LYDIA fait évoluer son modèle et crée SUMERIA une banque en ligne avec un compte rémunéré
Par Emmanuelle TRECOLLE / AFP
Comme nous vous l’annoncions hier en exclusivité dans la DATAROOM de FRENCHWEB.FR, Lydia Solutions, société à l’origine de l’application de paiement Lydia, lance en France une banque en ligne avec un compte rémunéré et a l’ambition de l’étendre ensuite en Europe, avec un modèle économique alliant services à très grande échelle et faibles coûts de structure.
La banque lancée mercredi en France, baptisée SUMERIA, propose « un compte courant aussi efficace que les autres services numériques », assure Cyril Chiche, président de Lydia Solutions. Selon lui, les acteurs traditionnels, banques en ligne comprises, ne peuvent y arriver, « car l’activité de dépôt seule ne couvre pas leurs frais de structure ».
« Il faut donc l’avènement d’un acteur numérique qui, comme Uber, Airbnb ou Spotify, transforme son secteur grâce à une structure de coûts radicalement plus légère », indique-t-il dans un communiqué.
Lancé en 2013, l’application de paiement entre particuliers LYDIA s’est enrichie à partir de 2018 de plusieurs autres activités « plus ou moins fructueuses », avoue le groupe, indiquant que cela l’a décidé « à revenir à une approche plus concentrée, autour du compte courant à partir de 2023 ».
L’entreprise avait lancé une application Lydia Comptes en avril qui a déjà deux millions de porteurs de comptes courants mais Sumeria sera dans le paysage bancaire actuel le seul « compte courant rémunéré en France », a-t-il assuré à l’AFP.
« Il y a dans le paysage français une situation qu’on a appelée pendant longtemps le ni-ni »: « ni rémunération des dépôts sur les comptes courants, ni facturation des chèques et de la tenue de compte. Et puis, la deuxième partie du ni-ni s’est évaporée. La tenue de compte, et même ses frais, augmentent tous les ans, ou presque », assure M. Chiche.
– Compte courant rémunéré –
Sumeria propose de rémunérer le compte courant de ses clients à 2%, avec une offre spéciale à 4% limitée à quatre mois après le lancement, soit un taux supérieur à celui du livret A.
« Il y a à ce jour 500 milliards d’euros qui dorment gentiment, non rémunérés, sur les comptes courants » des particuliers en France, a indiqué M. Chiche lors d’une conférence de presse mercredi à Paris.
L’entreprise a prévu d’investir 100 millions d’euros et d’embaucher 400 personnes en trois ans avec l’objectif d’atteindre dans ce délai cinq millions de clients.
LYDIA compte déjà 250 collaborateurs basés à Paris, Nantes, Bordeaux et Lyon.
Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire de la Fintech a indiqué à l’AFP que « d’une façon générale, il faut se placer dans le long terme dans un écosystème très bancarisé comme les Etats-Unis ou l’Europe car c’est très difficile de faire un gain de clients en peu de temps ». Il donne ainsi l’exemple de la banque numérique « Nickel qui fête ses dix ans et a aujourd’hui 6 millions de clients ».
L’ouverture d’un compte Sumeria avec une carte de paiement Visa est gratuite, sans frais lors des paiements à l’étranger, mais il existe une version premium à 99 euros par an.
– « A la conquête de l’Europe » –
Les 18-34 ans, « segment de la population le plus demandeur et numériquement mature », seront ciblés prioritairement. C’est déjà cette tranche d’âge qui utilise le plus la plateforme française de paiement mobile du groupe lancé en 2013 qui compte plus de 8 millions d’utilisateurs, selon le groupe.
L’entreprise a également sollicité l’obtention d’un agrément d’établissement de crédit et compte d’ici 2026 « partir à la conquête de l’Europe », selon le communiqué.
« On a pour objectif de devenir la première banque européenne d’ici 2030 », a déclaré à l’AFP Antoine Porte cofondateur de Lydia, qui vise d’abord l’Allemagne comme première étape de son expansion européenne.
Il n’y a pas de marque bancaire européenne pour les particuliers, « c’est-à-dire une banque que des Allemands, des Espagnols, des Portugais, des Irlandais peuvent citer », explique-t-il.
Les géants bancaires ne sont pas toujours présents sous leur nom pour la banque de détail dans les différents pays.
Le président de Lydia Solutions, qui avait accédé au statut de licorne en 2021 avec une valorisation à plus d’un milliard de dollars, se dit ouvert à une introduction en Bourse.
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