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Pourquoi Getir, la licorne turque valorisée à 6,3 milliards d’euros, peut conquérir Paris

AFP

C’est un nouvel acteur de poids dans la bataille internationale pour la livraison de courses ultra-rapide: Getir, une entreprise turque fondée en 2015 qui vient de se lancer à Paris, est devenue incontournable dans son pays d’origine et est valorisée plus de 6,3 milliards d’euros. 

Le «luxe de la livraison à domicile» accessible

Getir, en turc, c’est « apporte! » Une injonction pour cette entreprise qui veut rendre « le luxe de la livraison à domicile » accessible, explique à l’AFP son fondateur Nazim Salur. Envie d’une glace? Besoin d’un ingrédient manquant? Les livreurs de l’entreprise ont pour mission de l’apporter en moins de 10 minutes, grâce à une multitude d’entrepôts, des « dark stores », dont les rayonnages n’accueillent pas de public, mais des livreurs.

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L’entreprise, vieille de six ans, est aujourd’hui active dans 40 villes turques, où elle est la seule à proposer ce service de livraison ultra-rapide d’environ 1 500 références, un assortiment resserré mais qui doit couvrir l’essentiel des produits souhaités par les consommateurs. Elle s’est lancée à l’international début 2021 à Londres (janvier), Amsterdam (mai), Berlin (juin) et Paris depuis lundi, en attendant les Etats-Unis « au quatrième trimestre ».

Un marché embryonnaire

En France, le marché de la livraison à domicile reste embryonnaire, selon des données du spécialiste de la consommation Nielsen IQ: sur 4,7 milliards d’euros de courses alimentaires réalisées en ligne (sur un an en juin 2021), il ne pèse que 374 millions d’euros, soit 7%, bien loin derrière le ‘drive’ (92%). Mais Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ, précise que le marché « se développe bien », quoique « pas partout ».

À Paris, Getir a ouvert cinq entrepôts et recruté une centaine de personnes permettant de livrer « la plupart des quartiers de la ville ainsi que Levallois-Perret », selon Berker Yagci, directeur général de Getir France. Hors de ses frontières, la concurrence s’annonce plus relevée sur ce segment de la livraison ultra-rapide, où les Allemands Flink ou Gorillas, ou encore le français Cajoo se sont lancés récemment.

Des soutiens puissants

Getir a une force de frappe conséquente: la deuxième « licorne » (entreprise valorisée plus d’un milliard de dollars) de Turquie après le studio de développement de jeux vidéo Peak Games a levé presque un milliard de dollars depuis début 2021. La dernière levée, début juin, la valorise à 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros). Les fonds qui la soutiennent sont prestigieux: les californiens Sequoia Capital et Silver Lake, ou encore Mubadala Investment Company, un fonds d’investissement souverain de l’émirat d’Abu Dhabi. « Nous avons été à l’origine de cette idée » de livraison ultra-rapide, déclare Nazim Salur pour justifier sa capacité à lever de telles sommes. « Nous avons la connaissance, le savoir-faire, l’équipe et les données ». Surtout, « nous sommes une activité qui fonctionne dans un pays de 84 millions de personnes, pas un projet ».

Modèle social « hybride »

Quid de la soutenabilité économique d’un service qui coûte cher au client (10% de plus en moyenne en Turquie), et encore plus à l’entreprise? « Avec des paniers de trois ou quatre articles, on peut se poser la question », observe Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ. « Mais avec des paniers plus importants, vous allez baisser les coûts fixes. C’est toute la difficulté pour ces enseignes qui proposent un assortiment court ». Nazim Salur assure, lui, que Getir est rentable dans les villes turques où elle « est présente depuis le plus longtemps ».

La contrainte du service en dix minutes suscite néanmoins des inquiétudes sur les conditions de travail des livreurs, au sein de cette entreprise qui propose aussi de la livraison de plats préparés ou, plus récemment, de gros bidons d’eau potable, comme chez d’autres. Nazim Salur assure que son entreprise est « la meilleure dans laquelle travailler pour un livreur en Turquie », et Getir dit n’avoir connu « aucun mouvement de grève, ni de litiges sur de prétendus licenciements abusifs » depuis sa création. En Europe, il entend s’appuyer sur un modèle « hybride » avec des livreurs salariés, et d’autres indépendants.

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