Quel futur pour Depop, la marketplace qui transforme les jeunes en entrepreneurs de la mode?
Avec sa plateforme qui mélange réseau social et e-commerce dédiée à la mode de seconde main, Depop a construit un modèle particulièrement différenciant attirant une forte audience de jeunes, la fameuse génération Z, que l’entreprise transforme en entrepreneurs de la mode de seconde main.
Depop a réussi à proposer une plateforme avec une esthétique forte et à fédérer une communauté de jeunes qui se retrouvent autour de valeurs communes comme la préservation de l’environnement ou la justice sociale. Des engagements qu’il faut tenir- au risque de perdre toute crédibilité auprès de la cible-tout en continuant à grossir. A cela s’ajoutent les défis inhérents à toutes entreprises, et aux plateformes e-commerce en particulier. La marketplace parviendra-t-elle à surmonter tous ces défis? Comment Etsy, qui l’a récemment rachetée, pourra être un appui?
Pour rappel, en juin, l’Américain Etsy, spécialisé dans la vente en ligne de créations personnelles, a mis la main sur Depop pour 1,62 milliard de dollars. Une acquisition qui fait sens, les deux entreprises ayant le même cœur de modèle: mettre en relation des particuliers qui ont des biens à vendre et d’autres qui souhaitent les acheter.
En revanche, ce que les deux plateformes ont notamment de différent est le type d’audience qu’elles attirent.
Depop: une appli prisée par la génération Z Depop: 90% de ses utilisateurs ont moins de 26 ans . 10e plateforme e-commerce la plus visitée par la génération Z (personnes nées après 1995) aux Etats-Unis. Etsy: Moyenne d’âge: 39 ans.
Mais si Etsy a fait l’acquisition de Depop, ce n’est pas tant pour vampiriser son audience que pour atteindre son ambition de devenir un groupe qui abrite «un portefeuille de marques de commerce électronique distinctes et très spéciales», selon les mots de l’Américain. C’est dans ce sens qu’il a également racheté Reverb, marketplace dédiée à la vente d’instruments neufs, d’occasion ou vintage, en 2019.
Sommaire A l’origine de la création de Depop, on retrouve Simon Beckerman, britanno-italien issu du monde des arts. Ce qui explique la touche artistique si particulière de Depop. Après avoir étudié le design industriel à l’École polytechnique de Milan, une formation qu’il a quittée avant d’être diplômé, il fonde en 1998 avec son frère, PIG Magazine, une revue dédiée au design, à la mode, à la musique et au lifestyle. Puis en 2007, les deux frères créent la marque de lunettes de soleil Retrosuperfuture. C’est à partir de ces deux expériences entrepreneuriales, et surtout de la première, que Simon Beckerman a l’idée de fonder Depop. Le but originel de la plateforme était de pouvoir y vendre les marques issues des jeunes créatifs présentés dans PIG Magazine. Simon Beckerman décide ensuite de la transformer plus largement en une solution e-commerce couplée à un réseau social où les utilisateurs peuvent voir ce que leurs amis et les personnes qui les inspirent aiment, achètent et vendent. Nous sommes fin 2010, et alors qu’Instagram est en train d’émerger, l’entrepreneur pressent que l’usage des réseaux sociaux va exploser. Il a le même ressenti pour les applications et décide de se servir de ses connaissances en design pour en concevoir une pour Depop. D’ailleurs, même si la marketplace est accessible via un navigateur, l’entreprise recommande toujours de télécharger l’appli pour une expérience complète. Après avoir travaillé sur le design de l’application pendant quelques mois, Depop né en 2011. Puis Simon Beckerman parvient rapidement à convaincre des investisseurs de le suivre. Il intègre l’incubateur italien H-Farm et lève 2 millions d’euros en seed dès 2012. Une version initiale est lancée sur le marché italien pendant l’été de la même année. Puis une autre, retravaillée, investit le marché britannique en 2013. L’appli est alors officiellement lancée sur le marché et l’entreprise décide d’installer son siège à Londres. Tout au long de son histoire jusqu’au rachat par Etsy, Depop a multiplié les tours de table à partir de 2015: 8 millions de dollars auprès notamment de Balderton Capital et de Holtzbrinck Ventures cette année-là, 11,7 millions d’euros dans un tour mené par Creandum en 2016, 20 millions de dollars (Octopus Ventures) en 2018 ou encore 