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[Made in océan Indien] LegalTech: comment la pandémie a favorisé la digitalisation des services juridiques

Par Vincent Pollet, correspondant FrenchWeb

Manin Utchanah est le fondateur de LexTech.mu, un cabinet d’avocat digital et de LegalTech.mu, laboratoire de recherche et de développement pour l’innovation dans le secteur juridique. Comment cet avocat de profession a-t-il réussi à fusionner l’univers du juridique et celui de la technologie ? Il nous répond.

Bonjour Manindra, votre projet digital possède une genèse intéressante, étroitement liée au contexte actuel. Racontez-nous.

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Tout a commencé avec le traumatisme du premier confinement. J’ai été choqué de voir que les avocats étaient dans l’incapacité d’assister physiquement leurs clients. Notre système judiciaire était quasiment paralysé, avec uniquement certaines applications urgentes utilisant la visioconférence.

À tel point que certaines des personnes les plus vulnérables de notre société se sont retrouvées dans une situation précaire. S’il est clair que nous étions tous dépassés par les évènements, il fallait réagir : d’où l’idée de lancer une plateforme web dédiée au secteur juridique avec comme « motto » : utiliser la technologie pour rendre la justice accessible à tous.

Parmi les applications développées lors ce premier confinement :

  1. une application qui permet de détecter les vices de procédures dans le processus de licenciement
  2. une application qui automatise les demandes de moratoire pour les loyers impayés
  3. un calculateur d’indemnités de licenciement
  4. une application pour guider les PME vers la bonne porte dans le cadre d’une assistance financière via les plans d’aide de l’État.

À l’ère de la digitalisation massive des entreprises, la technologie est-elle simplement un plus ou un élément clé pour l’évolution du secteur du juridique?

La technologie est un élément clé afin de rendre les services juridiques accessibles à tout le monde. Cela passe aussi par la facilitation des tâches des avocats à travers l’automatisation de certains processus simples, mais coûteux en temps pour ces derniers. Avec les nouvelles technologies juridiques, il est possible pour un avocat de réduire drastiquement ses frais d’opération, permettant ainsi d’offrir des services à moindres coûts aux particuliers et aux entreprises.

Quelles technologies alimentent ce cabinet d’avocat digital?

Parmi les fonctionnalités du cabinet, il y a un portail client avec accès direct aux membres du cabinet, documents juridiques, dates de comparution en cour, factures et paiements en ligne. Citons également un module de réservation en ligne synchronisée aux calendriers respectifs des avocats, pour les prises de rendez-vous virtuels ou en personne au sein de nos branches dans les différentes régions de l’île Maurice. Ce sont des fonctionnalités basiques, mais presque inexistantes dans le paysage juridique local.

Les avocats que vous avez rencontrés dans le cadre de la création de votre cabinet digital sont-ils réceptifs à la digitalisation de leur métier?

La digitalisation du métier est inévitable et les avocats sont bien réceptifs à cela en général, surtout la nouvelle génération. En revanche, il existe des craintes par rapport aux questions déontologiques liées à la digitalisation. Il est donc primordial que l’ordre des avocats s’intéresse de très près au sujet en définissant des paramètres afin que l’innovation puisse être encouragée et guidée pour la nouvelle génération d’avocats.

« Domestic Violence », une application web, attire particulièrement l’attention sur le cabinet en ligne. Expliquez-nous son histoire, son fonctionnement et son objectif.

La violence domestique a augmenté de manière inquiétante pendant la pandémie de COVID-19 à Maurice. Les victimes étaient enfermées tous les jours et sous le même toit que leurs agresseurs pendant la période de confinement. On a donc lancé une application web basique capable d’automatiser les demandes d’ordonnance de protection.

L’utilisateur répond aux questions posées et l’application générera un affidavit, prêt à être logé en cour de justice. Pour la nouvelle version de l’application, nous avons prévu d’intégrer un API qui permet de traduire en temps réel les données du formulaire depuis le français vers l’anglais (pour les utilisateurs francophones qui ne maîtrisent pas anglais, bien que ce soit le langage utilisé en cour de justice a l’île Maurice).

Juridique et digital, un mariage bien parti pour durer et aller plus loin ? Quel avenir pour ce type de projet numérique à l’île Maurice?

Il est clair que sans la pandémie de COVID-19, les services juridiques en ligne n’auraient pas vu le jour de sitôt. Ceci dit, il semble que tout le monde ait tiré une leçon de cet épisode sanitaire et que la profession s’adapte lentement, mais sûrement à la digitalisation. Il y a donc un potentiel certain pour ce type de projet numérique à l’île Maurice.

Notre correspondant :

Vincent Pollet est le co-fondateur d’ICT.io, une plateforme médiatique qui favorise l’innovation, l’esprit d’entreprise, et met l’accent sur les startups dans l’océan Indien.
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