[Made in Switzerland] SwissBorg, ICO Summit, Blockchain pour l’Etat de Genève et la Bourse suisse…
Par Raphael Grieco, correspondant FrenchWeb
De la start-up SwissBorg en passant par l’ICO Summit: tour d’horizon de l’actualité de l’écosystème numérique suisse avec Raphael Grieco.
La start-up du mois: SwissBorg, la Banque Privée Suisse revisitée façon Blockchain et Smart Contrats
Il y a six mois, le Bitcoin représentait à lui seul près de 90% du marché des cryptocurrencies et l’Ether quant à lui environ 5%, alors que toutes les autres altcoins se partageaient les 5% restants. Aujourd’hui, l’émergence des Token Sales (aussi appelés «ICOs» Inititial Coin Offerings, à savoir la création de nouvelles cryptocurrencies) a redéfini le paysage, les altcoins représentant près de 50% de la valorisation des cryptos. La valeur totale de tous les coins et tokens a plus que quadruplé. Le simple exercice quotidien du dénombrement des nouveaux ICOs sur tokentemple.com ou cryptocompare.com permet de réaliser l’ampleur de ce mouvement.
Toutefois l’idée n’est pas de dessiner les contours de ce phénomène mais plutôt de découvrir des segments traditionnels pouvant bénéficier de ces innovations et de la croissance des épiphénomènes de la blockchain. La finance, et tout particulièrement la banque d’investissement, est probablement un secteur précurseur et parmi les plus exposés ayant engagé très tôt des ressources pour estimer l’impact de ces protocoles décentralisés sur leur legacy business. En revanche, l’industrie de la banque privée, en l’occurrence suisse et à l’exception des cas isolés de Falcon Bank ou Swissquote, semble par exemple sous-estimer l’opportunité possible pour la construction de portefeuille et la diversification mesurée des risques qui est offerte par le développement de l’offre de cryptocurrencies. Probablement de par la nature intrinsèque de cette activité qui est la préservation du capital, alors que l’intérêt du moins la curiosité des clients apparaît grandissante.
C’est exactement ce constat que SwissBorg a fait depuis Lausanne: l’avenir de cette industrie vieille de plus de 300 ans ne pourra plus s’écrire sans les Smart Contrats. L’industrie bancaire n’a pas le visage qu’elle doit avoir à l’époque de la digitalisation. Il est urgent d’adopter une approche axée sur la communauté où le système bancaire devient plus transparent. En outre, les cryptocurrencies ne sont toujours pas considérées comme classe d’actifs et peu de solutions d’investissement sur mesure ou des conseillers financiers disponibles pour les crypto-détenteurs existent.
«Une grande partie de notre équipe a plus de dix années d’expérience dans l’univers bancaire et la gestion d’actif. Notre constat est unanime: la banque a besoin de réinventer son modèle», déclare Cyrus Fazel, CEO de SwissBorg qu’il a cofondé en 2015 avec Anthony Lesoismier. «Les progrès technologiques ainsi que l’évolution dans le comportement des investisseurs posent d’éminents challenges mais présentent également de grandes opportunités. Quand on prend l’exemple de Kodak (pour la photo analogique) ou Nokia (pour la téléphonie mobile) on comprend rapidement comment les mutations technologiques peuvent affecter les leaders d’une industrie», continue-t-il. «Pourtant, lorsqu’il s’agit de solutions pour placer son épargne, le degré d’innovation est faible. Comme souvent, l’épicentre du déséquilibre entre les institutions et les clients finaux d’une industrie se situe dans l’asymétrie de l’information. Les clients sont captifs, dû au manque de transparence et d’accessibilité qui leur est fourni. Jusqu’à présent il n’existait pas vraiment de solution. Aujourd’hui, grâce à la blockchain, les règles du jeu peuvent être changées et nous avons décidé de relever le défi», ajoute le multi-culturel Cyrus, après 10 années passées en gestion d’actifs et trading algorithmique.
SwissBorg ambitionne de créer une cyber banque qui propose des services financiers innovants, démocratiques (il est possible d’investir à partir 1 euro) ainsi que des stratégies d’investissement qui incluent les cryptocurrencies. Plus innovant encore, construite sur la technologie Blockchain Ethereum, cette cyber banque a la particularité d’appartenir entièrement à sa communauté.
Parmi plusieurs services, SwissBorg propose le «SMART Mandate», une réinterprétation décentralisée du mandat d’investissement traditionnel. Tout en respectant les exigences réglementaires, la relation entre un conseiller financier son client est à présent directement gérée par un smart contract. Le portefeuille d’investissements devient alors totalement décentralisé, c’est le process de «Tokenization». Enfin l’automatisation et l’utilisation d’algorithmes qui permettent d’ajuster la stratégie et le dynamisme du portefeuille est assuré par un Cyborg-Advisor. Dans cet univers décentralisé, les gestionnaires d’investissements et les conseillers financiers peuvent ainsi exploiter des crypto-classes d’actifs et des technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle pour mieux servir leurs clients.
SwissBorg, lancera son ICO en octobre (avec une recherche de levée de capitaux d’environ EUR 48mio) afin de déployer son service crypto-bancaire et avec l’objectif de créer une cyber banque privée communautaire suisse à horizon 2020.
