San Francisco interdit l’usage de la reconnaissance faciale par la police
AFP
San Francisco est devenue mardi la première ville des Etats-Unis à interdire l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale par la police et d’autres agences gouvernementales. Huit des neuf membres du conseil municipal se sont prononcés en faveur de cette nouvelle réglementation, qui doit encore faire l’objet d’un vote de procédure la semaine prochaine avec néanmoins peu de probabilité que cela change la donne.
Cette interdiction ne concerne pas les aéroports ni les sites régulés par les autorités fédérales. « La propension à ce que la technologie de reconnaissance faciale mette en danger les droits civils et les libertés civiques contrebalance de manière importante ses soi-disants bénéfices», relève la décision, estimant que cette technologie « va exacerber l’injustice raciale et menacer notre capacité à vivre libre de toute surveillance permanente par le gouvernement».
« Le plus grand danger est que cette technologie soit utilisée pour des systèmes de surveillance»
Cette interdiction s’inscrit dans le cadre d’une réglementation plus vaste sur l’utilisation des systèmes de surveillance et l’audit des politiques en la matière, avec des conditions plus strictes et la nécessité d’une approbation préalable du conseil pour les agences municipales concernant de tels systèmes. Une mesure similaire d’interdiction est envisagée à Oakland, de l’autre côté de la baie de San Francisco. La surveillance par reconnaissance faciale suscite chez certains des craintes liées au risque que des personnes innocentes soient identifiées à tort comme étant des délinquants et que ces systèmes empiètent au quotidien sur la vie privée.
Mais d’autres estiment que cette technologie peut aider la police à lutter contre la criminalité et à rendre les rues plus sûres. L’arrestation de criminels par la police a été portée à son crédit mais elle est également responsable d’identifications erronées. « La reconnaissance faciale peut être utilisée pour la surveillance générale en association avec des caméras vidéos publiques et peut être utilisée d’une manière passive ne requérant pas la connaissance, le consentement ou l’adhésion de la personne concernée», a relevé l’Association de défense des droits civiques (ACLU) sur son site internet. « Le plus grand danger est que cette technologie soit utilisée pour des systèmes de surveillance classiques et haut dessus de tout soupçon», a-t-elle poursuivi.
Selon le New York Times, les autorités chinoises se servent de cette technologie intégrée aux vastes réseaux de caméras du surveillance du pays pour repérer les membres de la minorité musulmane des Ouïghours, après avoir été programmée avec leurs caractéristiques physiques pour ne chercher qu’eux. Ce serait le premier exemple connu de l’utilisation par un gouvernement de l’intelligence artificielle pour faire du profilage racial.
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