Quitter Twitter
Par Olivier Martineau, Président et cofondateur de SPREAD, contributeur FrenchWeb
Ce 3 décembre, sur un coup de tête, j’ai décidé de me déconnecter de Twitter…
Plusieurs petites choses m’ont poussé à couper ce cordon ombilical avec Internet :
- En cette période de Gillets Jaunes, le niveau de négativité ambiant a déclenché dans ma cerveau l’alerte DEFCON 1 : niveau maximum. Je n’en peux plus de voir toutes les tentatives de récupération politique… Ça m’énerve.
- Mon planning business très chargé complexifie cette fin d’année. Une concentration maximum m’est indispensable.
- Quand je regarde ma todo list personnelle, je ne peux que constater avec tristesse l’échec prévisible de mes ambitions à court terme.
Chez moi, consulter Twitter était devenu un réflexe, plusieurs fois par jour, peut être même plusieurs dizaines de fois par jour.
Minimalisme numérique
Je m’intéresse beaucoup au minimalisme en ce moment. Je pense que j’en reparlerai une fois sur mon blog. Mais cette déconnexion de Twitter coïncide totalement avec cette démarche : supprimer tout ce qui n’apporte pas assez de satisfaction, qui ne rend pas heureux. Et typiquement, le rapport qualité/prix – enfin le rapport satisfaction/temps passé – n’est pas suffisant.
J’ai considérablement réduit Facebook depuis plusieurs mois, pour être précis depuis que Facebook en jouant sur son algo a fini par me pousser essentiellement de l’actualité, plus ou moins douteuse d’ailleurs.
Je ne suis pas sur Snapchat, et très légèrement sur Instagram, donc les substituts à mon addiction sont réduits.
Action !
J’ai un fort lien sentimental avec mon compte twitter @omartineau : je l’ai créé il y a plus de 10 ans, c’est un endroit d’échanges avec mes amis (il y en a un bon paquet parmi mes 3000 followers) et j’y ai écrit pas mal de choses dans des 33 800 tweets (?!?!). Pour tout cela, je suis incapable de supprimer définitivement mon compte, pour le moment tout du moins.
Mais pour contrer cette dépendance, des mesures presque définitives sont indispensables :
- changement le mot de passe par un mot de passe aléatoire que je n’ai pas stocké,
- désinstallation l’application sur iphone, ipad et mac.
La barrière pour que je me reconnecte à mon twitter est suffisamment haute pour contrer un moment de faiblesse. 🤞🏻
Mauvais réflexes
Journal de bord, jour 1 : Je me rends compte que j’ai pris de sacrément mauvais réflexes. À chaque fois que je sors mon portable, je cherche l’application Twitter… mais elle n’y est plus. Quelle horreur ! Twitter était comme ma cigarette (à l’époque où je fumais…) : dès qu’on a un peu de temps à occuper, ou une gêne sociale, on sort sa clope/téléphone mobile.
Drogue dure
Journal de bord, jour 2 : Ma drogue ne semblait pas si forte que ça, je n’ai pas d’état de manque. J’ai beaucoup bossé, du coup pas trop eu le temps d’y penser. Hier, Free a lancé sa nouvelle Freebox : ne pas avoir Twitter ne m’a pas empêché d’être au courant, et même de discuter des nouvelles fonctionnalités avec les amis dans notre podcast GooodMorningWeb.
Methadone sociale
Journal de bord, jour 3 : Je cherche toujours un moyen de trouver ma dose de tweets… finalement, pas aussi simple que j’imaginais. Actuellement, je lance l’appli LinkedIn pour les news… et pourtant, ça n’est pas très riche ! Je ne suis aussi vu aller une ou deux fois par jour sur Facebook. Bref, mon cerveau veut sa dose ! C’est quand même assez inquiétant. Je vais supprimer mon application Linkedin sur mon iphone aussi, du coup.
Journal de bord, jour 4 : Même dans des situations où je suis occupé à regarder un film, à lire un livre, avec des amis, j’ai encore envie de sortir mon iPhone pour voir si je n’ai pas raté un truc « important » sur Twitter.
Une vraie alternative ?
Journal de bord, jour 5 : Pour combler ce manque, quand je prends mon mobile en main, j’ai trouvé une solution en allant chercher des contenus plus riches et moins rapides à consommer. J’ai chargé du contenu dans l’application Livre (anciennement iBook). La synchronisation avec mon iPad me permet de continuer le livre que je lis le soir.
Journal de bord, jour 6 : “Mais comment est-ce que je suis au courant maintenant ?”. Avec Twitter, l’information, même généraliste, venait à moi toute seule, mais sans, je suis un peu perdu. Alors, je retourne un peu voir des sites d’actualité, Le Monde, Libération… mais c’est totalement contre-productif par rapport à mes objectifs initiaux : éviter la négativité, et détacher de l’infobésité que l’on nous impose. Pas de bonne solution pour le moment.