L’agenda du mois: l’ICO Summit le 15 septembre 2017
La première conférence en Suisse consacrée aux ICOs,crowdfunding dans l’industrie du blockchain
Nous n’abandonnons pas tout de suite le thème de la blockchain pour cette chronique helvête de la rentrée. En effet, l’importance de la Suisse sur la scène blockchain est grandissante, catalysée par la création de la Ethereum Foundation à Zoug par Vitalik Buterin. Les acteurs et services se multiplient prenant une dimension internationale à l’instar de Bitcoin Suisse. Cette société de conseil en ICOs a récemment accompagné quelques token sales spectaculaires, comme les $206mio levés par Tezos ou les 153 millions de dollars levés par Bancor.
C’est dans ce contexte particulier qu’acteurs FinTech, experts en blockchain, start-up et investisseurs sont invités à rejoindre la première conférence de Suisse dédiée aux «ICOs» (Initial Coin Offerings ou Token Sales) pour laquelle Bitcoin Suisse et la Crypto Valley sont partenaires. Organisé par Smart Valor, start-up suisse développant un protocole Ethereum pour tokeniser des solutions d’investissement, le ICO Summit aura lieu à Zurich le 15 septembre et rassemblera les «movers and shakers» de cette industrie qui partageront leurs insights sur la dynamique actuelle et leur vision de la cryptofinance de demain.
En outre, le ICO Summit sera aussi un lieu où les investisseurs pourront découvrir et identifier des startups internationales actives dans la blockchain et des projets actuels d’ICOs tout en prenant le pouls du challenge dit grandissant qu’ils pourraient rencontrer en l’alternative à un financement traditionnel en Venture Capital que représente les ICOS.
Les start-up quant à elles viendront s’adresser aux investisseurs suisses et internationaux pour pitcher leurs missions et projets tout en venant chercher auprès de la communauté start-up les ressources et conseils pour mener à bien un ICO conforme aux pratiques naissantes de ce marché encore certes embryonnaire mais à la croissance fulgurante (du moins par le nombre et valeur d’émission).
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La news du mois: L’administration genevoise et la bourse suisse introduisent la Blockchain
La stratégie économique 2030 du canton de Genève repose sur l’innovation et la digitalisation de l’économie. De cette volonté de se consacrer à la dynamique entrepreneuriale, la simplification des démarches administratives est un des premiers éléments faisant face à ce renouveau radical, ceci afin de garantir la compétitivité du canton sur la scène internationale.
Bien que cela puisse à première vue paraître assez peu décisif pour la vie tout l’écosystème ou pôle l’innovation, il est toutefois immanquable de mentionner que l’Etat de Genève annonce l’introduction de la technologie blockchain Ethereum au sein du registre du commerce. L’initiative, menée avec le soutien de Genève Lab, laboratoire d’innovation publique, et soutenue et financée par l’organisation E-Government Suisse, souhaite sécuriser les transactions comme la commande d’un extrait, la vérification de sa délivrance garantissant donc son originalité etc. C’est une étape-test qui devrait permettre de faire entrer l’administration genevoise de plain-pied dans l’ère de la «décentralisation».
Toutefois durant cette phase-pilote, les documents générés n’auront pas encore d’existence juridique. L’objectif est de s’inscrire dans la démarche radicale d’innovation que Genève, à l’instar de la Suisse, souhaite amorcer pour trouver des relais de compétitivité à l’heure où ses industries traditionnelles (banques, horlogerie, pharma et biotech) sont sujettes aux effets conjoncturels de l’économie internationale. A cette occasion, l’Etat de Genève consolide son action dans l’E-Government Suisse qui soutient ce projet au titre d’innovation 2017/2018 du plan stratégique de la cyberadministration suisse.
En outre, l’Etat de Genève participe à un autre projet blockchain en collaboration avec digitalswitzerland, qui a pour ambition de «faciliter la création d’entreprises et de dynamiser le tissu économique Suisse».
Ce n’est pas la première tentative suisse d’introduction de la blockchain. Selon une étude publiée par Santander InnoVentures, la blockchain pourrait permettre aux banques d’économiser 15 à 20 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Les fournisseurs d’infrastructures financières s’y intéressent tout autant que les banques. C’est le cas de SIX Group, l’opérateur de la bourse suisse qui a annoncé en août travailler avec le Nasdaq et son partenaire, Chain, une start-up californienne spécialiste de la blockchain, pour développer un système dédié aux produits structurés. SIX Group travaille également depuis un an sur un dispositif d’échange de gré à gré pour les actions suisses.
Bientôt un ICO suisse, le HeidiCoin, pour financer ces programmes, à l’image du projet d’ICO estonien ESTCOIN? Je suis prêt à parier quelques tokens sur cette idée.
Le correspondant:
Raphael Grieco a commencé sa carrière dans le monde de la vente, du conseil et de marketing de produits d’investissements boursiers au sein d’établissements internationaux en France et en Suisse, notamment Société Générale, HSBC ou BNP Paribas. Il a également contribué à la création de deux nouvelles sociétés et entités de gestion de fortune en Suisse. Installé à Genève depuis près de 12 ans, il est le fondateur de UPComingVC, un évènement international innovant prenant la forme d’un « Venture Capital Investment Challenge » dédié aux VCs, Startups et à des Challengers souhaitant devenir VCs. Il organise également de nombreux meet-ups à Genève, notamment ceux de Product Hunt et contribue à de nombreux projets liés à l’innovation digitale (labélisation de la French Tech Suisse, création d’un fonds de venture capital). Raphael est titulaire d’un MSc en Management de SKEMA Business School.