62 millions de dollars (General Atlantic) en 2019. Au total, l’entreprise a levé plus de 105 millions de dollars selon les données de Crunchbase. Un exit qui devrait donc fortement profité à ces investisseurs. Ces tours de table ont permis à Depop de pouvoir massivement investir dans le développement de ses produits, sa technologie, ses ressources humaines ou encore financer son expansion tout en continuant à faire grossir sa base d’utilisateurs. En 2013, la marketplace revendiquait 100 000 utilisateurs. En 2015, elle déclarait avoir enregistré 1,8 million de téléchargements pour son application. Le nombre de ses utilisateurs va continuer à grimper pour atteindre 8 millions en 2018, 13 millions en 2020, jusqu’à 30 millions aujourd’hui. Les fonds collectés lui ont également permis d’accélérer son expansion aux Etats-Unis, devenu un de ses principaux marchés avec l’Italie et le Royaume-Uni. Depop possède, en plus de son siège social londonien, des bureaux à Manchester, New York, Los Angeles ainsi que Sydney, et compte 400 employés. Mais trouver son chemin n’a pas été si simple. En effet, côté management, Simon Beckerman décide en 2013 de quitter son poste de CEO pour uniquement siéger au conseil d’administration. Pendant près de trois ans, c’est Runar Reistrup, entré dans l’entreprise comme COO qui va prendre la relève. Mais c’est à Maria Raga, actuelle CEO de Depop depuis 2016, qu’est attribué le fait d’être parvenue à impulser l’élan qui a permis à la marketplace de trouver son l’identité. Cette identité est un élément central dans le succès que Depop rencontre aujourd’hui. D’origine espagnole, Maria Raga est diplômée d’un Bachelor en Business Administration de l’université de Valence. Elle est également passée, entre autres, par l’Insead pour un MBA en Entrepreneurship and Entrepreneurial Studies. Après avoir débuté sa carrière comme senior consultant au sein du cabinet de conseil en stratégie et management Bain & Company, elle fait son entrée dans le monde du numérique en intégrant Privalia, spécialiste espagnol du déstockage en ligne, comme «Head of Business development» en 2009. Une expérience dans le digital qu’elle renforce en rejoignant CityDeal -pensé par Rocket Internet sur le modèle de Groupon pour le concurrencer- comme membre fondateur en 2010. Le succès sera tel que Groupon finira par racheter CityDeal juste un peu moins de six mois après son lancement. Maria Raga y restera jusqu’en 2014, en tant que VP of travel/director pour Groupon UK & Ireland. C’est forte de ces expériences que l’actuelle CEO intègrera Depop en juin de la même année comme VP Operations. L’entreprise compte alors une trentaine de salariés. Au départ de Runar Reistrup, elle est nommée pour prendre le relai. La startup compte désormais une soixantaine de personnes. En plus de mettre sur pied une équipe de management capable de comprendre les attentes de la génération Z, une de ses plus importantes décisions sera de demander au fondateur, Simon Beckerman, de revenir. L’enjeu: réfléchir ensemble à ce qui fait vraiment l’ADN de Depop, à son identité. Après avoir mené cette réflexion, notamment en interrogeant la communauté, la marketplace opère un rebranding. Depop trouve alors sa voix. L’entreprise recentre sa stratégie, sa communication et son identité autour de trois idées: le développement durable, l’entrepreneuriat et la communauté. En 2018, la marketplace fait appel à l’agence de branding DesignStudio pour revoir son identité visuelle et lancer sa première campagne de communication globale. La direction choisie est de mettre en avant les créatifs de sa plateforme: ceux qui parcourent les «charity shops» à la recherche de looks, fouillent leurs placards pour en créer, voire fabriquent eux-mêmes des vêtements, puis qui prolongent l’expression de leur créativité dans la mise en scène de leurs articles. Depop explique alors vouloir promouvoir leur côté impétueux et confident. Le slogan de la campagne est «We the unfollowers» («Nous les non-suiveurs»), ce qui peut paraître étonnant pour une plateforme qui au final, en ce qui concerne la partie réseau social, fonctionne sur les mêmes principes qu’Instagram, avec des « likes », des followers, la possibilité de faire certifier son compte pour les vendeurs les plus populaires… Ce qui ressemble à toutes les règles qui