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Pourquoi Balderton Capital lance un nouveau fonds de 400 millions d’euros

Avec l'AFP

Balderton Capital, fonds d’investissement spécialisé dans les nouvelles technologies, est considéré comme l’un des plus prestigieux d’Europe, avec Accel Partners, Atomico et Index Ventures. Il s’agit aussi, selon la plateforme Dealroom, de l’investisseur en série A le plus actif d’Europe entre 2014 et 2018. A l’origine du fonds d’investissement se trouve la société de capital-risque californienne Benchmark Capital, investisseur historique d’eBay ou encore Twitter.

Après avoir bouclé un fonds de 314,5 millions d’euros fin 2017 destiné aux séries A, Balderton, basé à Londres, a lancé mardi un nouveau fonds d’investissement de 400 millions de dollars pour continuer à financer les startups européennes en early-stage. Il devrait être investi, comme le précédent, à hauteur de 15 à 20% en France. Il s’agit du septième fonds de Balerton depuis sa création en 2000. Il a été levé auprès d’un mix d’investisseurs nouveaux et historiques européens, américains et asiatiques et sera géré par une équipe d’investissement de 15 personnes à travers l’Europe. Au total, Balderton Capital détient désormais plus de 3 milliards de dollars sous gestion en Europe.

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A rappeler aussi que fin 2018, la société de capital-risque avait lancé Balderton Liquidity I, un fonds secondaire distinct dédié à la prise de participations dans les scaleups européennes.

Les startups françaises doivent s’internationaliser plus vite

Piloté par Bernard Liautaud depuis 2016, Balderton, qui ne mène pas de tours de table en séries B, C ou D, lance ce nouveau fonds « dans un contexte de dynamique sans précédent au sein de l’écosystème tech européen », affirme la société: un nombre de séries A qui a quadruplé depuis 2012, un montant total de financements en capital-risque qui est passé de 11,5 milliards d’euros en 2014 à un record de 24,6 milliards en 2018. Plus tôt cette année, Creandum, soutien de Spotify, a par exemple lancé un cinquième fonds européen de 300 millions de dollars, Accel Partners a lancé un nouveau fonds de 575 millions de dollars pour l’Europe et Israël, InfraVia a lancé un fonds dédié à la Tech de 300 millions d’euros

Avec un grand nombre de fonds lancés cette dernière année en Europe se pose la question de la pertinence de la valorisation des entreprises Tech européennes. Certaines sociétés de capital-risque peuvent se sentir contraintes d’investir de nouveau dans une entreprise pour ne pas signaler de mauvais résultats au marché ou simplement pour se montrer « founder-friendly ».

Selon Bernard Liautaud, qui a également fondé l’éditeur de logiciels Business Objects, racheté pour 4,8 milliards d’euros par SAP en 2008, les startups françaises doivent s’internationaliser plus vite si elles veulent rejoindre le club des meilleures valorisations européennes, pour l’instant surtout réservé aux pépites britanniques, scandinaves ou du Benelux, a-t-il estimé dans un entretien à l’AFP.

« Nous avons finalement développé un portefeuille très intéressant en France depuis quelques années », selon M. Liautaud, dont la société a au début beaucoup investi au Royaume-Uni. « Nous avons décidé d’avoir une équipe basée à Paris pour repérer les meilleures entreprises françaises », et « cela se traduit dans les chiffres », indique-t-il.

Pourtant, les pépites françaises n’ont pas encore réussi ces sorties qui font rêver les investisseurs en capital-risque, comme celle du Suédois Spotify (29,5 milliards au prix d’introduction en avril 2018) ou du Néerlandais Adyen (7,1 milliards en juin 2018). Pour M. Liautaud, ce déficit n’est pas dû à des difficultés des startups françaises à trouver le capital pour grandir, mais plutôt à un moindre appétit de croissance internationale, la seule à même d’attirer en masse les investisseurs et de décrocher le gros lot boursier.

« C’est moins dans l’ADN français de s’internationaliser vite (…) en partie parce que le marché français est assez large » et qu’un entrepreneur français « peut imaginer une stratégie de croissance sur le marché français et de pays autour » seulement. « Si vous êtes une boîte danoise, vous ne posez pas la question de l’internationalisation 36 fois, votre marché de toute façon est trop petit », selon lui.

Pas encore de lancement dans le fonds de croissance

« Chez Balderton, on pousse les entrepreneurs à avoir une stratégie qui soit la plus globale possible dès le premier jour (…) Dès la première ou la deuxième année il faut commencer à aller sur les marchés internationaux, en particulier les Etats-Unis », estime-t-il.

Balderton ne se lance pas encore dans le fonds de croissance, où les investissements se concentrent sur des jeunes pousses déjà confirmées et se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions d’euros, qu’Emmanuel Macron et le gouvernement voudraient voir se développer en France.

« Ce n’est pas impossible » qu’un jour Balderton lance ce type de fonds, indique Bernard Liautaud, mais « nous n’avons pas pris encore cette décision ». Pour l’investisseur en tout cas, « les fondamentaux continuent à être bons » pour miser sur des jeunes pousses européennes, malgré les nuages sur le paysage économique mondial. « Mais ce qui est de plus en plus clair aujourd’hui, c’est que les investisseurs doivent se focaliser sur des entreprises qui vont avoir, pas forcément au premier jour mais au bout du compte, un modèle d’affaires vertueux ». A l’inverse par exemple de WeWork, le groupe américain de location d’espace de travail qui a dû renoncer à s’introduire en Bourse et dont la valeur s’est effondrée.

« Les investisseurs commencent à discerner qu’il y a des entreprises dont les modèles sont très bons et qui ont des multiples (possibilité de valorisation) incroyables, et d’autres pour lesquelles ce n’est plus du tout le cas », constate M. Liautaud.

Retrouvez notre interview de Bernard Liautaud, managing partner de Balderton Capital, en 2017:

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