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[MIDEM] Comment la Tech a relancé l’industrie mondiale de la musique

Interview avec Axel Destagnol, cofondateur et CEO de ClapCharts

A l’occasion du Midem, marché international de l’écosystème musical qui se déroule à Cannes du 4 au 7 juin 2019, FrenchWeb se penche sur trois start-up françaises qui participent à la transformation de l’industrie de la musique et du son via la technologie. Aujourd’hui: ClapCharts, service de détection de nouveaux talents musicaux par les auditeurs.

L’industrie mondiale de la musique pesait 18,9 milliards de dollars en 2018, contre 25,2 milliards de dollars en 1999, selon Statista. Entre deux: le déclin d’une industrie désintégrée par le numérique jusqu’en 2014, et un renouement avec la croissance grâce au même numérique à partir de 2015. Les professionnels de la musique ont fini par profiter des mêmes technologies qui les ont tant minés. Et notamment du streaming, aujourd’hui en pleine explosion: le chiffre d’affaires mondial de la musique en streaming devrait, à terme, quasiment doubler entre 2015 (3,3 milliards de dollars) et 2020 (6,22 milliards de dollars), selon les estimations de Statista.

La majorité de ces revenus provient des abonnements à des plateformes de streaming musical tels que Spotify ou Apple Music: en 2015, ils ont généré 2,3 milliards de dollars. A eux deux, ils représentaient même 75% de tout  le revenu généré par l’industrie de la musique aux Etats-Unis au premier semestre 2018, selon la Recording Industry Association of America. La publicité représente également sur le marché mondial du streaming musical une source de revenue significative: en 2015 toujours, elle avait généré 600 millions de dollars.

La durée moyenne des titres a perdu 20 secondes en cinq ans

Le streaming devient ainsi “le nouveau modèle qui s’impose”, confirme Axel Destagnol, cofondateur et CEO (avec Joachim Mercier, CTO) de ClapCharts. Cette start-up française propose une application de découverte et un service de promotion d’artistes. Présent en France et aux Etats-Unis (50% du trafic de la plateforme), ClapCharts propose aux auditeurs de noter les musiciens. Ceux-ci peuvent alors émerger ou non en fonction des données d’engagement. L’entreprise a été fondée en décembre 2016 et lancée officiellement en février 2017.

Pour Axel Destagnol, “les rapports de force sont en train de bouger” entre les plateformes de streaming et les majors. A tel point que ce rééquilibrage mène à “une manière de produire de la musique particulière et qui est liée à la manière dont le revenu est distribué par les plateformes de streaming”: La durée des titres produits aujourd’hui, par exemple, rétrécit. Les artistes présents sur des plateformes telles que Spotify sont rémunérés au nombre de lectures. Ils ont ainsi intérêt à privilégier un grand nombre de titres courts à moins de titres plus longs.

Selon Quartz, entre 2013 et 2018, la durée moyenne des chansons présentes sur le Billboard Hot 100 est passée de 3 minutes et 50 secondes à 3 minutes et 30 secondes. Une perte de 20 secondes en cinq ans. Les derniers albums d’artistes comme Drake ou Kanye West, par exemple, contiennent plus de titres que leurs oeuvres précédentes, mais de plus courte durée.

Le modèle du streaming amène par-là à “aller chercher un volume de stream le plus important possible”.  Et donc à “cibler une audience jeune qui va avoir tendance à écouter des choses en boucle”, continue M. Destagnol. Que manque-t-il encore aujourd’hui à l’industrie mondial pour retrouver ses chiffres d’antan? “Un modèle qui s’impose réellement”, assure le CEO.

L’instantanéité, un enjeu crucial

Pour Axel Destagnol et Joachim Mercier, un point crucial pour les artistes actuellement réside dans le moment où la musique est lancée, soit la promotion, quasiment entièrement digitalisée. “Pour les artistes aujourd’hui, c’est assez simple de produire, de distribuer sa musique. En revanche, dès qu’elle est lancée, elle a tendance un peu à disparaître”, selon M. Destagnol. “Il n’y a pas de solution satisfaisante sur cette partie-là”.

C’est justement un point sur lequel travaille ClapCharts: “comment est-ce qu’on fait, quand la musique se lance, pour relier le titre (…) avec son audience potentielle d’auditeurs et de professionnels?”. Des éléments de réponse résident dans les avantages de l’instantanéité qu’offre le numérique, couplée à l’implication des auditeurs: “au moment où un artiste distribue sa musique, deux jours après, on peut voir s’il y a un potentiel hyper intéressant sur un titre, et donc le faire remonter dans nos playlists, ajoute le cofondateur de la start-up.

Aujourd’hui rentable, ClapCharts propose aux artistes des abonnements freemium à son service de promotion. L’idée est de pouvoir tester un titre gratuitement sur une diffusion de cinq jours, et décider ensuite de prolonger ou non la diffusion avec un abonnement, en fonction des retours. Les enjeux des prochains mois: faciliter autant que possible les interactions entre artistes, auditeurs et professionnels, en les automatisant.

Retrouvez l’interview complète d’Axel Destagnol, cofondateur et CEO de ClapCharts:

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