Samsung: des bénéfices en chute libre au 1er trimestre
AFP
Samsung Electronics, plus grand fabricant mondial de puces et de smartphones, a annoncé mardi la dégringolade de son bénéfice net au premier trimestre en raison de la chute de la demande pour ses produits-phares dans un contexte de concurrence exacerbée. Entre janvier et mars, le bénéfice net du géant sud-coréen est ressorti à 5 040 milliards de wons (3,9 milliards d’euros), son plus mauvais résultat depuis le troisième trimestre 2016, en baisse de 56,9% sur un an. Le bénéfice d’exploitation plonge aussi de 60,2% tandis que le chiffre d’affaires a reculé de 13,5%, à 52 400 milliards de wons (40,4 milliards d’euros). Samsung Electronics est le navire-amiral de Samsung Group, de loin le plus grand des conglomérats familiaux géants de Corée du Sud et dont la santé est vitale pour la 11e économie mondiale.
Le groupe avait su résister aux vents contraires ces dernières années mais il vient de subir un nouveau revers majeur après l’humiliant report du lancement d’un smartphone emblématique et l’incarcération de son dirigeant de facto. Samsung a ainsi dû reporter fin avril la sortie de son smartphone pliable Galaxy Fold, un engin ultra sophistiqué qu’il a passé près de huit années à mettre au point, pour cause de problèmes de fragilité d’écran. Parallèlement, la rentabilité du groupe est soumise à rude épreuve en raison de l’augmentation de l’offre mondiale de composants électroniques au moment où la demande se contracte.
Huawei et Apple
Samsung Electronics doit également faire face à la concurrence accrue, sur le marché des smartphones, de ses rivaux chinois proposant des produits équivalents à moindre prix, à l’instar de Huawei, qui a dépassé l’américain Apple en 2017 et se hisse désormais au deuxième rang mondial. « Les appareils mobiles ont souffert d’une demande ralentie et de la concurrence accrue», a expliqué Samsung Electronics, qui avait lancé début avril un avertissement sur résultats à l’intention de ses investisseurs. « Les grands écrans ont également accusé les effets d’une chute des prix des panneaux LCD, dans un contexte de mauvais résultats saisonniers», a-t-il ajouté dans un communiqué. Le titre reculait de 0,87% dans les échanges de la matinée à la Bourse de Séoul.
Samsung avait lancé début avril le premier smartphone au monde fonctionnant avec la 5G, au moment où la Corée du Sud devenait le premier pays à proposer la cinquième génération de normes pour réseau mobile sur l’ensemble de son territoire. Mais il a dû reporter la sortie de son Galaxy Fold à 2 000 dollars, quand les premiers testeurs ont constaté des bris de son écran pliable après quelques jours seulement d’utilisation. Cet appareil n’était pas le premier téléphone pliable, mais il aurait dû stimuler la demande et raviver un marché à l’affut d’innovations. « La concurrence croissante sur les marchés parvenus à maturation des téléviseurs et smartphones devrait représenter un défi au deuxième semestre», poursuit le groupe.
Les puces mémoire pour se démarquer
Le sud-coréen SK Hynix, le deuxième fabricant mondial de puces mémoire, a également accusé la dégringolade de son bénéfice d’exploitation au premier trimestre. Greg Roh, analyste chez HMC Securities & Investment, a prédit que la tendance baissière se poursuivrait au deuxième trimestre. « Les choses pourraient changer au troisième trimestre grâce à la hausse de la demande pour des puces mémoires», a-t-il dit à l’AFP. Dans le contexte de contraction des marges de la division mobile, Samsung Electronics avait jusque-là tiré son épingle du jeu grâce aux ventes florissantes de ses puces mémoire, qui équipent ses propres téléphones mais aussi ceux de ses concurrents dont le grand rival Apple.
Le sud-coréen détenait également jadis 20% du marché chinois des smartphones, le plus grand marché au monde pour ces appareils, mais ses ventes y ont dégringolé à moins de 1%. La réputation du groupe avait été gravement entachée en 2016 par l’affaire du Galaxy Note 7 aux batteries explosives, dont le rappel avait coûté des milliards d’euros. En outre, l’héritier de Samsung Group, Lee Jae-yong, s’était retrouvé englué dans le vaste scandale de corruption qui avait coûté son poste à l’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye. Il avait passé quasiment un an derrière les barreaux avant de recouvrer la liberté en février 2018.
Selon l’agence de notation Fitch, les opérations de Samsung devraient commencer à se normaliser d’ici la fin de l’année avec la reprise du segment des semi-conducteurs. « Les répercussions pour Samsung du ralentissement (du marché des puces) devraient être moins importantes que pour ses pairs grâce aux investissements consentis dans la production des DRAM, qui donnent à l’entreprise des avantages de coûts lui permettant de maintenir sa rentabilité durant les périodes d’affaiblissement des marges», dit-elle aussi.
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