régissent la plupart des réseaux sociaux. Mais Depop se vend comme étant un peu plus à la marge, peuplé d’une audience plus jeune qui souhaite se démarquer et aspire à ne pas être dans la norme. Pour cela, la campagne va mettre en avant des membres de la communauté Depop aux looks décalés et assumés, des slogans en gras et gros caractères, des couleurs flashy. Depuis, Depop est en effet crédité pour être une plateforme où les nouvelles tendances mode de la génération Z éclosent avant de faire leur apparition sur Instagram. Les styles proposés tournent majoritairement autour du streetwear, de la mode de la fin des années 90-début des années 2000 et du vintage en général. La plateforme est aussi devenue populaire grâce aux stars qui s’y sont inscrites comme l’influenceuse aux 24,3 millions de followers sur Instagram, Chiara Ferragni, qui y a son espace, la chanteuse anglaise Lily Allen ou encore la jeune chanteuse et actrice Olivia Rodrigo. Il est indéniable que Depop est arrivé sur le marché au bon moment, capitalisant sur les tendances de consommation de la génération Z que les marques traditionnelles ont eu plus de mal à s’approprier comme la volonté de consommer de façon plus responsable et la montée en puissance du social selling. Depop est en plus parvenu a créé un cercle vertueux qui lui a permis de faire croître son audience de façon quasi organique. Via sa communication, l’entreprise met en avant les valeurs de la communauté pour attirer de nouveaux vendeurs qui s’y reconnaissent. Puis, elle propose du contenu pour aider ces vendeurs à générer des bénéfices avec leur boutique en ligne. Cela, tout en les encourageant à partager leurs activités Depop sur les autres réseaux sociaux comme Instagram et Snapchat afin d’attirer de nouveaux clients sur leur espace de vente et donc sur Depop. Par exemple, dans cette note de blog, «How to use social media to build your brand», Depop leur explique comment s’y prendre. Puis la plateforme encourage les nouveaux acheteurs à devenir eux-mêmes vendeurs. Ces derniers vont ainsi à leur tour utiliser les réseaux sociaux pour recruter de nouveaux acheteurs, qui deviendront des vendeurs. Et ainsi de suite. Dans les chiffres partagés par la marketplace, on voit par exemple que la grande majorité des vendeurs sont aussi des acheteurs. La dimension entrepreneuriale de Depop est une forte composante du succès de la marketplace. Chaque jeune vendeur devient ainsi sa propre marque avec la possibilité d’en retirer des bénéfices. Un peu comme Instagram fait miroiter la possibilité de gagner de l’argent en parvenant à faire grossir sa base de followers pour devenir influenceur. La presse a d’ailleurs contribué à relayer ce message en mettant en avant des success stories de jeunes qui ont commencé en vendant quelques vêtements pour finir par en faire leur principale activité. Depop relaie bien sûr aussi lui-même ces témoignages. Sur YouTube, on retrouve également de nombreux tutoriels réalisés par les jeunes utilisateurs eux-mêmes. Pour les encourager à être performants, la plateforme a même créé un programme spécifique: le Top Seller. Pour pouvoir y accéder les jeunes doivent se transformer en vrais petits e-commerçants avec des exigences sur les volumes de vente ou encore la vitesse de livraison. En échange, Depop explique sur son site que les vendeurs qui intègrent le programme obtiennent le fameux statut «vérifié» avec la petite coche bleue, un account manager dédié qui les aide à faire croître leur activité ou encore un accès à un forum privé où se retrouvent les meilleurs vendeurs et des membres de l’équipe de Depop. L’un des grands succès entrepreneuriaux de la marketplace est celui de la canadienne Bella McFadden, 25 ans, connue sur la plateforme sous le nom d’Internet Girl. Avec ses près de 380 000 followers, elle est devenue en 2020, la première à générer 1 million d’euro grâce à ses ventes sur Depop avec un mix de vêtements dénichés dans des «charity shops», de créations originales et aussi de «looks» créés sur demande. Sa popularité s’est également étendue à YouTube et Instagram où elle crée du contenu pour promouvoir sa boutique Depop qui emploie plusieurs personnes. Cette combinaison de réseau social où les utilisateurs peuvent se suivre, s’envoyer des messages, «liker» les photos, et de plateforme