Lettre ouverte aux grands groupes
Chers Grands Groupes,
J’ai un grand besoin de vous parler aujourd’hui…
Vous avez tout intérêt à travailler main dans la main avec de jeunes entrepreneurs et start-up, certains d’entre vous l’on déjà très bien compris. Nous vous apportons des idées neuves, une liberté de mouvement, une réactivité et flexibilité extraordinaires. Les initiatives d’Open Innovation se multiplient, les manières de travailler ensemble sont nombreuses, les synergies infinies.
Nous l’avons constaté, certains grands groupes sont ultras moteurs et actifs car certains de leurs directeurs ou directrices et/ou opérationnels portent l’innovation tout en créant des opportunités concrètes. Nous espérons qu’ils se reconnaîtront: MERCI!
Toutefois, il existe dans les faits un fossé entre les entreprises qui ont entendu ce message, et celles qui intègrent (réellement) une logique d’innovation externe dans leurs activités.
Je suis Alma Guirao, fondatrice de Wellbing qui propose des outils digitaux pour le bien-être des collaborateurs. En tant qu’entrepreneur ayant lancé une activité B2B, voici le constat que je souhaite aujourd’hui partager avec vous:
1.Osez!
Beaucoup d’entreprises souhaitent insuffler de l’innovation, mais n’en donnent pas les moyens à leurs salariés. Alors, en interne, l’innovation par les start-up devient une mode: il est nécessaire pour les services de montrer leur intérêt mais sans jamais se projeter réellement dans un processus commercial. Trop dangereux, un échec ne sera jamais accepté par la direction!
2.La vicissitude des hiérarchies pyramidales
Les grands groupes sont régis par une hiérarchie pyramidale, emplie de processus qui créent des lenteurs (nous les percevons comme telles), des incompréhensions, et souvent des situations qui ne mènent nulle part.
Nous sommes souvent baladés de services en services, personne ne souhaitant nous donner un accord, ou même un simple «non».
Même lorsque nous parlons de tout petit budget, les décisions doivent être prises par trois services différents en ne donnant pas la chance à la start-up d’intervenir dans le processus décisionnel. Sachez qu’une prise de décision de 12 mois peut nuire à la survie de la start-up qui n’a pas les moyens de financer un processus de vente aussi long.
À ceci nous souhaitons vous répondre:
Nous avons parfois beaucoup de mal à nous comprendre et à collaborer ensemble. Nous comprenons que nous ne fonctionnons pas de la même manière, que vos impératifs ne sont pas les mêmes que les nôtres et nous nous adaptons du mieux que nous pouvons à vos structures.
Toutefois, cher grand groupe nous ne sommes pas un faire-valoir. Nous avons pris un risque en créant un produit et en s’investissant dans une vision. Nous avons une pression économique forte, un besoin de prouver notre marché et d’accéder à une rentabilité qui permettra à notre jeune pousse de grandir.
Si notre proposition ne convient pas, vous pouvez la décliner rapidement. Cela évitera une perte de temps pour tous, et surtout cela nous permettra d’avoir une vraie vision de notre marché.
Voici des solutions opérationnelles pour favoriser une relation win-win:
- Mettez en place dans vos services un responsable innovation qui serait un réel entremetteur et prescripteur. Il pourrait en collaboration avec les services opérationnels, tester le produit d’une start-up sur une période donnée et en cas de succès, déployer à plus grande échelle.
- Laisser à vos collaborateurs la liberté de tester. Et, oui, cela signifie la possibilité d’échouer mais aussi d’apprendre. Vous ne serez pas déçus!
Les salariés sont au plus près des problématiques opérationnelles qui les concernent. Ils savent appréhender ce qui est pertinent pour leur activité: au service de leurs clients, mais également au service de leur propre travail. Ne négligez pas l’innovation en termes de processus internes (on en parlait juste avant)…!
Ou encore:
- Embaucher des anciens entrepreneurs qui diffuseront leur culture du test and learn plus vite.
- Incentivez vos équipes à travailler avec les start-up en mettant une partie des bonus et variables sur l’innovation fournisseurs. Discutons-en.
Je parle en mon nom aujourd’hui mais également en celui de beaucoup de start-up qui ont décidé de monter des business B2B.
«Cher grand groupe, une start-up ne mord pas, elle meurt!» Entendu de la bouche d’un directeur d’innovation de grand groupe.
Ne créez plus de hackathons, ni de challenges, ni de foires aux start-up si ces événements n’ont pas une finalité business.
Mais faites-nous travailler, nous sommes courageux, bosseurs et avons l’ambition dont a besoin ce pays aujourd’hui!
Ne ratez pas le virage de l’innovation, de l’évolution du marché en terme d’attente de vos clients mais également de vos collaborateurs par des processus et des comportements qui tuent l’entrepreneuriat français!
Nous devons nous aussi faire des efforts.
Ne plus essayer de court-circuiter la hiérarchie lorsque nous avons reçu un NON! Les Business units ont leurs propres budgets et ne peuvent pas mettre en place tous les projets et produits proposés par les start-up.
Nous devons nous aussi nous remettre en question pour faire avancer les choses, nous serions tous ravis de vous écouter et d’avoir également vos retours!
Cher grand groupe, j’avais besoin de vous parler, je suis sûre que nous pourrons nous apprendre des choses mutuellement que nous pourrions apprendre les uns des autres et devenir un des pays les plus innovants et productifs! C’est aujourd’hui que nous devons nous impliquer, pas demain.
Il existe une multitude de bons exemples de collaborations réussies, nous souhaitons simplement pouvoir les multiplier en travaillant de concert! L’un des grands groupes avec lequel nous travaillons a pris les devants pour un Test&Learn avant un déploiement. La décision a été très rapide, la direction de l’innovation en était le LEADER et nous a accordé sa confiance!
Tout est POSSIBLE, tant qu’on essaye! Parlons-en?
Alma Guirao est la fondatrice de Wellbing.
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