[Made in Bordeaux] Monter sa boîte à Bordeaux, bonne ou mauvaise idée?
Par Aurore Vinzerich et Jacques Froissant, correspondants FrenchWeb
Bordeaux a été élue 3ème ville de province la plus attractive pour les chefs d’entreprise* et 1ère ville où il fait bon travailler**. Les raisons sont simples à expliquer : il y fait beau toute l’année et on sort du boulot à 15h pour aller surfer. Plutôt attractif, non !? A moins que ce ne soit l’effet de la lente mutation opérée depuis près de 20 ans, qui a littéralement transformé la ville, permis l’émergence de nouveaux pôles d’attractivité et rapproché Paris de Bordeaux. Bon… ok, cette version semble plus réaliste.
Lionel Lepouder, Président d’Invest in Bordeaux (agence qui identifie et accompagne les sociétés souhaitant se développer sur le territoire), ajoute : “Si la qualité de vie est systématiquement reconnue par les nouveaux venus, le dynamisme de l’écosystème économique en séduit plus d’un ; la proximité avec les acteurs de la vie économique et politique permet d’aller plus vite dans le montage des projets et l’entreprise, ici, ne se sent ni isolée ni anonyme. La liaison LGV Bordeaux/Paris et la multiplication des liaisons aériennes contribuent également à renforcer cette attractivité.”
Le nombre de création d’entreprises ne cesse de croître chaque année en Nouvelle-Aquitaine, musclant l’écosystème de nouveaux talents. Pour cette tribune, nous avons donné la parole aux principaux concernés : des chefs d’entreprise qui ont choisi de développer leur entreprise à Bordeaux.
BLUE VALET
Interview de Hugo Ricard, Co-fondateur et CEO de Blue Valet. Service de voiturier et de stationnement destiné aux voyageurs qui prennent l’avion ou le train en France ou en Belgique.
Pourquoi Bordeaux ?
Nous sommes de la région, donc cela était une évidence. Nous avons démarré notre activité avec le soutien de l’Aéroport de Bordeaux. Cela aurait été beaucoup moins évident à Paris !
Facile ou difficile de développer son entreprise à Bordeaux ?
De notre point de vue, c’est plus facile pour recruter localement, attirer des profils parisiens et pour la première levée de fonds. Un projet émerge plus vite à Bordeaux, est plus visible que noyé dans la masse parisienne. Les fonds régionaux et les Business angels locaux s’intéressent très vite à vous. Après, il est clair qu’en tant qu’entrepreneur il faut aller souvent à Paris pour voir les investisseurs, les partenaires et certains clients.
Comment gérez-vous votre développement depuis Bordeaux ?
Nous sommes entrés dans une période de gestion de l’hypercroissance (plus de 100 salariés). Nous avons ainsi effectué 17 lancements en 2017, 10 en 2018 et d’autres sont programmés à l’international en 2019. Nous avons beaucoup d’enjeux RH et commerciaux tout en gardant un haut niveau de qualité de service. Le siège reste donc à Bordeaux, c’est notre ADN. Nous y avons d’ailleurs créé notre centre de formation école à Bordeaux pour les responsables de sites et managers. Le reste des équipes étant disséminé sur les aéroports et gares où nous opérons le service.
YESCAPA
Interview d’Adrien Pinson, Co-fondateur et directeur général de YESCAPA. Entreprise de location de camping-cars et de vans aménagés entre particuliers.
Pourquoi Bordeaux ?
J’ai rencontré Benoît Panel (co-fondateur) à un “startup week-end” en Bretagne et nous avons travaillé ensemble sur le concept. Comme il est bordelais et que la ville est sympa, il m’a convaincu très vite de monter Yescapa à Bordeaux.
Facile ou difficile de développer son entreprise à Bordeaux ?
