prometteuse, la trajectoire de la société, soutenue notamment par Starburst Accelerator et Y Combinator, a pris un tournant inattendu en début d’année alors qu’elle devait s’introduire en Bourse. Cette opération devait se faire avec un SPAC (Special Purpose Acquisition Companies), un véhicule d’investissement dépourvu d’activité opérationnelle propre, autrement dit une coquille vide, qui permet de lever des fonds en vue de financer au moins une opération de fusion-acquisition avec une société non-cotée qui cherche à accéder au marché boursier à moindres frais.
Dans le cas de Momentus, cette entrée en Bourse devait se faire avec Stable Road sur la base d’une valorisation à plus d’un milliard de dollars. Mais la licorne en puissance a perdu son statut lié au cap du milliard de dollars de valorisation après de nombreux rebondissements. Pourtant, les choses se présentaient plutôt bien pour la jeune pousse qui opère dans le «covoiturage spatial». Elle avait même séduit SpaceX dans la mesure où l’activité de Momentus se positionne entre les fusées de l’entreprise d’Elon Musk et sa constellation de satellites Starlink pour fournir de l’Internet à haut débit dans les zones isolées ou mal connectées du globe.
Mikhail Kokorich, le fondateur russe dans le viseur des autorités américaines
Cependant, la belle histoire aérospatiale de Momentus a pris des allures de roman d’espionnage sur fond de tensions géopolitiques avec la Chine et les États-Unis. En effet, les autorités américaines ont exprimé des inquiétudes pour la sécurité nationale en raison de la technologie sensible de Momentus. Dans ce cadre, c’est le fondateur russe de l’entreprise, Mikhail Kokorich, qui s’est retrouvé dans le collimateur de la SEC, le gendarme boursier américain. L’organisme fédéral a en effet estimé que Mikhail Kokorich avait menti sur les avancées technologiques de sa société, notamment en raison d’un test suspect dans l’espace en juillet 2019.
Sous pression, alors qu’il ne possédait pas la fameuse «Green Card» qui donne le droit de résider de manière permanente aux États-Unis, Mikhail Kokorich n’a eu d’autre choix que de quitter le sol américain pour fuir les ennuis et laisser Momentus tracer sa route vers les sommets. Après plusieurs mois dans la tourmente, la société, qui a été contrainte de revoir son actionnariat et de montrer patte blanche pour reprendre son chemin vers la Bourse, a finalement effectué son arrivée au Nasdaq en août avec une valorisation réduite de moitié, qui est passée de 1,1 milliard de dollars à 567 millions de dollars. Depuis, la valorisation de la société a repassé la barre des 800 millions de dollars.
Écoutez notre échange avec François Chopard, fondateur de Starburst Accelerator, concernant l’entrée en Bourse de Momentus :
Toujours est-il que cette introduction en Bourse représente un accomplissement pour Starburst Accelerator, le propulseur de start-up aéronautiques et spatiales lancé par François Chopard. «Ça valide notre modèle, on a d’autres start-up dans les tuyaux qui se préparent à faire des SPAC», confirme-t-il à notre micro. Et d’ajouter : «Au-delà de notre modèle, c’est le secteur aéronautique, spatial et défense qui se transforme en véritable catégorie d’investissement.» L’ancien ingénieur d’Airbus et de l’US Air Force espère que l’entrée en Bourse de Momentus inspirera des start-up françaises pour donner naissance à des géants du secteur de la taille d’un SpaceX. C’est notamment l’ambition de Blast, un programme mis sur orbite fin 2020 avec Starburst Accelerator, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), l’École Polytechnique et la SATT Paris-Saclay. «On espère créer les licornes françaises de demain dans l’aéronautique et le spatial», indique François Chopard. L’ambition est assumée, il ne reste plus qu’à la concrétiser.
- ORAKL ONCOLOGY lève 11 millions d’euros pour développer des avatars de tumeurs. - 03/12/2024
- HAPPYDEMICS lève 13 millions d’euros pour redéfinir les standards de la mesure d’efficacité publicitaire - 03/12/2024
- MIRABELLE lève 1,3 million d’euros pour amorcer sa plateforme dédiée au prêt viager hypothécaire - 03/12/2024