Numérique: comment la pénurie crée une hausse des salaires des profils juniors
Teaminside-Aravati a publié la dernière édition de son Baromètre des salaires des métiers du digital. Le secteur est toujours aussi pénurique et certaines fonctions ont connu des bonds de salaire très significatifs.
Le manque de profils pour les métiers du numérique est amplifié par une pénurie plus générale qui concerne les professions cadres, explique Hymane Ben Aoun, co-présidente de Teaminside-Aravati, spécialisé dans les ressources humaines digitales. « Auparavant, quand nous avions du mal à trouver un profil digital, nous pouvions élargir en allant chercher des profils marketing, CRM. Aujourd’hui, même ces métiers sont devenus pénuriques », illustre-t-elle.
Analyse des données web, Customer Experience… les domaines en tension
Du côté des métiers les plus en tension, le Baromètre identifie trois grands types de domaines. Il y a les professions liées à l’amélioration de l’expérience client digitale ou omnicanale, c’est-à-dire les métiers de la Customer Experience. Puis on retrouve ceux autour de la data comme data analyst, data miner ou encore data scientist. Enfin, les professions liées à l’analyse des données web, c’est-à-dire être capable de tracer le parcours d’un internaute, d’où il vient, comment il vient, sont aussi concernés.
De 40 000 à 55 000 euros bruts par an pour un data analyst débutant
Côté salaires, la pénurie a créé, en un an, une hausse significative de la rémunération des profils juniors dans certains domaines. « Au moins sur les métiers de la data qui sont les plus complexes, nous avons essayé de mettre en regard les fourchettes de salaire de l’année dernière avec celles de 2018. Nous nous sommes rendus compte qu’il y a des écarts assez significatifs sur les 0-3 ans », illustre Hymane Ben Aoun. Un paramètre qui oblige les entreprises à revoir la façon dont elles recrutent. En effet, par manque de budget certaines choisissaient d’embaucher un profil plus junior et puis de le former, plutôt que de recruter directement une personne avec davantage d’expérience, une stratégie qui ne sera plus toujours possible.
Ainsi, selon le Baromètre, le salaire médian d’un data analyst entre 0-3 ans d’expérience est passé de 30 000-45 000 euros bruts par an en 2017 à entre 40 000 et 55 000 aujourd’hui. Pour un data scientist du même niveau d’expérience, la fourchette est passée de 35 000-55 000 à 45 000-65 000. La rémunération d’un web analyst débutant est elle passée de 30 000-45 000 euros bruts par an à 35 000-45 000.
Des métiers qui souffrent d’un déficit d’image
Teamside-Aravati a également réalisé un sondage en partenariat avec l’institut YouGov qui montre que même la jeune génération ne se projette pas facilement dans les métiers du digital. « Un problème d’auto-identification à ces métiers se détache : après explication du contenu du poste, seuls 3 Français sur 10 se projettent dans chacun de ces postes. Notons ici que la jeune génération, bien qu’ayant une meilleure connaissance de ces métiers, ne souhaite pas pour autant plus les exercer que leurs aînés », explique le rapport. Il faudrait ainsi continuer à travailler sur l’attractivité de ces métiers.
Retrouvez l’interview complète d’Hymane Ben Aoun, co-présidente de Teaminside-Aravati :
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A la vue de l’interview, j’ai quand même l’impression que les profils recherchés d’analyse data et comportement client sont plus des profils de statisticiens et sociologues ayant éventuellement une connaissance UX/UI que des profils « techniques ». Ce ne sont pas des profils que l’on trouve majoritairement en sortie d’école d’ingé/IUT/BTS. Vous parlez d’une demande de former les jeunes rapidement. C’est bien, cependant les offres avancent comme critères un bac+5 et/ou de l’expérience (même si certains clients acceptent de réviser leur critères) et d’ici 1 ou 2 ans le marché aura changé.