Nous avons rencontré une véritable entraide à Bordeaux. Cela nous a permis de nous challenger entre start-up, de partager et ainsi de gagner du temps en évitant des erreurs. Cela a été plus facile d’émerger dans le paysage bordelais qu’à Paris. Nous avons ainsi été accélérés à l’AEC Auberge Numérique (sans prise de parts), qui nous met en relation avec de nombreuses personnes de l’écosystème.
Comment gérez-vous votre développement depuis Bordeaux ?
L’inconvénient d’être à Bordeaux c’est que beaucoup de choses se passent encore à Paris : investisseurs, partenaires commerciaux, gros clients… Cela nous amène à y aller 2-3 fois par mois minimum. Pour le recrutement en revanche, c’est plutôt attractif (équipe de 35 personnes) même si les profils de développeurs et les profils internationaux (50% de l’activité hors France) basés à Bordeaux sont plus compliqués à trouver.
OTTA
Interview de Stéphanie Laporte, Fondatrice et CEO OTTA. Conseil et Formation en Stratégie Digitale, Community Management, Social Ads, Veille E-Réputation et Relations influenceurs.
Pourquoi Bordeaux ?
Je suis arrivée à Bordeaux en 2004 pour mes études et j’ai décidé d’y rester. J’avais beaucoup bougé auparavant (je suis originaire de la région Centre). Bordeaux est un vrai coup de cœur. Même quand j’ai travaillé à Paris chez IBM, j’ai gardé mon logement ici et ai beaucoup télé-travaillé.
Facile ou difficile de développer son entreprise à Bordeaux ?
Contrairement à Paris, où l’écosystème est énorme et les places sont prises depuis longtemps, il est plus facile de se faire un nom localement quand on est spécialiste et ensuite d’essaimer en national. En revanche, il est difficile de recruter des métiers ultra- spécialistes ; il y a moins de choix localement. Le milieu de la communication est très engorgé, alors que les profils marketing sont rares. Nous sommes donc noyés sous les candidatures identiques et peu liées à notre besoin.
Comment gérez-vous votre développement depuis Bordeaux ?
Bordeaux est une ville attractive et de plus en plus de profils parisiens sont attirés par la ville. A notre échelle de petite agence (17 personnes), nous avons eu de très beaux profils, régulièrement senior et issus de chez des grandes marques ou grosses agences, qui ont postulé spontanément. Ensuite, les clients/prospects n’étant plus rebutés par la distance (gommée par la LGV) sont même plutôt contents de venir nous voir à Bordeaux. On développe donc l’activité en faisant des déplacements fréquents, car nous avons une cible grands comptes et les opportunités à Bordeaux sont plus restreintes, même si l’on collabore avec quelques belles boîtes locales.
MIEUXPLACER.COM
Interview de Guillaume-Olivier Doré, Fondateur et CEO MIEUXPLACER.COM. Plateforme d’épargne.
Pourquoi Bordeaux ?
Pour la qualité de vie d’abord. Après avoir monté plusieurs startups à Paris, Bordeaux était un choix de vie tant pour moi, que pour mes associés.
Facile ou difficile de développer son entreprise à Bordeaux ?
Pour démarrer, cela a été beaucoup plus rapide qu’à Paris, en particulier pour recruter l’équipe. Nous avons aussi moins de turnover que les startups parisiennes. Les équipes y sont plus stables et montent en gamme plus vite du coup. Les loyers et les salaires y sont plus bas aussi. Ce n’est pas neutre quand vous vous développez. Beaucoup de facilités aussi avec toutes les structures d’accélération locales.
Comment gérez-vous votre développement depuis Bordeaux ?
Un entrepreneur qui voit sa start-up sortir de la phase de seed et passer la vitesse supérieure avec une Série A/B doit s’attendre à passer une partie de sa vie à Paris. Pour ma part, j’y vais quasiment toutes les semaines, jusqu’à 2 fois par semaine. La France reste très centralisée pour le business. Donc, oui c’est plus facile de démarrer à Bordeaux… mais il y a un stade où il faut prendre son pass “Fréquence SNCF”. ;)
CLAY
Interview de Jean-Baptiste Guignard, Co-fondateur et directeur de recherche CLAY. Brique logicielle de reconnaissance gestuelle.