Journal de bord, jour 7 : Avez-vous remarqué le petit retour du format “newsletter de contenu” ? Ça m’a semblé anachronique sur le coup, mais avec mon nouvel angle de vue, l’idée est loin d’être saugrenue : recevoir du contenu de qualité régulièrement mais pas en continu.
Continuer à partager
Journal de bord, jour 12 : Twitter était aussi un endroit où je m’exprimais. Je me rends compte que cet article de blog est un peu une succession de tweets ! C’est assez ironique. J’ai régulièrement envie de partager quelque chose sur Twitter, mes habitudes de sont pas qu’en consommation… mais aussi en production. Mais pas certain que l’on puisse faire un blog aujourd’hui comme il y a 15 ans, et donc que ce soit une bonne alternative.
Sevrage en cours
Journal de bord, jour 17 : Certains réflexes néfastes commencent à disparaitre, comme le besoin de regarder mon portable toutes les 5 minutes. Mais d’autres pas, comme l’envie de partager une râlerie sur Twitter. De toute façon, c’était une habitude inutile… autant la perdre.
L’expérience est très intéressante, très saine : je me donne un objectif d’un mois sans Twitter. Je me suis déconnecté le 3 décembre, rendez-vous le 3 janvier !
Besoin vital d’actualités
Remplacement
Journal de bord, jour 23 : Difficile de se passer d’actualités, je consulte plus souvent les sites de presse, pour rester un peu en phase avec le monde. J’ai toujours de mauvais réflexes qui se reportent sur d’autres applications, comme Instagram ou Linkedin. Pour Instagram, ça n’est pas très grave parce que je ne suis pas beaucoup de comptes, donc entre mes différentes consultations pas grand-chose n’a bougé… parfait pour réduire ses addictions. Côté Linkedin, ça ne va pas loin… non pas par manque de contenus… mais plutôt par leur pauvreté : c’est assez dingue de nombre de contenus “bateaux” qu’on y trouve.
Reboot
Journal de bord, jour 29 : Mon mois sans Twitter arrive bientôt à sa fin. Je pense que je vais reouvrir mon compte, mais probablement différemment. Je me demande même si je ne vais pas ouvrir un deuxième compte, uniquement en anglais, dans l’idée d’aller chercher des contenus différents.
Journal de bord, jour 30 : Je vais me créer une “charte éditoriale”, aussi bien en lecture qu’en écriture. Cela va dans un premier temps m’obliger à faire le ménage sur les comptes que je suis.
Journal de bord, jour 32 : Mon mois de sevrage est sans aucune contestation possible officiellement terminé !
Conclusion
Ma prise de recul par rapport à Twitter et la rédaction de cet article au fil du mois m’ont mis en évidence plusieurs choses :
- La nécessité impérieuse de se déconnecter des flux d’informations en continu. Aussi bien les réseaux sociaux que les chaines d’information continue ou encore les flashs d’informations à la radio nous imposent des sujets qui ne sont probablement pas notre priorité. Si à la moindre occasion nous nous connectons, ce surplus de données surcharge notre cerveau et tue votre productivité.
- Ralentir pour aller plus vite. Vous connaissez l’effet Matrix ? Regardez le film si ça n’est pas le cas… Mais notre environnement ne doit pas nous imposer son rythme, ni ses priorités (vous connaissez la matrice d’Eisenhower ?). En réduisant le bruit autour de nous, la concentration et l’atteinte de ses objectifs deviennent beaucoup plus faciles… et donc rapides !
Donc Twitter n’est pas en cause, mais l’utilisation que j’en fais l’est !
Twitter, souhaite-moi : «Welcome back !»
Epilogue
J’ai pris plus de temps que prévu pour publier cet article, cela fait un mois que je réutilise Twitter. Bien que je limite mon exposition parce que je n’ai pas re-installé l’application sur mon téléphone, mon ipad et mon mac suffisent à faire renaitre le reflexe de consultation frénétique… j’exagère problablement un peu, mais dans tous les cas, je consulte Twitter plusieurs fois par jour.
Alors, est-ce que ça avait un intérêt cette déconnexion ? Oui, certainement, pour prendre un peu de recul et éliminer les côtés nocifs et prendre conscience que publier tout et n’importe quoi n’a que peu d’utilité. J’en ai aussi gardé l’envie de créer des contenus beaucoup plus riches : j’ai quelques projets de vidéos. Depuis la série que j’ai fait sur le RGPD, je me dis que c’est un format très intéressant.
Le Contributeur
Olivier Martineau, président et cofondateur de SPREAD, solution marketing d’engagement client.
Vous pouvez suivre les publications d’Olivier Martineau sur son blog: https://www.9viesduchat.com