
Seconde main : Faume lève 8 millions d’euros pour aider les marques à reprendre le contrôle face aux marketplaces
Alors que la seconde main s’impose comme une alternative de consommation durable, les marques n’ont plus l’intention de rester à l’écart. Faume, startup française spécialisée dans les solutions de revente en marque blanche, incarne cette volonté de reconquête stratégique. En permettant aux enseignes de mode et de luxe d’intégrer la seconde main à leur propre écosystème, la société propose une alternative directe aux plateformes généralistes comme Vinted ou Vestiaire Collective.
Le modèle de Faume repose sur une infrastructure technique et logistique dédiée aux marques. Celles-ci peuvent ainsi lancer leur propre plateforme de revente, conserver la maîtrise de leur image, fixer leurs prix et préserver la relation client. Cette logique d’intégration répond à un double impératif : valoriser un canal de vente à forte croissance, tout en évitant la dilution de marque induite par les marketplaces externes.
L’enjeu est loin d’être anecdotique. En 2024, la seconde main représentait déjà 20 % des achats mode en ligne, avec une croissance vingt fois supérieure à celle du neuf. À l’horizon 2028, le marché mondial du vêtement d’occasion pourrait atteindre 350 milliards de dollars selon l’étude ThredUp menée avec GlobalData. Ce déplacement de valeur oblige les marques à structurer leur réponse sous peine de perdre des parts de marché et de contrôle stratégique.
Face à cette dynamique, Faume veut s’imposer comme un partenaire d’industrialisation. Plus de 45 marques ont déjà déployé leur offre via sa plateforme, parmi lesquelles Isabel Marant, Soeur, Lacoste, ba&sh, Aigle ou encore Ami Paris. Le modèle permet une standardisation des process, un parcours client cohérent avec les exigences du neuf, et une logistique intégrée pour les opérations de reprise et de revente.
Pour renforcer son avantage technologique, Faume prévoit de mettre en production en 2025 une solution d’intelligence artificielle dédiée au pricing dynamique. L’objectif est d’ajuster automatiquement les prix de revente en fonction des données historiques, de la demande et de l’état du produit. Cette approche algorithmique doit permettre aux marques de mieux se positionner face à la flexibilité tarifaire des marketplaces tout en préservant leur marge.
La dimension internationale du projet s’affirme également. Déjà active dans plusieurs pays européens via ses clients, Faume s’implante désormais directement au Royaume-Uni et en Italie, avec une première collaboration annoncée avec la marque Victoria Beckham. L’ouverture à ces marchés stratégiques marque une nouvelle étape dans sa trajectoire de croissance.
Fondée en juillet 2020 par Aymeric Déchin, Nicolas Viant, Jocelyn Kerbourc’h et Lucas Patricot, Faume a déjà permis la revente de plus de 300 000 pièces de mode premium, dont 40 % hors de France, et affirme avoir évité plus de 4 200 tonnes de CO2 en 2024. La société vient de lever 8 millions d’euros auprès d’Amundi Private Equity Transition Juste, de ses investisseurs historiques Daphni et Bpifrance via son fonds Digital Venture. Cette levée vise à financer son développement européen, le déploiement de son IA de pricing dynamique et le renforcement de ses équipes, avec l’ambition d’accompagner 150 marques d’ici quatre ans.