Reverse mentoring: des couples de quelques mois qui influencent une carrière
Par Jean-Noël Chaintreuil, fondateur de Change Factory
Vous êtes à quelques semaines du lancement de votre programme de reverse mentoring. La majorité des participants est déjà sélectionnée. Les mentors sont motivés, les mentorés sont prêts à lâcher prise. Tous ont hâte de commencer à échanger et de découvrir avec qui ils seront associés. Qu’ils soient volontaires ou désignés, il est essentiel de tout faire pour que les couples qui créés fonctionnent et que chacun progresse réellement avec celui ou celle qui sera son binôme dans le programme.
Partez du profil et des attentes de chacun
Pour qu’un binôme fonctionne, il faut de la compréhension mutuelle sur le plan pédagogique. Vous ne vous en rendez pas forcément compte, mais la façon que vos mentors ont d’apprendre est presque aussi importante que leur façon d’enseigner. Un des préalables est donc de comprendre le profil d’apprenant des mentors et des mentorés : si un mentor apprend plus facilement en expérimentant plutôt qu’en s’imprégnant de théorie, il aura tendance à enseigner par l’expérience et un mentoré qui a besoin de théorie sera perdu. À vous donc de cartographier les profils d’apprenants de tous les participants du programme pour créer des binômes qui seront les plus efficients possibles.
En même temps, interrogez les participants sur leurs attentes au-delà des objectifs principaux : pour les mentorés, accompagner un junior dans son avancée dans l’entreprise et trouver des profils digitaux pour piloter des projets sont deux intentions différentes, tout comme la meilleure compréhension des métiers de l’entreprise et la progression hiérarchique dans son propre métier pour les mentors.
À vous de créer des associations où les intentions se recoupent.
Doter les binômes d’une base commune
Bien sûr, votre programme de reverse mentoring a pour objectif d’améliorer la culture digitale des mentorés et la connaissance de l’entreprise des mentors. Mais le but est avant tout de permettre à tous de faire évoluer leurs pratiques professionnelles pour accélérer la transformation de l’entreprise. Créer des binômes dont les deux collaborateurs ont une culture métier complètement différente, c’est risquer que le mentor comptable junior ne trouve pas d’application concrète de la blockchain pour son mentoré manager au sein de la direction de la communication.
Au contraire, créer des couples où chacun parle le même langage professionnel permet d’une part de se trouver des points communs et d’avancer dans le programme plus rapidement ; d’autre part de fournir le mentor en conseils plus utiles et actionnables, qu’il s’agisse d’une personne à rencontrer ou d’un projet auquel le mentor pourrait contribuer.
Et si vous tenez à briser les silos dans l’entreprise, créez des journées vis mon job qui seront décorrélées du reverse mentoring.
Mesurez vos résultats et pratiquez le test-and-learn
On ne répétera jamais assez, mesurer l’impact de ces actions est la clef du succès à long terme. Prenez-en compte la durée passée dans l’entreprise, le métier, le profil d’apprenant de chacun, la filiale… Un suivi précis vous aidera à déterminer les critères réellement déterminants dans le succès ou l’échec d’un binôme de reverse mentoring. En parallèle, montrez-vous à l’écoute de chaque binôme et chaque participant pour résoudre tout problème qui pourrait survenir durant le programme… quitte à séparer un couple ou à essayer d’attribuer au mentor et au mentoré de nouveaux partenaires.
La création de couples de reverse mentoring vous semble compliquée ? Ça n’est pas tout à fait le cas : l’enjeu est important et il faut être méthodique, mais en établissant des process précis et facilement évaluables, vous ne pourrez que réussir ! À vous de jouer, lancez-vous, faites-vous accompagner si nécessaire, et mettez toutes les chances de votre côté dès le lancement de votre programme.
Le contributeur :
Jean-Noël Chaintreuil est le fondateur de Change Factory, laboratoire d’acculturation et d’accompagnement au changement où l’humain est au centre.
Les missions principales sont la compréhension des cultures, l’accompagnement des Comex, les transformations culturelles et la mise en application de stratégies de rupture.
Il intervient également diverses universités (La Sorbonne, Sciences Po, Berkeley, Dauphine, Sorbonne Abu Dhabi, etc.) sur le futur du travail, les ressources humaines, les transformations culturelles et accompagne les programmes d’intrapreneuriat.
Vous pouvez retrouver ses articles sur Quora : https://fr.quora.com/