Pourquoi Bordeaux ?
En 2014, nous avons été attirés par le dynamisme émergent de la ville. J’avais commencé ma carrière de chercheur ici, à Bordeaux et j’avais noué des contacts intéressants avec le pôle universitaire. C’est donc tout naturellement que nous avons décidé de créer notre laboratoire R&D à Bordeaux. Nous avons recruté rapidement des Chercheurs, Doctorants, Post-Doctorants et des Ingénieurs de recherche. Ces compétences en Intelligence Artificielle et en Vision Assistée par Ordinateur sont indispensables pour assurer le développement de notre technologie. Bordeaux est un vivier de talents et nous avons aujourd’hui pu constituer une équipe solide, dont nous sommes très fiers.
Facile ou difficile de développer son entreprise à Bordeaux ?
Les infrastructures, les clubs dédiés aux entrepreneurs sont un vrai plus. Nous avons dès le début de l’aventure bénéficié d’un accompagnement privilégié avec une réelle proximité, ce qui était indispensable pour poser des bases solides et amorcer notre développement sereinement. Nous avons 4 implantations : Paris, Los Angeles, Shanghai et Bordeaux. Je suis donc une bonne partie de la semaine dans les trains ou les avions. La douceur du cadre de vie qu’offre Bordeaux est aussi un véritable atout pour pouvoir tenir ce rythme effréné.
Comment gérez-vous votre développement depuis Bordeaux ?
Nous avons ouvert plusieurs bureaux à des endroits stratégiques pour développer toute la partie commerciale de Clay AIR. Tout le Business Développement est géré par nos équipes de Los Angeles, Paris et Shanghai. A Bordeaux, nous gérons uniquement la partie R&D. Il était important pour nous de puiser les forces des territoires sur lesquels nous nous implantions et c’est ce que nous avons fait. L’interface entre les deux mondes (laboratoire bordelais et bureaux commerciaux) se fait chaque fin de journée entre les responsables de compte en France et les chargés de clientèle US.
* Bureauxlocaux.com 2018
** Great Place to Work 2018
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Les événements à ne pas manquer
6 mars | France Digitale Tour
Le France Digitale Tour repart sur les routes françaises avec une caravane d’investisseurs et
d’acteurs du digital bien décidés à créer des pépites régionales. Il fera escale à Bordeaux le 6 mars
prochain.
Au programme : Masterclass sur la relation startupper / investissement, de l’dée à l’exit et Speed
business meetings avec les startups de la région.
Lieu : 1kubator – Sud-Ouest (23 Quai des Queyries, 33000 Bordeaux)
Horaires : 14h00 – 19h00
Inscription ici.
19 mars | Naïa
Le 1er forum néo-aquitain sur l’intelligence artificielle aura lieu le 19 mars à Bordeaux.
Lieu : Hangar 14
Horaires : 9h – 19h
Inscription ici.
Les correspondants :
Jacques Froissant, Fondateur d’Altaïde en 2000, conseil en Recrutement qui s’est imposé rapidement comme un acteur majeur de l’accompagnement des sociétés innovantes de l’univers digital / numérique.
https://www.linkedin.com/in/jacquesfroissant/
Aurore Vinzerich est la fondatrice et dirigeante de Madame de la Com’, agence spécialisée dans la comm
unication des start-up. Avec 15 années d’expérience dans la Communication et les Relations Presse, Aurore est également intervenante dans plusieurs écoles (SciencesPo, INSEEC…) et est Mentor pour dans des accélérateurs et incubateurs (1Kubator, Théophraste…).
Vous pouvez la retrouver sur son site, son compte Twitter ou LinkedIn
Vous trouverez ci-après l’étude citée en intro concernant les métropoles régionales les plus recherchées par les entreprises : https://blog.bureauxlocaux.com/immobilier-bureaux-lyon-bordeaux-rennes-2019