e-commerce où faire des achats de seconde main à tous les prix tout en ayant la possibilité de gagner de l’argent en font une plateforme particulièrement addictive. En 2019, lorsque Depop comptait autour de 13 millions d’utilisateurs, la marketplace revendiquait que ces derniers se suivaient et s’envoyaient des messages collectivement autour de 85 millions de fois par mois. Côté business model, Depop prélève 10% au vendeur sur chaque transaction. A cela s’ajoutent des frais de transaction qui sont soient prélevés par PayPal si le vendeur choisit ce mode de transaction ou par Depop s’il passe par la solution de paiement interne de la marketplace. Ceux-ci se situent autour de 2,9% de la transaction auxquels s’ajoutent 30 centimes d’euros. Qu’ils passent par PayPal ou la solution interne, les acheteurs peuvent profiter du même type de protection, avec par exemple le remboursement des articles si l’acheteur ne les reçoit pas et que le vendeur à la preuve d’envoi. Ces conditions rendent la plateforme facilement accessible aux vendeurs et aux acheteurs. En plus des jeunes qui s’inscrivent sur sa marketplace, Depop crée aussi des partenariats avec des marques à l’instar de Benetton depuis cet été. Pour cette campagne, la griffe italienne s’est associée à plusieurs vendeurs populaires sur Depop afin de promouvoir une consommation «responsable». En plus de véhiculer chacun un message, la campagne les présentait habillés avec des vêtements Benetton vintage ensuite proposés en vente sur Depop. Dans le passé, Depop s’est déjà associé à de nombreuses marques comme Vans, Ralph Lauren, Dickies Girl, Adidas ou même la chaîne de pizzerias Papa John’s qui a créé une collection streetwear pour l’occasion. Nul doute que la marketplace devrait continuer à attirer les marques traditionnelles qui cherchent à augmenter leur popularité auprès de la génération Z. Mais Depop n’est pas exempt de critiques et donc de risques pour son business. En particularité vis-à-vis de l’exemplarité attendue d’une entreprise qui dit promouvoir des principes éthiques comme la consommation responsable ou encore l’inclusivité. «Inclusive, diverse, progressive et créative», voilà comment la marketplace décrit sa communauté sur sa page. La plateforme explique que sa mission est notamment de créer un «écosystème de la mode alimenté par la communauté, plus respectueux de la planète et des gens». C’est l’anti-Amazon dédié aux vêtements. Mais si ces sujets correspondent en effet aux attentes d’une partie de la génération Z, être cette plateforme demande une vigilance de tous les instants. Une des grandes critiques contre Depop est comment, avec son modèle, la plateforme crée un phénomène où les utilisateurs dévalisent les «charity shop» à la recherche de pièces de seconde main, rendant ainsi les articles indisponibles pour les personnes qui en ont vraiment besoin. D’autant plus que les pièces sont souvent vendues plus chères sur la marketplace, surtout quand elles collent à l’esthétique du moment. Une pratique indirectement encouragée par le système mis en place par Depop. Puisque, par exemple, une fois entré dans le programme Top Seller, pour prétendre y rester, le vendeur doit significativement parvenir à augmenter son volume de ventes. Il doit passer des 2 600 dollars de ventes avant frais par mois au minimum initialement requis à 10 400 dollars (ou 200 articles à un prix moyen de 20 dollars) dans les quatre mois. Autre critique, faite également à d’autres plateformes de seconde main: favoriser l’environnement dans la mode ne consiste pas qu’à acheter des vêtements de seconde main mais aussi à consommer le plus localement possible. Or, sur ces différentes plateformes, les colis peuvent souvent être envoyés jusqu’à l’autre bout du monde. Une pratique que Depop encourage même explicitement sur son site dans son «shopping guide ». «L’expédition internationale peut être plus chère, mais offrir cela augmente votre audience et améliore les chances de vente», explique la marketplace. Côté impact sociétal, il a été rapproché à la marketplace de ne pas promouvoir tant que cela la diversité et l’inclusion, puisqu’en fonctionnant comme un réseau social, elle renforcerait les mêmes mécanismes qui privilégient par exemple les beautés «traditionnelles», et notamment les filles minces. Pour répondre à ces