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Navigation: des drones au cœur du nouveau système anti-mines franco-britannique

AFP

La France et le Royaume-Uni, qui coopèrent sur la succession de leurs navires chasseurs de mines hors d’âge, s’apprêtent à passer commande des premiers systèmes plaçant les drones au cœur de la lutte contre ces menaces pour la navigation. La ministre française des Armées, Florence Parly, se rend vendredi à Brest, en Bretagne (ouest), où sont testés les prototypes pour un « point d’étape » sur ce Système de lutte anti-mines du futur (SLAMF) avant une commande coordonnée avec les Britanniques attendue pour octobre, selon le ministère. Comme les Français ont besoin de « blanchir la zone » de toute mine aux abords du goulet de Brest pour pouvoir déployer en toute sécurité leurs sous-marins porteurs de missiles nucléaires (SNLE), « les Britanniques ont besoin de sécuriser leurs sorties de SNLE depuis (leur base écossaise de) Faslane », explique le ministère.

La coopération dans le domaine de la guerre des mines s’est initiée après les accords militaires de Lancaster House de novembre 2010 signés entre les deux pays. Face à des chasseurs de mines qui doivent être désarmés à partir de 2022 et « à des mines de plus en plus furtives, on a besoin de progresser dans la capacité de détection et de neutralisation » de ces engins, justifie-t-on au ministère, en évoquant un « changement doctrinal: on éloigne l’homme de la menace pour passer à un système dronisé ». Là où les 11 navires français spécialisés, avec 33 membres d’équipages, et les 13 bâtiments britanniques doivent s’engager dans le champ de mines pour les détruire, le futur système permettra de rester à 12 nautiques (20 kilomètres) de distance et ne nécessitera qu’une dizaine d’opérateurs.

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Et la nouvelle génération sera « dix fois plus précise en termes de résolution » pour identifier un engin et aura une capacité à traiter une zone trois fois plus rapidement. Chaque système comprend deux vedettes-drones de surface de 12 mètres de long construites par la société britannique ASV (filiale de l’américain L3 Harris). Celles-ci emportent pour l’une un sonar remorqué allant à 200 mètres de profondeur, afin de détecter les mines, pour l’autre un robot téléopéré développé par le suédois Saab et qui ira déposer une charge sur la mine pour la faire détonner.

Bateaux-mères

Le système est complété par deux drones sous-marins construits par le Français ECA Group, dont la fonction est de détecter la mine et d’en préciser le type, et par un poste de contrôle installé dans un conteneur et conçu par Thales ainsi que les logiciels faisant appel à l’intelligence artificielle. Le groupe français, implanté des deux côtés de la Manche, « a une avance technologique car on a commencé tôt » à travailler sur le sujet, se félicite Alexis Morel, directeur général de Thales Underwater Systems, qui voit dans ce projet « l’occasion de montrer que malgré le Brexit, les deux pays ont des intérêts de long terme communs ». Un projet américain similaire a été abandonné par l’US Navy en 2016 après 700 millions de dollars dépensés.

Le programme franco-britannique, mené sous l’égide de l’organisme européen de coopération en matière d’armement (Occar), a coûté à ce stade 150 millions d’euros répartis entre les deux pays, auxquels s’ajoute un investissement en propre de Thales de 50 millions, selon M. Morel. Paris et Londres doivent commander en octobre chacun quatre systèmes via l’Occar pour une livraison à partir de 2023, selon le ministère des Armées. Selon une source proche du dossier, le coût d’un système est d’environ 50 millions d’euros.

La France devrait ensuite passer commande d’un autre lot de quatre systèmes et commander en 2022 quatre à six bâtiments de guerre des mines (BGDM), une sorte de bateaux-mères qui permettront d’emporter le conteneur de commandes et des plongeurs-démineurs. La Belgique et les Pays-Bas ont eux passé commande de 12 systèmes de lutte contre les mines à un consortium mené Naval Group à l’issue d’une concurrence fratricide avec son actionnaire Thales. Selon la source ministérielle, « on va discuter avec les Belges et Néerlandais pour voir si on peut collaborer » sur les BGDM.

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