Pourquoi refuser un investissement et quitter la France fut la meilleure décision pour notre start-up?
Àla fin de nos études avec mon associé, nous étions bien motivés à poursuivre le développement de notre app : Debtr. Plutôt que de serrer la main à des investisseurs et de rester sur Paris, on a préféré déménager sous les cocotiers pour économiser et garder ainsi notre indépendance. En plus de réduire drastiquement nos dépenses, on s’est installé dans un espace de coworking ce qui a eu de grands bénéfices pour notre projet.
Cela fait maintenant trois mois que nous nous sommes installés dans un coworking à Chiang Mai, Thaïlande. Depuis on a fait beaucoup de rencontres, sorti une nouvelle version, élaboré un business model et pris des coups de soleil en plein hiver. Voici le récit de notre expérience.
Chiang Mai
Pour assurer le coup on a déménagé dans la Mecque des «digital nomads» : Chiang Mai. Deuxième ville la plus peuplée de Thaïlande, elle n’a rien à voir avec Bangkok. La ville est collée à un parc national et compte peu d’immeubles. Alliant un des coûts de la vie les plus bas au monde, un très bon accès internet et des centaines de cafés et de coworkings, le tout dans un pays bouddhiste, Chiang Mai s’est construite une excellente réputation pour les digitals nomads et possède une communauté grandissante d’expatriés venant du monde entier qui dynamise la ville.
Mes dépenses fixes par mois à Chiang Mai :
#Loyer : 150€ #cowork : 120€ #Location scooter: 80€ #Nourriture: 150€#TOTAL = 500€
Le cowork
Pour bosser confortablement on a opté pour le coworking de Punspace avec ses deux localisations, un très spacieux dans la vieille ville, et un autre dans le quartier expatrié avec son petit jardin, notre préféré. Tous les deux sont très bien situés en plein centre, à deux pas de coffee shops, de bar à salades ou des bons vieux bui-bui pour manger local (et épicé) pour un euro.
Pour l’équivalent d’une centaine d’euros par mois on a accès 24/7 aux deux espaces, tous les deux très confortables : véritables chaises de bureaux, cuisine, douches, salles de réunion, skype room, sofa. On s’y sent vite chez-soi.
Avoir un lieu de travail confortable c’est top, mais le partager avec d’autres passionnés c’est encore mieux. À Punspace, on a découvert plein de profils différents et beaucoup de personnalités. Tout le monde est là pour la même raison : «get shit done», que ce soit pour quelques jours ou comme nous pour plusieurs mois. On a rencontré des développeurs, des designers, des bloggers, des entrepreneurs. C’est super inspirant comme atmosphère et bien plus motivant que de bosser chez soi. Les pauses sont propices aux rencontres et on se fait vite des amis. Les conférences organisées sur des sujets comme le bitcoin, « boostrapper sa startup en Asie » ou le e-commerce, ainsi que les meet-up dans les bars sont parfaits pour rencontrer la communauté des digital-nomads.
Avec un cowork, l’environnement tout entier est nourrissant. On ne passe pas forcément plus de temps à travailler mais on travaille plus efficacement, avec plus du recul et avec une vision plus globale.
Debtr
Évidemment pour un projet sur lequel on travaillait en parallèle de nos études, sortir de chez-nous pour s’installer dans un coworking fut extrêmement enrichissant. En sortant de notre zone de confort, on a pu faire plein de nouvelles rencontres qui nous permettent d’entendre des avis neufs sur le projet. On peut faire essayer l’application à des profils différents et avoir des retours critiques sur plein d’aspects comme le design, l’expérience utilisateurs ou le code. On peut aussi parler de Debtr dans sa globalité et élargir notre vision.
Rencontrer d’autres entrepreneurs est très stimulant et a élargi notre vision. On a compris par exemple qu’un business model apporte une vrai légitimité au service en le rendant crédible. Ça peut paraitre évident, pourtant j’avais du mal à concevoir un business model comme autre chose qu’un frein pour l’utilisateur, surtout quand Debtr n’est pas un service destiné à des professionnels mais à tout le monde. C’est un point que j’avais besoin de comprendre et d’assimiler pour l’intégrer pleinement à ma vision. Le challenge, c’est pas seulement de faire une bonne application, c’est surtout d’élaborer un business model «sain» pour rendre le service viable dans le temps et qu’il puisse continuer d’évoluer.
