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Netflix va ouvrir un bureau à Paris et doubler sa production en France

Avec l'AFP

Quatre ans après son lancement en France, Netflix passe à la vitesse supérieure avec l’ouverture d’un bureau parisien en 2019 et l’annonce de sept nouveaux programmes, afin de satisfaire des abonnés français de plus en plus nombreux, mais aussi faire face à une concurrence accrue. «Nous doublons nos investissements en France» avec sept nouveaux programmes, a annoncé le PDG Reed Hastings, de passage à Paris jeudi sur le site du tournage de la série d’anticipation Osmosis.

La plateforme de vidéos à la demande par abonnement investit «plusieurs dizaines de millions d’euros», avec trois nouveaux projets de séries françaises et l’achat de trois films et d’un documentaire français, qui s’ajoutent aux sept programmes hexagonaux déjà annoncés ces derniers mois. L’échec relatif de sa première série française Marseille, laminée par la critique et annulée après deux saisons, n’a pas refroidi la plateforme : Reed Hastings estimant même que c’est «une bonne série», «raisonnablement populaire». «Notre plus gros succès international aujourd’hui est La Casa de Papel et nous cherchons à produire davantage de programmes de ce type, nouveaux et qui voyagent bien», a précisé le patron de la firme américaine.

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3,5 millions d’abonnés dans l’Hexagone 

Parmi les nouveaux projets : une série comique où une bande d’amis transforme en «coffee shop» une boucherie sur le déclin, une série d’horreur où les personnages monstrueux créés par une romancière prennent vie et une série de vampires adaptée d’un roman de Thierry Jonquet. S’y ajoutent deux documentaires, dont Solidarité écrit par Stéphane de Freitas, le réalisateur du très remarqué À voix haute qui suivait un concours d’éloquence à Saint-Denis, et deux films, dont Banlieusards réalisé par le rappeur Kery James.

Pour accompagner ces nouvelles productions, Netflix rouvre un bureau à Paris, sur le modèle de son bureau londonien, qui emploiera une équipe de 20 personnes, avec des embauches à la clé. La plateforme avait installé une petite équipe à Paris à son arrivée en 2014, mais elle l’avait rapidement fermé et transféré aux Pays-Bas : «C’était trop tôt. Aujourd’hui nous investissons parce que notre base d’abonnés français croît rapidement», explique Reed Hastings.

Sans dire le nombre exact de ces abonnés en France, le patron a confirmé qu’il avoisinait les 3,5 millions, chiffre qui circulait dans la presse. Au total, la plateforme affirme compter 130 millions d’utilisateurs dans 190 pays. Les bureaux français ne comprendront pas de studios, contrairement aux locaux espagnols de Netflix, et les lieux de tournage seront disséminés en région parisienne.

Salto, la riposte de TF1, M6 et France Télévisions 

Pour Netflix, cet accroissement des créations originales permet d’anticiper le tarissement de certains diffuseurs qui souhaitent lancer leurs propres plateformes, à l’instar de Disney ou de France Télévisions. Le groupe dirigé par Delphine Ernotte a en effet noué une alliance avec TF1 et M6 pour créer la plateforme commune de vidéo à la demande Salto. «Nos fournisseurs deviennent nos concurrents, cela signifie que nous devons faire plus de productions originales, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous produisons autant de contenus, pour nous y préparer», indique-t-il.

Ce coup d’accélérateur permet aussi de répondre à la législation européenne, qui prévoit la mise en place d’un quota de 30% de programmes européens pour les plateformes de streaming. Sans dire exactement quelle proportion du catalogue de Netflix est d’origine européenne, Reed Hastings admet que c’est «en-dessous de 30%» : «Nous avons du travail à faire. C’est une règle difficile. Mais nous nous y conformerons» a-t-il assuré, précisant qu’il y avait encore des points à éclaircir comme la prise en compte ou non des programmes britanniques. «Nous voulons être de bons citoyens européens, éviter les problèmes et être proactifs en matière fiscale et sur les investissements locaux», résume-t-il.

Les relations entre Netflix et le milieu du cinéma, notamment des festivals, ont été chaotiques ces derniers mois, la plateforme refusant de sortir ses films en salle dans les pays où la loi impose un délai avant la diffusion en VOD. Ainsi, Roma, son film couronné du Lion d’or à Venise, ne sortira pas au cinéma en France, a confirmé Reed Hastings. Pour montrer sa bonne volonté, Netflix a dit avoir conclu un accord avec le CNC pour contribuer au financement du cinéma français.

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