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Management danois: un style unique basé sur le bien-être et la prise d’initiative

Il y a bientôt 5 ans, j’ai décidé de m’expatrier au Danemark. Pourquoi le Danemark? Certainement pas pour ses hivers longs, froids et sombres. La vraie raison de cette expatriation est que j’y ai trouvé de nombreuses opportunités professionnelles. Parler français au Danemark représente un bel avantage. J’y ai donc facilement trouvé du travail et en l’espace de cinq ans, j’ai pu m’essayer à diverses branches d’activité et plusieurs entreprises différentes. 

Peu importe l’entreprise dans laquelle je me suis trouvée ou dans la branche dans laquelle j’ai travaillé, le choc culturel dans l’univers de l’entreprise a toujours été assez intense pour moi. Parfois négativement surprise, plus souvent positivement, le management a une dimension culturelle à ne pas négliger lorsque l’on se rend à l’étranger. 

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Quelles différences notables ai-je rencontrées entre le management français et le management danois? Le management danois aurait-il un lien avec l’économie fleurissante du Danemark et sa réputation d’avoir les habitants les plus heureux au monde?

management

Besoin d’égalité et loi de Jante 

«Tu ne dois pas croire que tu es quelqu’un de spécial» -ainsi commence la loi de Jante. La loi de Jante est un code de conduite très caractéristique de la culture danoise. Cette loi est composée de 10 commandements, tous aussi directs que ce premier commandement. 

Cette loi de Jante illustre le besoin important d’égalité qu’ont les Danois. L’acceptation des inégalités a un caractère culturel. Certaines cultures acceptent plus facilement les inégalités que d’autres. Cela se retrouve dans l’enfance (autorité des parents), à l’école (pouvoir laisser aux professeurs), dans une société (présence de classes sociales), mais aussi dans une entreprise.  

Dans une entreprise, ce besoin d’égalité se reflète par une distance hiérarchique faible entre un supérieur et ses employés. L’organisation est souvent plate et conduite par peu d’échelons hiérarchiques. Les supérieurs sont, en général, accessibles et se posent sur un pied d’égalité avec les autres employés.

Dans le management danois, ce besoin d’égalité laisse une place importante à chaque individu. Peu importe le travail, chaque individu y est responsabilisé et est vu comme un facteur de succès. Prendre des initiatives, donner son avis, contredire son supérieur si nécessaire ou tout simplement contribuer et s’impliquer sont des valeurs privilégiées et positives. 

Une communication directe et informelle 

Le mode de communication danois se caractérise par son informalité. En effet, les formules de politesse sont bien souvent réduites, voire inexistantes et le mode de communication très direct. Ce qui venant d’une autre culture peut être interprété comme un manque de respect illustre, en fait et encore, un important besoin d’égalité. Selon les Danois, il ne devrait pas y avoir de différenciation, quel que soit l’âge, le sexe, la profession ou le statut. C’est pour cela que les marques de politesse sont limitées. Le vouvoiement n’est, par exemple, utilisé que pour la reine du Danemark. Toute autre personne sera tutoyée. De même, le terme «s’il vous plaît», traduisible dans de nombreuses langues est difficile à traduire en danois. 

Au sein d’une entreprise, cette informalité se traduit, tout d’abord, dans le code vestimentaire. Ce dernier est généralement assez simple et ne définit pas un statut particulier comme le fameux costard cravate en France. 

La communication est, de plus, très directe. Les mails sont, par exemple, simples et courts. Une communication directe permet de faire passer un message clair et évite les quiproquos. Cependant, il s’agit d’un facteur culturel dont les Danois sont conscients lorsqu’ils travaillent avec d’autres nationalités. Pour certaines cultures, les «small talk» en première partie d’un mail ou lors d’un entretien téléphonique sont importants et ne pas s’y prêter, peut être vu comme un véritable désintérêt. 

