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Piégée par son propre modèle économique, Mention est mis en redressement judiciaire.

Comment Mention a vu son modèle économique se refermer sur lui-même

Fondée en 2012, au sein du start-up studio eFounders (désormais HEXA), Mention s’est imposée comme une référence du social listening, permettant aux entreprises de surveiller leur réputation en ligne grâce à une technologie de veille avancée. Son rachat par Mynewsdesk en 2018 devait marquer une nouvelle étape de son développement, mais cette transition a révélé des fragilités structurelles qui n’ont cessé de s’aggraver. En 2025, l’entreprise est placée en redressement judiciaire, prise au piège d’un modèle économique qui s’est progressivement refermé sur lui-même.

Dès ses débuts, Mention s’appuyait sur un accès aux données issues des réseaux sociaux et des sites de presse, un atout devenu son plus grand handicap. Pendant des années, ces informations étaient accessibles à faible coût, permettant à l’entreprise de proposer des abonnements attractifs. Mais l’écosystème a changé. Twitter, autrefois peu regardant sur la monétisation de ses flux, a drastiquement revu sa politique tarifaire, entraînant un coût annuel de plusieurs centaines de milliers d’euros pour Mention. Dans le même temps, l’accès aux données des médias traditionnels, autrefois centralisé via un seul prestataire, s’est complexifié, nécessitant des licences payantes auprès du Centre Français de la Copie (CFC) et de ses homologues européens.

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Face à cette montée des coûts, l’entreprise s’est retrouvée dans un paradoxe mortifère : plus elle attirait de clients, plus elle creusait son déficit. Le coût d’acquisition des données pour chaque abonné dépassait 80 euros par mois, alors que son offre était commercialisée entre 49 et 99 euros. Mention vendait donc à perte une grande partie de ses abonnements, ne dégageant qu’une marge infime sur ses clients premium.

En parallèle, la structure de coûts de l’entreprise s’est alourdie. Avec 65 collaborateurs, Mention n’avait pas atteint la taille critique nécessaire pour supporter une organisation intégrant en interne des fonctions supports comme la finance et les ressources humaines. L’entreprise aurait dû enregistrer une croissance annuelle d’au moins 30 % pour absorber ces charges fixes. Or, depuis 2018, son chiffre d’affaires stagnait, avant d’amorcer un déclin.

L’absence de dynamique commerciale n’a fait qu’accélérer la spirale descendante. L’équipe de vente, composée de cinq commerciaux, générait à peine 720 000 euros de chiffre d’affaires annuel, soit un ratio très insuffisant pour couvrir les coûts salariaux de 550 000 euros. Mention peinait ainsi à compenser l’érosion naturelle de son portefeuille clients, alors même que le marché devenait plus compétitif avec des consolidations comme le rachat de Linkfluence par Meltwater pour 50 millions d’euros.

En 2025, Mention attend 2,54 millions d’euros de revenus prévisionnels. Toutefois son revenu récurrent mensuel chute de 337 000 euros à 284 000 euros. 2025 s’annonce déficitaire à 1,56 million d’euros. 

Deux repreneurs, Agorapulse et le combo Antigon et Ekinox sont en lice pour racheter les actifs de la société.

 

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