Pourquoi l’industrie du jeu vidéo approche d’une phase de transition
AFP
Les aides en tous genres représentent désormais plus du quart du budget de production des studios français de développement de jeux vidéo, selon le baromètre annuel du secteur publié jeudi par le syndicat national du jeu vidéo (SNJV) et l’Idate.
Suite à une réforme en août 2017 du Crédit d’Impôt Jeu Vidéo (CIJV) qui double notamment le plafond annuel à 6 millions d’euros par société, cette aide a représenté en moyenne en 2019 quelque 11% du budget de production, contre 3% en 2018. En ajoutant les aides du Fonds d’aide au jeu vidéo (FAJV), les aides européennes et régionales, le total du soutien public dans le budget de production atteint 27% en moyenne en 2019.
« La France a décidé depuis quelques années de soutenir cette industrie et elle peut se satisfaire de l’utilisation de ces aides », a expliqué à l’AFP Laurent Michaud, consultant sur les industries créatives à l’Idate, qui précise par ailleurs que plus d’un studio sur deux y a aujourd’hui recours. « Cela ne doit pas nous conduire à dire que cette industrie est sous perfusion parce que les sources de financement restent diverses, la première d’entre-elles étant l’autofinancement », a-t-il ajouté.
Celui-ci représente désormais en moyenne 50% du budget de production des studios. L’année dernière, il atteignait 55,4%. L’étude note par ailleurs que les banques ne sont « pas encore suffisamment partie prenante » dans le développement du secteur.
« On sait que le jeu vidéo a encore des difficultés pour se faire financer », a d’ailleurs déclaré le secrétaire d’État chargé du numérique Cédric O, lors de la présentation de l’étude chez l’éditeur de jeux pour mobiles Voodoo, à Paris. « On continuera le Crédit d’Impôt Jeu Vidéo, qui honnêtement n’a pas été introduit par cette majorité, mais dont on voit les effets positifs », a-t-il ajouté, précisant vouloir créer les conditions de la « stabilité » demandée par le SNJV.
« Il est inquiétant de constater tous les ans des tentatives de coup de rabot sur le dispositif », avait plus tôt dénoncé le président du syndicat Lévan Sardjevéladzé.
En 2018, la situation financière des entreprises du secteur interrogées dans le cadre de l’étude (dont 70% de studios) s’est dégradée. 38% sont en déficit – la plus grande proportion depuis 2014 – et le même pourcentage dégage des bénéfices alors qu’elles étaient plus de la moitié en 2017. Malgré un contexte de croissance mondiale, porté par des transitions technologiques comme le jeu en streaming ou sur mobile, les perspectives semblent également plus ternes que l’année dernière, avec un ralentissement du nombre de nouveaux emplois prévus l’année prochaine (800 à 1 200 nouveaux emplois dont 550 à 800 emplois dans les studios). Enfin, le nombre de jeux en cours de production est resté stable à 1 200.
Le marché approche d’une « phase de transition » vers de nouvelles consoles de salon (PS5 chez Sony, nouvelle Xbox chez Microsoft) qui seront commercialisées entre 2020 et 2021, et les entreprises qui devront s’adapter à ce nouvel environnement font donc preuve de « prudence », a expliqué Laurent Michaud.
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