Flexibilité et confiance

La flexibilité est une des principales caractéristiques du modèle danois. Les horaires de travail sont généralement très flexibles. Il est facilement possible de prendre un rendez-vous personnel sur son temps de travail et de rattraper ses heures plus tard. La plupart des institutions privées ou publiques étant ouvertes uniquement sur les heures de travail, il est, dans tous les cas, primordial que les entreprises se montrent flexibles.

management1Cette flexibilité se retrouve dans la manière de travailler. Une grande liberté est laissée aux employés et le management a tendance à laisser beaucoup de place à la prise d’initiative. Les Danois n’aiment pas être restreints par trop de règles, de planifications et aiment être indépendants. Venant d’une culture plus hiérarchique, il peut parfois être difficile d’accepter ces nouvelles responsabilités: celles de prendre ses propres décisions, risquer de faire des erreurs et créer son propre cadre de travail. Mais cette liberté laissée est également très épanouissante. 

C’est à travers cette liberté laissée que naissent les nouvelles idées. Le concept «pense en dehors de la boîte» est très valorisé. D’où la réputation danoise dans l’innovation et le design. Il en est de même en entreprise, les nouvelles idées et les projets innovants et peu classiques ne font pas peur.

Les Danois sont, de plus, assez positifs face aux incertitudes. Ils n’ont pas besoin de savoir ce qu’il va se passer demain. Les changements ne les inquiètent pas spécialement. Pour les cultures où la structure prend une place importante, cette flexibilité face à l’incertitude peut être assez frustrante. 

Cette flexibilité se retrouve également beaucoup dans les contrats de travail. Il est assez facile de se faire embaucher, mais aussi assez facile de se faire licencier. Cela laisse plus de liberté aux entreprises. Et avec un système généreux, une bonne tolérance face aux incertitudes et un marché qui embauche facilement, cette flexibilité ne semble pas problématique aux yeux des Danois.

Le bien-être et réussite

Les organisations danoises ont compris qu’un employé qui se sentait bien et valorisé est un employé qui restera et s’investira dans son travail. Ainsi, le management danois fait attention au bien-être de ses employés. Et pour le bien-être de ses employés, le management danois ne manque pas d’idées.

Il est, par exemple, assez classique d’organiser des journées encadrées par un professionnel pour apprendre à mieux connaître ses collègues. Ces journées sont généralement assez conviviales, mais au-delà de la convivialité, elles représentent un véritable avantage pour le travail d’équipe, ainsi que pour les relations au quotidien. Elles permettent également de découvrir les forces de chacun et de mieux en tirer parti. 

Et pour souder plus encore les liens, des repas et sorties sont régulièrement organisés. Certaines entreprises vont encore plus loin dans le bien-être de leurs employés et financent, par exemple, un massage une fois par mois pour chacun de leurs employés ou bien font une pause gymnastique de 10 minutes par jour. Les idées ne manquent pas.

Ces initiatives, aussi minimes soient-elles, motivent les employés et contribuent au développement de la culture d’entreprise. Ces facteurs favorisent largement le succès d’une entreprise. 

Pour conclure 

Le management danois est à bien des égards, différent du management français. Le management danois se caractérise par sa distance hiérarchique faible, son mode de communication direct, sa flexibilité et l’importance qu’il attribue au bien-être de ses employés. Ce type de management peut être très enrichissant, mais son encadrement souple peut également être déstabilisant pour d’autres cultures. 

Quoi qu’il en soit, les Danois semblent généralement épanouis dans leur travail et leur optimisme et foi en l’avenir les mènent toujours en tête des classements des plus heureux au monde. 

Cependant, bien qu’enrichissant, je ne suis pas sûre que ce type de management puisse être la clef de la réussite partout. En effet, il ne faut jamais oublier le facteur culturel. Ce qui fonctionne dans une culture ne marche pas toujours dans une autre. Bien sûr, s’inspirer du modèle danois ne peut être une mauvaise idée. S’ils réussissent si bien, c’est qu’il y a forcément des idées auprès desquelles s’inspirer. Mais il reste important d’adapter son management selon les attentes et caractéristiques sculptées par une culture.

cecilia-vadeNée en Normandie, Cécilia Vadé a effectué ses études à l’université de Rouen et obtient en 2013 son master en Langues Etrangères Appliquées. Après avoir effectué plusieurs stages au Danemark et pris goût à la découverte de nouvelles cultures, c’est dans ce pays qu’elle a décidé de s’installer et construire sa carrière professionnelle. Après s’être essayée à différentes activités, dont assistante trilingue, commerciale et traductrice, c’est maintenant en tant que responsable du marché français pour l’entreprise MoneyBanker qu’elle s’aventure. 

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