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News+ d’Apple, leurre ou planche de salut pour la presse?

AFP

News+, le kiosque en ligne d’Apple » target= »_blank » rel= »noopener »>Apple, peut-il être une planche de salut pour la presse ? Pourquoi certains médias refusent-ils d’y participer ? Quelles sont ses chances de succès dans des pays comme la France? Voici des éléments de réponse sur une initiative qui fait débat.

Qu’apporte News+ à la presse?

Réservé pour le moment aux Etats-Unis et au Canada, News+ donne accès à plus de 300 titres moyennant un abonnement à 9,99 dollars par mois. Le principal atout pour les journaux est l’accès clé en main à l’immense base d’utilisateurs d’Apple (1,3 milliard d’utilisateurs d’iPhone et d’iPad dans le monde). Le Wall Street Journal et le Los Angeles Times, les deux grands quotidiens qui ont adhéré au service, « semblent y voir une opportunité pour faire connaître leurs contenus à un public plus large», explique à l’AFP Rick Edmonds, analyste des médias à l’institut Poynter, basé en Floride.

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« De nombreux magazines commencent tout juste leur mutation vers les abonnements numériques, et cela peut être vu comme un investissement» dans ce sens, dit-il, en plus de les aider à toucher « un public plus jeune que leur lectorat» sur papier. « Pour le ventre mou de la presse, qui a du mal à vendre des abonnements numériques, le service d’Apple va leur offrir une fenêtre de visibilité, un dynamisme, et leur permettre d’être mieux exposés», abonde Jean-Frédéric Lambert, président du kiosque numérique français ePresse, soulignant qu’être visible sur la Toile « c’est un travail de titan qui demande beaucoup d’investissements».

Pourquoi est-il boudé par certains médias?

La plupart des quotidiens américains dont les titres prestigieux que sont le New York Times ou le Washington Post ont refusé pour le moment d’adhérer au service. « Les très gros éditeurs qui ont passé des années à se constituer un portefeuille d’abonnés numériques ne vont pas y renoncer, car si leurs articles se retrouvaient dans le service d’Apple, pour 10 dollars par mois, leurs lecteurs se désabonneraient. Il y a un risque de cannibalisation terrible», explique M. Lambert. En outre, la marque à la pomme se montrerait trop gourmande vis-à-vis de ses partenaires. « On parle d’un partage des revenus à 50/50» entre Apple et les éditeurs de presse, rappelle M. Edmonds. « L’attrait du service, c’est le nombre gigantesque d’utilisateurs d’Apple, mais en matière de revenus, je ne trouve pas que ce soit particulièrement attractif», avec 300 publications qui devront se partager la manne.

« Apple veut appliquer le même modèle que dans la musique, où les chansons sont rémunérées moins d’un centime (de dollar ou d’euro) par écoute», relève M. Lambert. Même si en cas de grand succès, « à la fin ça peut faire des millions». Par ailleurs, Apple, au nom de la protection des données des utilisateurs, fournira très peu d’informations sur les lecteurs aux journaux. Enfin, le contrôle éditorial exercé par le groupe, dont les équipes se chargent de la « curation » du service, semble dissuader certaines publications, qui craignent que leur ligne éditoriale soit brouillée.

Un tel service a-t-il des équivalents aux Etats-Unis?

Aux Etats-Unis, Apple se lance avec un coup d’avance, les abonnements de ce type n’étant pas répandus. News+ est issu de l’application Texture, rachetée par Apple il y a un an. Surnommée le « Netflix des magazines », elle permettait déjà la lecture de magazines sur tablette via un abonnement multi-titres. Mais le groupe a tout de même des concurrents sérieux, notamment « l’application Google News, qui est déjà très fluide et gratuite », souligne M. Lambert. Et « Apple avance en terrain miné », ajoute-t-il, car le groupe doit faire attention à ne pas s’attirer des plaintes pour abus de position dominante, comme dans la musique avec Spotify.

Apple News+ peut-il marcher dans des pays comme la France?

Le groupe à la pomme veut lancer d’ici la fin de l’année News+ au Royaume-Uni, avant de l’étendre en Europe. « Le schéma observé aux Etats-Unis avec d’un côté les grands éditeurs qui n’ont pas besoin de participer, et de l’autre les éditeurs moyens qui souffrent et seront tentés, risque de se retrouver un peu partout, y compris en France », prédit M. Lambert. Mais le cas de la France est particulièrement intéressant, car contrairement aux Etats-Unis, « le marché est déjà occupé », souligne-t-il. En effet, les opérateurs de télécoms y proposent tous des kiosques numériques (ePresse, LeKiosk ou SFR Presse) à leurs abonnés.

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