critiques, Depop a récemment recruté une personne dédiée directement à ces enjeux au poste de «Head of Sustainability». Son dévolu s’est porté sur Justine Porterie. Passée par l’ESCP Europe avec un master en management, elle a notamment occupé le poste de «Communications et Sustainability Assistant» au sein d’Unilever ou encore de Manager, ESG & Sustainability pour PwC avant de fonder Outstand, dont la mission était de créer une plateforme de sélection de vêtements vintage. Embauchée d’abord comme consultante pour Depop, elle a rejoint le groupe à temps plein en février 2020. A la suite de ce recrutement, la marque a révélé son plan d’action en faveur du développement durable sur deux ans (2021-2022). «L’une des mesures que nous prenons est de devenir une entreprise climatiquement neutre d’ici la fin 2021. Nous compenserons également rétroactivement toutes nos émissions de transport maritime de janvier 2020 à aujourd’hui», explique l’entreprise. «Désormais, pour chaque transaction effectuée sur Depop, nous compenserons 100 % des émissions de gaz à effet de serre générées par le transport maritime, en achetant des crédits carbone vérifiés», poursuit la marketplace. Pour rappel, la compensation carbone consiste à, pour tout CO2 qui n’a pas pu être réduit, financer ailleurs un éco-projet qui évite les émissions de CO2. Le plan comprend aussi un volet social avec par exemple la volonté de faire en sorte que les groupes sous-représentés soient plus présents sur la plateforme via des «ressources éducatives» et du mentorat. Il faut voir comment seront reçus ces changements mais Depop a en tout cas identifié qu’il devait passer à la vitesse supérieure sur ces sujets. Dans le prolongement de cette nécessité de passer à la vitesse supérieure sur ses engagements sociétaux, Depop aura aussi à le faire d’un point de vue business pour assurer son expansion en évitant les faux pas. Comment Etsy peut-il être un appui? Pour rappel, la volonté de l’Américain fondé en 2005 et entré en Bourse 2015, est bien de laisser Depop opérer de façon autonome. Mais au vu de son histoire tumultueuse, d’Etsy aura des enseignements à transmettre à Depop. Pour rappel, la marketplace américaine a vécu une période difficile deux ans après son entrée en Bourse. Elle a alors dû se séparer plusieurs fois de salariés, dont une coupe de 15% de sa force de travail à l’époque, soit le licenciement de 140 personnes. En cause, des résultats insuffisants qui se faisaient ressentir sur le cours de ses actions en Bourse. Josh Silverman, alors membre du conseil d’administration, est nommé CEO. Poste qu’il avait déjà occupé au sein de Skype ou encore d’Evite, qu’il a co-fondé. Il répond à la demande des investisseurs d’effectuer des changements pour améliorer le taux de transformation de la plateforme. L’entreprise innove alors sur son moteur de recherche interne, les fonctions de «découverte» de produits, propose du contenu plus personnalisé et dynamique ou encore améliore sa plateforme publicitaire, renouant ainsi avec la croissance. Des enseignements qui seront bénéfiques à Depop, qui pourra aussi se servir de l’expérience d’Etsy dans le développement international et le renforcement de la sécurité de ses utilisateurs. Un problème touchant la parfois très jeune audience de Depop qui n’a pas forcément les armes pour se défendre face à des personnes mal intentionnées. Un fait que pointait par exemple du doigt Business of Fashion dans une enquête parue en 2019. D’autant plus qu’il est possible de s’inscrire sur la marketplace à partir de 13 ans. Selon le dernier rapport annuel de ThredUp, marque spécialisée dans les vêtements de seconde main, et du cabinet d’études GlobalData Retail, le marché de la seconde main pesait 27 milliards de dollars en 2020 et devrait atteindre 77 milliards de dollars d’ici 2025, rien qu’aux Etats-Unis. Estimation de la progression du marché d’ici 2025 et répartition entre les magasins caritatifs et les autres acteurs de la seconde main Si le marché est prometteur, la concurrence est rude. Les acteurs se sont multipliés ces dernières années. Depop est déjà, évidemment, en concurrence avec Vinted. Le mastodonte lituanien du secteur est aujourd’hui valorisé à 3,5 milliards d’euros à la suite de sa dernière levée de fonds de 250 millions d’euros. Il est présent dans 12 marchés