Peu importe le domaine dans lequel on rencontre un problème, dans un cowork on trouvera toujours quelqu’un pour nous sortir du pétrin ou pour nous conseiller. Alors pour un projet entrepreneurial avec lequel on a tout à apprendre c’est le top, surtout avec un projet qui touche à beaucoup de domaines. Notre point faible c’est la communication et on beaucoup appris sur ce sujet avec des as de la communication et de la publicité. Même si on a pas la même vision, ça ouvre l’esprit et donne des idées.
Aujourd’hui Debtr v2 est sorti et gagne en traction. On a une roadmap bien chargée avec des fonctionnalités qu’on à hâte de dévoiler mais on a surtout une vision à long terme avec des idées concrètes de monétisation. On a jamais pris autant de plaisir de travailler sur Debtr depuis qu’on est installé dans un cowork. On est convaincu que les utilisateurs de Debtr verront la progression et seront fiers d’avoir été des «early adopters» !
Bénéfices personnels
D’un point de vue personnel, changer d’environnement m’a permis de prendre de nouvelles habitudes et de nouvelles résolutions. J’en ai profité pour changer radicalement mon rythme de vie et mettre enfin en pratique ce que je lisais ici sur Medium. Dorénavant j’essaye de me coucher tôt, avant 21h, ce qui me permet de travailler le matin, période où je suis le plus créatif. Je me suis mis à la méditation, au yoga et je fais du sport régulièrement. Ces nouvelles pratiques ont une répercussion directe sur ma productivité et ma créativité.
Peu importe ce que l’on fait, notre travail est le fruit de nos efforts et le produit de notre personnalité. En changeant de vie, on se donne les moyens d’avancer et d’évoluer, ça se reflète évidemment dans ce qu’on crée au jour le jour. En l’espace de quelques mois j’ai fait des dizaines de rencontres et certaines ont débouché sur de fortes amitiés. Je suis plongé dans une la culture bouddhiste qui m’inspire fortement. Je sens que je m’épanouis, tant humainement que professionnellement, et que ça bénéficie directement à Debtr.
On ne regrette vraiment pas d’avoir fait le choix du voyage et de la délocalisation pour continuer à développer notre application. Certes on aurait pu faire de belles rencontres à Paris aussi et profiter d’un excellent écosystème pour les start-up. Mais on a fait le choix de l’indépendance tout en décidant de voyager. Et quoi de mieux que d’allier le voyage avec un projet ? L’un nourrit l’autre dans un superbe synergie. On a fait le choix du coeur, celui de rester dévoué à notre passion sans brûler les étapes et surtout en restant maîtres de nos décisions. On n’a pas de compte à rendre et on n’a pas à subir une pression extérieure. Cela nous a coûté de quitter nos proches et nos habitudes, mais on s’est retrouvé en Thaïlande à vivre une expérience qui marquera notre vie définitivement. Vive l’indépendance.
Mot de la fin
Travailler à l’étranger, notamment en Thaïlande, peut être un excellent choix si vous avez besoin de faire des économies et de vous concentrer sur un projet. De nos jours on peut entreprendre différemment et avec autant de confort, voir d’avantage, et surtout avec l’opportunité d’épanouissement que peut offrir un Voyage. Autant en profiter !
Thomas Kientz est le cofondateur de Debtr, une application mobile de gestion de comptes pour garder le fil de ses dépenses.
Article originellement publié sur medium France
- Ask A VC : comment modéliser un compte de résultat — Partie 6/6 : analyse de sensitivité - 21/05/2024
- Ask A VC : comment modéliser un compte de résultat — Partie 3/6 : les Coûts Fixes - 16/01/2024
- Question à un VC : Pourquoi les marges unitaires sont-elles si importantes pour votre modèle d’affaires? - 13/11/2023