[Made in Suède] Start-up: ce que la France peut apprendre de la Suède
Par Erwan Derlyn, correspondant FrenchWeb
Emmanuel Macron veut faire de la France la nation des start-up mais aujourd’hui la Suède a quelques longueurs d’avance. Comment s’en inspirer ?
L’acquisition du Suédois Bambora par le Français Ingenico en juillet dernier, ajoute une licorne (entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars après moins de dix ans d’existence) à Stockholm. La capitale Suédoise comptait déjà Skype, Spotify, King, Mojang (Minecraft), Klarna et Avito, ce qui lui vaut le surnomde Silicon Valley d’Europe.
La France quant à elle, à son compteur bloqué à trois licornes: OVH, Criteo et Blablacar. La qualité de l’éducation et l’accès aux technologies, le filet de sécurité de leur état providence, et l’accès au capital, sont souvent mentionnés comme les facteurs principaux du succès Suédois. Des conditions cependant également présentes en France.
Alors quels autres facteurs peuvent expliquer l’écart entre les deux nations sur le terrain de l’innovation?
Des ambitions internationales dès le départ
La Suède ne compte que 10 millions d’habitants, d’où la nécessité d’avoir des ambitions internationales et de créer des produits pensés pour l’export. Les start-up suédoises utilisent leur marché national comme rampe de lancement afin de tester leurs idées et valider le business model mais se développent à l’étranger.
Une pensée globale, préconisée par Xavier Niel aux entrepreneurs locataires de Station F.
L’anglais comme langue de travail
La Suède est régulièrement sur le podium des pays maîtrisant le mieux l’anglais comme deuxième langue. Il n’y est pas rare d’y voir des start-up adopter l’anglais comme langue de travail très tôt dans leur existence, leur permettant de recruter des expats ou même de débaucher hors de leurs frontières.
En France, même si le «French Tech Visa», opérationnel depuis le 15 juin, devrait faciliter l’attrait et la rétention de talents étrangers, la barrière de la langue persiste et la loi Toubon, relative à l’emploi de la langue française comme langue du travail, est toujours en vigueur.
Un écosystème qui facilite la collaboration
Comme illustré par Joseph Michael sur cette carte, les licornes Suédoises sont toutes regroupées sur deux quartiers de Stockholm.
Comme dans le cas de la Silicon Valley, la proximité, crée un environnement stimulant où se mélange à la fois concurrence et collaboration et encourage l’innovation.
Créer cet écosystème en France, c’est l’objectif phare de Station F à Paris.
Une qualité de vie qui protège et attire
La Suède est un pays où il est fait bon vivre, et la nation Scandinave arrive même en tête du classement Good Country, un classement fondé sur 35 indicateurs comme le bien-être, la prospérité, l’égalité, la protection de l’environnement ou l’accès à la culture.
Une qualité de vie qui retient les talents et qui attire. Stockholm est même la capitale à la plus forte croissance démographique d’Europe.
La France, elle, est victime d’une véritable fuite des cerveaux, perdant aujourd’hui plus de talents qu’elle n’en accueille.
L’effet Björn Borg
Le succès de Björn Borg dans les années 70 a inspiré toute une génération, et ouvert le chemin à des tennismen comme Mats Wilander, ou Stefan Edberg dans les années 80 et 90.
L’effet Björn Borg s’applique aujourd’hui aux start-up. Les Suédois rêvent aujourd’hui de devenir entrepreneur et d’être le prochain Daniel Ek (Spotify) ou de créer le nouveau Minecraft comme Markus Persson (Mojang).
En France, les professions qui font rêver sont toujours les médecins, les acteurs, et les vétérinaires.
Avec un président pro-innovation, le plus grand incubateur de start-up au monde ouvert à Paris: Station F, et des fonds d’investissements plus actifs que jamais, la France se donne les moyens de réussir.
La France pourra-t-elle produire dans les prochaines années des succès mondiaux comme la Suède avant elle et devenir la nation des start-up à son tour?
Le correspondant:
Erwan Derlyn, est consultant en stratégie digitale pour start-up.
Expat Français, basé en Suède depuis 2008, Erwan a commencé sa carrière en agence avant de rejoindre la start-up iZettle entre 2013 et 2016.
Aujourd’hui indépendant, il travaille avec certaines des entreprises à la croissance la plus rapide en Europe dans la FinTech, la musique, la mode, le design, et la santé.
Erwan Derlyn est le correspondant FrenchWeb de Stockholm. Chaque mois, il presente des start-up de la région et commente l’écosystème dynamique de la capitale Suédoise.
Merci l’équipe FrenchWeb de me donner la parole sur ce sujet. Hâte de partager plus d’infos et témoignages sur les start-up made in Sweden !