européens, ainsi qu’aux États-Unis, et compte 45 millions de membres. On peut également citer le site américain ThredUp qui a fait son entrée en Bourse en mars pour une capitalisation qui atteint aujourd’hui autour de 2,73 milliards de dollars. Sur le créneau plus spécifique des marketplaces qui mélangent e-commerce de seconde main et réseau social, Depop n’est pas seul non plus. L’Américain Poshmark comporte aussi une forte dimension sociale sur sa plateforme e-commerce. Entré en Bourse en janvier, sa capitalisation boursière atteint aujourd’hui autour de 3,07 milliards de dollars. Au moment de devenir publique, l’entreprise revendiquait 70 millions d’utilisateurs et 56 millions d’interactions sociales par jour. Mais avec sa volonté de répondre encore mieux aux préoccupations économiques et sociales de la génération Z, l’expérience et les moyens d’Etsy pour poursuivre son développement technologique et international, nul doute que Depop a une carte à jouer pour continuer à grignoter des parts de marché. D’autant plus que la génération Z, et plus largement les millennials (début des années 1980 jusqu’à fin des années 1990), représente le segment le plus actif du marché de la seconde main. Autres données particulièrement encourageantes pour Depop: la génération Z représentait déjà environ 150 milliards de dollars dépensés rien qu’aux Etats-Unis en 2020 et 40% des consommateurs mondiaux, selon le cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company. Une part qui va naturellement augmenter au fil des années. A titre d’illustration, rien que sur le marché de la consommation de produits de luxe, un autre cabinet de conseil en stratégie, Bain & Company, prévoit que cette génération pèsera 40% d’ici 2035. Parvenir à attirer ce public va devenir de plus en plus crucial pour les marques.
1. Aux origines de Depop: un passionné de design
2. HV Capital, General Atlantic… les gagnants du rachat par Etsy
3. Comment Depop a trouvé son identité
4. Pourquoi Depop se vend comme un « casseur de codes »
5. Comment Depop pousse les jeunes à devenir des petits e-commerçants
6. Pourquoi les marques traditionnelles investissent aussi Depop
7. Depop est-il vraiment bon pour la planète?
8. Comment Etsy va pouvoir être un appui pour le futur
9. Réussir à attirer la génération Z va devenir crucial pour les marques, Depop a un coup d’avanceAux origines de Depop: un passionné de design
HV Capital, General Atlantic… les gagnants du rachat par Etsy
Le trio de tête des investisseurs
HV Capital (18,26% des parts)
General Atlantic (15,59%)
Bolderton Capital (11,57%)
Les parts restantes du fondateur Simon Beckerman devaient se situer autour de 4,29% et celles de Maria Raga, CEO, de 4,26%.
Crédit: Sifted
Comment Depop a trouvé son identité
Pourquoi Depop se vend comme un « casseur de codes »
Coup d’œil sur la première campagne de communication globale de Depop en 2018
Comment Depop pousse les jeunes à devenir des petits e-commerçants
Une plateforme hautement addictive
En 2020,
75% de ses ventes brutes provenaient de personnes déjà inscrites.
75% des vendeurs étaient aussi des acheteurs.
En moyenne, les vendeurs ont vendu 10 articles et les acheteurs en ont acheté six.
Les conditions pour faire partie du Top Seller, le programme d'excellence de Depop
• Vendre plus de 50 articles au prix moyen de 20 dollars ou gagner un total de 2 600 dollars de ventes avant frais par mois.
• Obtenir une note moyenne d'au moins 4,5 et suivre les directives de Depop pour s’assurer qu'aucune infraction n'est liée à son compte.
• Expédier les articles sous 3 jours pour que les acheteurs reçoivent leur colis sous 10 jours en moyenne.
Pourquoi les marques traditionnelles investissent aussi Depop
70 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2020
En 2020, les ventes brutes de marchandises et le chiffre d’affaires de Depop ont respectivement atteint 650 millions et 70 millions de dollars. Chacun en augmentation de 100% par rapport à l’année précédente.
L’entreprise revendique des ventes brutes de marchandises qui ont augmenté à un taux de croissance annuel composé de près de 80% entre 2017 à 2020.
Depop est-il vraiment bon pour la planète?
Comment Etsy va pouvoir être un appui pour la suite
Réussir à attirer la génération Z va devenir crucial pour les marques, Depop a un coup d’avance