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Retail & ROI : ce que l’IA rapporte vraiment (et quand)

L’intelligence artificielle ne fait plus figure de promesse lointaine dans le secteur de la distribution. Elle est déjà un levier concret de performance. L’IA pourrait générer jusqu’à 9,2 trillions de dollars d’impact économique mondial d’ici 2030. Mais cette promesse s’accompagne d’une question stratégique : à quel moment le retour sur investissement (ROI) devient-il tangible ?

L’IA traditionnelle livre aujourd’hui les résultats

En 2023-2024, 91 % des bénéfices générés par l’IA dans le retail proviennent de l’IA traditionnelle et du machine learning. Ces outils — prévision de la demande, optimisation des prix, gestion des stocks — ont été déployés après des années de structuration des données, d’itérations techniques et d’ajustements opérationnels.

Les résultats sont mesurables. Un retour de 3,40 dollars pour chaque dollar investi a été observé selon une étude IDC. Ces gains s’expliquent par des gains de productivité, une meilleure précision dans les décisions marketing, et des économies d’échelle sur la chaîne logistique.

L’IA générative, levier dominant à partir de 2028

La bascule viendra dans la seconde moitié de la décennie. Les experts estiment que dès 2028, l’IA générative portera à elle seule 78 % des bénéfices liés à l’IA dans le retail. Cette transition s’explique par la maturité croissante des cas d’usage, notamment dans les domaines suivants :

    • Création de contenu marketing (textes, visuels, vidéos multicanal) ;
    • Personnalisation avancée des parcours clients ;
    • Optimisation automatisée des campagnes publicitaires ;
    • Copilotage des forces de vente ;
    • Détection prédictive des menaces de cybersécurité.

Ce changement de paradigme implique une montée en puissance des architectures cloud, des modèles de langage de grande taille, et de l’interface entre IA et métiers.

Le ROI dépend du rôle de l’IA dans l’organisation

L’impact de l’IA varie selon la fonction concernée :

    • Côté CMO, l’IA agit sur l’ensemble du chiffre d’affaires via la personnalisation, l’optimisation du contenu, et le pilotage des canaux.
    • Côté COO, elle augmente les marges par l’efficacité opérationnelle (supply chain, prévisions, gestions des stocks).
    • Côté CFO, elle améliore les projections et la lecture financière par l’automatisation des analyses.
    • Côté RH, elle réduit le turnover et optimise la couverture des plannings.

Le retour sur investissement n’est donc pas seulement une question technologique, mais une équation organisationnelle. Le ROI apparaît d’abord là où les processus sont standardisés, les données bien structurées, et la culture analytique déjà ancrée.

L’effet d’échelle joue un rôle décisif

La taille du distributeur est un facteur clé. Les États-Unis concentrent la majorité des retailers dépassant un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel, ce qui explique leur avance sur l’adoption de l’IA générative. L’effet d’échelle permet de lisser les coûts d’implémentation, d’expérimenter plus rapidement, et de justifier des investissements plus ambitieux.

A contrario, les marchés plus fragmentés ou contraints réglementairement (ex. : la “physicalisation” bancaire au Brésil) peuvent freiner le déploiement à grande échelle, malgré des usages avancés dans le commerce conversationnel ou le live shopping.

Le coût de l’inaction augmente chaque jour

Le risque n’est plus celui d’un mauvais pari technologique. C’est celui de l’immobilisme face à la courbe de valeur de l’IA. Dans un environnement où les signaux de conversion se multiplient (multi-touch, omni-canal, physique/digital), seule l’IA permet de trier le bruit, d’identifier les leviers d’optimisation, et de prendre des décisions en temps réel.

Le coût d’une faille de cybersécurité, par exemple, peut être dix fois supérieur à celui d’un investissement préventif. De même, le manque de compétences internes sur l’IA pousse les entreprises à externaliser, à un coût souvent prohibitif.

Penser en horizon d’investissement, pas en miracle instantané

Les retailers les plus matures adoptent une approche en trois étapes :

    1. Optimisation du core business (prévisions, pricing, stock, formation) ;
    2. Amélioration de la compétitivité (réduction des frictions clients, baisse du churn) ;
    3. Transformation du modèle (création de nouveaux produits, offres IA-first).

Ce modèle progressif permet de piloter le ROI selon des jalons mesurables, tout en laissant place à l’expérimentation.

Le moment du ROI est une décision d’organisation, pas une question de technologie.

Le ROI de l’IA dans le retail existe, mais il obéit à une mécanique rationnelle : structuration de la donnée, alignement des processus, maturité organisationnelle. L’enjeu ne réside plus dans le “si”, mais dans le “quand” et le “où” investir. Pour les distributeurs, il est temps de dépasser l’effet de vitrine de l’IA générative et de bâtir des feuilles de route solides, centrées sur les cas d’usage, le pilotage de la performance, et l’appropriation par les équipes.

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