Notre-Dame: cinq choses à savoir sur la numérisation des monuments
AFP
Depuis l’incendie de Notre-Dame, des entreprises ou organisations, comme Targo, Art graphique et patrimoine, GE-A, Ubisoft ou l’université de Vassar (États-Unis) ont annoncé qu’elles possédaient des plans numériques de la cathédrale ou d’une de ses parties. Tour d’horizon des technologies et de l’utilité de tels plans numériques.
Précision au millimètre
La numérisation est extrêmement précise. Deux méthodes existent. D’abord la lasergrammétrie: « on utilise un scanner laser, qui fait de la mesure de points, en fonction de leur distance. Il transmet un maillage. Ensuite, on déplace le scanner», explique Loic Espinasse, chef de projets restitution à Archeovision. Les travaux d’Andrew Tallon, professeur à l’université de Vassar (Etats-Unis) décédé en novembre, sur Notre-Dame comptent plus d’un milliard de points, avec une précision de l’ordre de cinq millimètres pour la synthèse finale.
Deuxième méthode, la photogrammétrie: « on prend différentes photographies d’un même endroit et on joue sur la parallaxe pour créer du volume», après traitement informatique, résume Matthieu Spinazzola, chargé de production chez Akatimi. Les deux techniques sont complémentaires. « Parfois, on ne peut pas bien placer le scanner et on se repose sur la photo», relève par exemple Loic Espinasse.
Conservation mais aussi jeux vidéo
La conservation des monuments est la première raison de la numérisation. « On a longtemps eu cette envie, maintenant on a les capacités techniques», résume Matthieu Spinazzola. « Beaucoup de notre patrimoine est d’une fragilité alarmante» alerte-t-il. C’est « la détérioration de certaines sculptures de Notre-Dame», bien avant l’incendie, qui a poussé Frédéric Wajeman, dirigeant de Fx Deco à en numériser quelques unes « pour les conserver avant qu’elles ne disparaissent». Beaucoup de numérisations servent à garder des traces avant des travaux.
« On est intervenu depuis 25 ans sur Notre-Dame, notamment en fonction des chantiers», explique Gaël Hamon, dirigeant d’Art graphique et patrimoine. Mais la numérisation peut-être utilisée dans les jeux vidéo, comme Notre-Dame dans Assassin’s Creed d’Ubisoft. Toujours dans le ludique, la numérisation peut aussi servir à des visites virtuelles de lieux inaccessibles au public ou en trop mauvais état. Enfin, « on s’en sert aussi pour des formations, par exemple pour des pompiers qui sont amenés à intervenir sur un site, ou même des industriels», relate Matthieu Spinazzola.
Les historiens en soutien
Les historiens et autres spécialistes de ces monuments sont étroitement associés à ces travaux, lorsqu’il s’agit de reconstitution. « On a plusieurs architectes dans notre équipe», avance Gaël Hamon. « On est obligé de faire des choix dans les prises de vue du scanner, son positionnement, la résolution. Ils nous aident». Pour des rendus 3D, Matthieu Spinazzola explique: « on collabore aussi avec des historiens qui ont travaillé sur le monument. Il y a très souvent une part d’interprétation sur des monuments très anciens, par exemple pour le Rampant des Massues, un aqueduc gallo-romain à Lyon. Il y a des sources, mais elles ne sont pas suffisantes ou encore débattues.»
Toute reproduction n’est donc pas fiable à 100%. « Il faut bien prévenir que l’image obtenue est une reconstitution. Elle doit être contextualisée et on ne peut pas s’en servir sans esprit critique», recommande Loic Espinasse.
Des données gigantesques
La conservation des données est un enjeu pour la filière. Les travaux d’Andrew Tallon ont abouti à un téraoctet de données sur la cathédrale. Elles sont trop volumineuses pour être transmises par internet. « On possède énormément de données, c’est un défi de s’en occuper» explique Gaël Hamon, dont la société en possède « entre un et deux téraoctets. Et ça augmente rapidement!».
Laser: « la méthode n’est pas dangereuse»
Les modélisations pour les cathédrales s’appliquent aussi aux objets les plus petits et fragiles. « Ils sont indispensables pour rendre l’immersion dans une époque plus complète», explique Matthieu Spinazzola. Laser ou photo, « la méthode n’est pas dangereuse» insiste Gaël Hamon. « Le rayon du laser est classé en catégorie 1, comme la lumière d’une ampoule. Il y a 20 ans, c’était en catégorie 3».
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