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Plan «France 2030» : quelle est la place accordée par Macron aux startups de la French Tech ?

Quelques semaines après un épisode d’euphorie dans la French Tech avec 1,3 milliard d’euros levés en moins de 48 heures (580 millions d’euros pour Sorare, 473 millions d’euros pour Mirakl, 178 millions d’euros pour Vestiaire Collective et 85 millions d’euros pour Sunday) et au lendemain de l’émergence d’une nouvelle licorne (Swile) dans le paysage technologique français, Emmanuel Macron a présenté le plan de relance «France 2030», doté de 30 milliards d’euros, qui doit dessiner le paysage économique tricolore dans le monde post-Covid. Objectif du président de la République : faire de la France «une grande nation d’innovation». Et pour y parvenir, l’actuel locataire de l’Élysée a prévenu : «Si on ne réindustrialise pas le pays, on ne pourra redevenir une nation d’innovation et de recherche.» 3 à 4 milliards d’euros seront dépensés dès l’an prochain et intégrés au projet de budget 2022 dont l’examen vient de débuter au Parlement.

A six mois de l’élection présidentielle, ce plan «France 2030», dévoilé devant près de 200 chefs d’entreprises, ministres, élus, étudiants et chercheurs, réunis à l’Elysée, vise en effet à réconcilier innovation et industrialisation. Le chantier est immense dans la mesure où la France a perdu près de deux millions d’emplois industriels au cours des trois dernières décennies. Et si l’hémorragie est stoppée depuis 2017, l’industrie ne pèse aujourd’hui que 13,5% dans le PIB, quand elle en représente 22% en Allemagne.

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15 milliards d’euros à destination des «acteurs émergents»

Avec ces 30 milliards d’euros d’investissements étalés sur cinq ans, Emmanuel Macron veut que la France mise sur des secteurs d’avenir, comme l’hydrogène, le nucléaire, la mobilité propre, le spatial, la santé ou encore l’agriculture. «Ce plan a vocation à relever un certain nombre de défis de société avec trois grandes transitions : écologique, santé et alimentation», abonde l’Élysée. Pour réussir ces trois grandes transitions, le gouvernement fait «le pari de l’innovation et de la prise de risque».

C’est «ce qui fait la nouveauté de ce plan», indique l’Élysée, qui ajoute qu’il est prévu de «consacrer 50% des montants de ce plan à des acteurs émergents, notamment des start-up». Autrement dit, ce sont donc près de 15 milliards d’euros qui seront investis pour permettre aux start-up d’être les fers de lance de l’innovation et de la réindustrialisation de la France. C’est «un changement de paradigme par rapport au plan traditionnel», estime l’Élysée.

Le plan de relance «France 2030» de 30 milliards d’euros vient en effet s’ajouter aux 140 milliards d’euros de mesures d’urgence déployées durant la crise et au plan de relance de 100 milliards d’euros dévoilé il y a un an. Dans ce dernier, le numérique avait bénéficié d’une enveloppe de 7 milliards d’euros, dont 3,7 milliards directement fléchés vers les start-up. Le plan annoncé ce matin par Emmanuel Macron fait donc basculer la French Tech dans une autre dimension. Les start-up ne sont plus considérées comme un complément d’innovation et de croissance par rapport aux grands groupes. Désormais, elles portent l’innovation tricolore et incarnent l’économie de demain. Ces dernières années, le président de la République a d’ailleurs présenté plusieurs plans en faveur de la Tech, comme la feuille de route de la France dans le secteur de l’intelligence artificielle en 2018 et un plan de 1,8 milliard d’euros pour faire de la France un leader mondial dans le quantique en début d’année.

5 milliards d’euros pour les start-up DeepTech et leur industrialisation

Évidemment, la moitié des 30 milliards d’euros alloués à ce plan de relance n’est pas directement attribuée aux start-up. Il s’agit de sommes débloquées pour différents secteurs dans lesquelles évoluent la plupart des jeunes pousses et dont elles pourront bénéficier. Ainsi, les 8 milliards alloués au secteur de l’énergie pour permettre à la France de devenir «un leader de l’hydrogène vert», décarboner son industrie et développer le nucléaire de demain, les 6 milliards pour l’autonomie électronique ou encore les 4 milliards pour la mobilité propre, notamment pour «produire en France 2 millions de véhicules électriques et hybrides» d’ici 2030, pourront profiter à certaines start-up, à l’image d’Hopium, qui ambitionne de mettre sur orbite une berline haut de gamme alimentée par l’hydrogène. «Toutes les enveloppes profiteront aux start-up, ce sont des lignes transversales», indique l’Élysée.

Si toutes les lignes budgétées dans le plan bénéficieront aux start-up, il y en une en particulier qui leur est dédiée. Il s’agit d’une enveloppe de 5 milliards d’euros qui doit permettre de «faciliter l’émergence de start-up DeepTech et leur industrialisation». L’Élysée précise que «2 milliards d’euros vont abonder les fonds DeepTech de Bpifrance et 3 milliards d’euros pour renforcer les fonds Tibi visant à aider les scale-up». Ces montants visent à soutenir davantage les start-up DeepTech à l’origine d’innovations de rupture dont le développement prend plus de temps que d’autres start-up. L’enjeu est aussi de «faire émerger de très gros fonds», indique Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques. Aujourd’hui, peu de fonds misent sur la DeepTech en France, à l’exception d’Elaia et Daphni sur le segment early-stage ou encore le fonds Quantonation qui a vu le jour en 2018 pour soutenir les start-up spécialisées dans les technologies quantiques.

1 milliard d’euros pour la formation dans les métiers du numérique

Outre ces 5 milliards d’euros pour soutenir l’industrialisation des start-up, le plan «France 2030» alloue également 1 milliard d’euros à la formation dans les métiers du numérique. La moitié de cette somme sera fléchée vers les métiers dans l’intelligence artificielle, secteur qui a vu de nombreux talents français être captés par les GAFA, à l’image du Français Yann Le Cun, le patron de la recherche en intelligence artificielle chez Facebook.

Mais les choses ont changé ces dernières années, plus encore ces derniers mois, avec l’émergence de nombreuses pépites dans la French Tech, qui deviennent de plus en plus attractives aux yeux de talents français et internationaux. Et pour cause, les 120 entreprises présentes dans l’indice Next 40/French Tech 120 représentent désormais plus de 160 000 emplois directs et indirects dans l’Hexagone. Et elles devraient en créer 200 000 de plus d’ici 2025, selon les estimations de Roland Berger.

Ce plan désormais annoncé, il reste encore à mette en place son pilotage et sa gouvernance. Une question qui devrait être réglée d’ici la fin de l’année. Mais le cap fixé par Emmanuel Macron est déjà bien défini : «L’opposition entre start-up et industrie est une opposition du XXIème siècle. Notre pays va se réindustrialiser par des start-up industrielles. L’innovation de rupture ne se fait plus dans les grands groupes, la valeur ne se fait plus dans les grands groupes.» Une formule qui devrait faire grincer quelques dents parmi les patrons du CAC 40, d’autant plus que le gouvernement ambitionne d’envoyer une start-up de la French Tech au principal indice de la Bourse de Paris d’ici 2025. Cette nouvelle étape de la Tech française sera notamment portée par Clara Chappaz, Chief Business Officer de Vestiaire Collective, qui succèdera à Kat Borlongan à la tête de la Mission French Tech le 1er novembre prochain.

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