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Mieux comprendre notre besoin de reconnexion à la nature

Par Grégory Pouy, expert FrenchWeb

Stéphane Hugon est sociologue, je l’ai déjà reçu sur ce podcast pour parler de l’impact des smartphones sur nos générations.
Mais cette fois-ci, nous parlons d’une autre tendance: celle du retour à la nature.

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Si vous habitez en ville et à fortiori à Paris, vous avez sans doute remarqué que vous ressentiez un besoin de plus en plus pressent de vous reconnecter à la nature.
Que ce soit à travers la nourriture bio, des marches dans la forêt, voire un déménagement en zone rurale ou semi-urbaine, ou simplement l’arrivée de plantes et de matériaux bruts dans votre intérieur, cette tendance est partout.
Il est intéressant de voir ce mouvement de balancier assez fort ces derniers temps entre la sur-urbanisation et cet appel de la nature.

Un retour à la terre pour une besoin d’enracinement

Comme le souligne Stephane, nous avons d’abord eu un rapport à la terre très fort et ce que nous vivons aujourd’hui est donc un retour à la terre.
Dans notre imaginaire profond, nous avions un rapport d’égalité avec la nature mais avec la sédentarisation, l’agriculture et la création subséquente de la ville, nous avons désormais un rapport de prédation avec la nature.
Et alors que la ville était une promesse d’émancipation, de liberté et de modernité, elle génère de l’ennui car on y perd les relations primales avec la nature et la communauté.
On est, en ce moment, dans un moment particulier de notre imaginaire entre fascination d’un retour au végétal et aux éléments bruts dont on s’est peut être un peu trop éloigné avec l’accélération du modernisme des Trente Glorieuses.
Le paradoxe de la ville est d’avoir séparé la nature de la culture et de fait, la ville est devenue le lieu de l’artifice.
Mais que ce soit à travers les tendances sur Instagram #urbanjungle ou dans l’architecture et le design qui mêlent matières brutes et naturelles, nous essayons de nous enraciner d’une manière ou d’une autre.
Il y a une nostalgie dans le rapport que l’on a avec les matériaux de la nature.
Selon Stéphane, nous assistons à un basculement entre la société industrielle du 20ème siècle et une nouvelle ère plus en lien avec la réalité de production.
Le modèle industriel nous a apporté beaucoup de confort mais a fragilisé le lien social entre les gens qui produisent et les gens qui consomment.
Derrière la nostalgie de la terre, il y a une manière subtile d’essayer de reconstituer des formes communautaires et artisanales, qui permettent de donner un rôle à chacun et de créer une co-dépendance.
Cela donne un esprit de groupe et de l’utilité à chacun.
D’ailleurs, il y a plusieurs décennies le mouvement luddiste voulait déjà détruire les machines car si elle produisaient plus vite, elle détruisaient le lien social.

La nature: une culpabilité de dévastation

En Europe, nous avons unApple-converted-space »>  rapport de culpabilité vis à vis de la nature qui ne se retrouve pas nécessairement dans d’autres pays.
Ainsi, nous essayons de rétablir un rapport de l’Homme avec son environnement.
Comme l’explique Stéphane, après une tendance à la standardisation des fruits et des légumes (poids, couleurs, formes, tailles), il y a toute une tendance autour du cuisiner ensemble mais aussi dans le plaisir d’éplucher soi-même ses légumes, s’émerveiller de la couleur et du toucher des légumes sans parler de cette campagne publicitaire pour les fruits et légumes « moches ».
Le « bio » nous rappelle cette mémoire ancienne du rapport à la nature.
Toutefois, selon Stephane Hugon, le vegan s’inscrit dans un paradoxe car il fait intervenir des émotions humaines (un rapport de non prédation, de sensibilité) dans le rapport à la nature qui est basé sur la « loi de la jungle ». Loin de promouvoir l’abattage en chaîne et l’industrialisation de masse de la production de viande, il remet par contre en cause les fondements du vegan.
Cette tendance est un peu, comme le rappelait Isabelle Saporta, un retour de mouvement de balancier ici aussi après des années d’exploitation horrible des animaux.
On produit du politique là où il y a de l’animalité.
Comme il le rappelle, il s’agit surtout et avant tout de vouloir rétablir un équilibre harmonieux entre les Hommes et la nature.

Les survivalistes: l’indice d’une transformation du lien social

Avec Stéphane, nous abordons également cette tendance du survivalisme.
Si vous ne connaissez pas, il s’agit d’envisager la fin de la civilisation ou en tous cas, la fin de notre modèle de société et donc de survivre dans des conditions extrêmes sans le confort matériel classique.
Il s’agit donc d’un retour très brutal à la nature mais aussi à la force et à tout ce que l’on peut imaginer dans ce genre de situation.
Pour lui, il s’agit plus d’un rapport social, il y a ce besoin de se préparer et de se méfier mais aussi de reconstituer cet espace, un petit territoire de confiance dans lequel les relations vont être beaucoup plus fortes et beaucoup plus entières.
Le survivaliste n’est finalement qu’un indice de la transformation du lien social qui considère que le lointain devient quelque chose de suspect et néfaste et qu’il faut se rapprocher d’un localisme, c’est à dire ceux avec lesquels je vais lutter contre l’alterité.
On se méfie des autres, pour reconstituer entre nous une relation qui avait disparu.
Quand on y pense, on rejette sur l’autre, la fragilité de notre propre lien social.

L’expert:

gregory-pouy

 

Grégory Pouy est le fondateur de LaMercatique, un cabinet de conseil de transformation digitale axé sur la partie marketing. Basé entre New York et Paris, il est «expert» marketing pour FrenchWeb.fr. Pour suivre ses écrits et échanger avec lui

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