Revolut: le bénéfice plonge en 2022, investissements dans la croissance
AFP
La « fintech » britannique Revolut a publié avec quasi un an de retard vendredi ses résultats 2022, révélant un plongeon de son bénéfice net sur un an, principalement à cause de gros investissements dans la croissance future.
C’est la deuxième année de bénéfices d’affilée enregistrée par la société financière, mais il a fondu (-78% à 5,8 millions de livres, ou 6,7 millions d’euros), malgré un chiffre d’affaires qui a bondi de 45% à 922.547 livres.
Dans un entretien à l’AFP, le directeur financier Victor Stinga a expliqué que les résultats de 2022 avaient souffert d’un effet de comparaison défavorable avec une année 2021 « exceptionnelle », et d’investissements dopés dans la croissance future.
Près de 250 millions d’euros ont ainsi été injectés dans le marketing ou dans les effectifs qui ont doublé sur un an.
« Malgré un paysage macroéconomique et géopolitique difficile, 2022 a été une excellente année pour Revolut », affirme Martin Gilbert, président du conseil d’administration.
« Nous voyons des vastes opportunités de croissance pour nous » en Europe de l’ouest notamment, souligne M. Stinga.
Les bénéfices du groupe ont aussi pâti de pertes sur crédits quintuplées à 5,2 millions de livres, même si M. Stinga les minimise, affirmant qu’elles sont le reflet d’un portefeuille de prêts décuplé sur la période, et non d’une détérioration de la situation financière des clients du groupe.
Et ce, malgré la crise financière qui sévit dans de nombreux pays et notamment au Royaume-Uni, premier marché de Revolut, où la flambée des taux d’intérêt étrangle certains ménages et entreprises déjà en proie à une très forte inflation.
Revolut a par ailleurs gagné près de 10 millions de clients dans le monde l’année dernière, soit une augmentation de 71%.
Revolut, qui veut concurrencer les géants bancaires européens, s’estime parti pour enregistrer environ 37 millions de nouveaux clients cette année, selon M. Stinga.
En juillet 2021, elle avait réalisé une levée de fonds de 800 millions de dollars, valorisant le groupe à environ 33 milliards de dollars, soit une taille comparable à des poids lourds installés depuis longtemps dans le paysage bancaire au Royaume-Uni.
Le groupe se dit « en bonne voie pour atteindre un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros (1,7 milliard de livres sterling) en 2023 » pour un bénéfice annuel qui devrait dépasser 300 millions de dollars, affirment dans un entretien à l’AFP M. Stinga et Antoine le Nel, directeur de la croissance mondiale et partenaire associé.
Revolut, qui dispose d’une licence bancaire dans l’UE et cherche à obtenir la même reconnaissance au Royaume-Uni, devrait aussi encore avoir doublé ses investissements sur un an en 2023.
Les résultats 2022 sont publiés avec près d’une année de retard, ce que M. Stinga justifie par le fait que les comptes de 2021 avaient déjà été publiés en mars avec plusieurs mois de retard, et que le groupe a changé de système comptable.
Ce processus a pris du temps mais devrait « assoir les fondations pour revenir à un rythme de parution normale des comptes », assure-t-il.
Pour 2021, ce retard avait été attribué par la presse britannique à des pressions du régulateur pour améliorer ses contrôles internes après des failles importantes dans l’audit des comptes par le cabinet BDO.
Revolut a depuis fait valoir que l’entreprise a grossi très vite et que ses procédures et systèmes informatiques n’avaient, un temps, plus été adaptés à sa taille, mais qu’elle avait remédié à ces problèmes.
Dans son communiqué vendredi, Revolut insère aussi une mention affirmant que BDO a estimé ces questions résolues pour ce qui concerne les comptes de 2022.
M. Stinga a éludé les questions sur l’avancement de la demande de licence bancaire au Royaume-Uni. En mai, le quotidien Daily Telegraph écrivait que la Banque d’Angleterre envisageait de refuser d’accorder une licence bancaire Revolut en raison d’inquiétudes sur ses comptes.
La FCA, régulateur britannique des marchés, s’est pour sa part inquiété en mars d’un « risque inacceptable » pour les clients et le système financier représenté par certaines sociétés de paiement non bancaires, à cause de « contrôles insuffisants », sans toutefois en nommer aucune.
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