Stéphane Richard (Orange) veut réduire la «fracture numérique» dans le monde
Avec l'AFP
Connecter la moitié de l’humanité qui n’a pas encore accès à Internet, c’est l’appel que lance le PDG d’Orange Stéphane Richard, à travers un livre, «Human Web», alors qu’il doit prendre la tête, début 2019, de l’association mondiale des opérateurs (GSMA). Pour y parvenir, il compte sur l’aide de certains des principaux opérateurs, des États et des organisations internationales.
Vous avez écrit un livre visant à alerter sur une «fracture numérique» en train de se creuser, qu’entendez-vous par là ?
Stéphane Richard : «C’est un constat que je tire de mon expérience à la présidence d’Orange : je vois cette fracture qui, aujourd’hui, se creuse et continuera à se creuser, si on ne fait rien, entre un monde qui a la connectivité et est à la veille de progrès historiques et ceux qui ne l’ont pas. Cela concerne la moitié de l’Humanité, et même 80% de la population en Afrique, et c’est une situation préoccupante.
On voit par exemple apparaître une forme d’exode numérique, des populations ou des entreprises qui vont là où il y a un meilleur accès au numérique. Si on ne se mobilise pas, nous allons augmenter cette fracture et manquer l’opportunité d’améliorer la vie de milliards de personnes. Or, on remarque par exemple qu’apporter de la connectivité à des populations permet de les fixer sur leur territoire.
Il ne s’agit pas de verser dans un angélisme pro-numérique, je n’occulte en rien les côtés sombres d’Internet, mais les bons côtés que cela peut apporter, les progrès historiques dans de grands domaines, tels que la santé, l’éducation, l’accès à la culture, la vie économique sont bien supérieurs.»
Comment y arriver, selon vous ?
S. R : «En l’état actuel des choses, les conditions ne permettent pas aux opérateurs d’assumer seuls un tel déploiement. Nous sommes en concurrence les uns par rapport aux autres, nous avons des obligations envers nos actionnaires, nous devons être rentables, ce qui nous pousse à déployer avant tout là où se concentre la population.
En France, l’accord de «new deal» (signé entre le gouvernement et les opérateurs pour éliminer les zones blanches ou grises, NDLR) est un exemple très intéressant de ce qui peut se faire. Il y a les moments où des partenariats [entre opérateurs] peuvent apporter une solution.
Il faudrait sans doute une sorte de «new deal» standard mondial, qui pourrait s’inspirer de ce qu’on a su faire en France et qui pourrait être proposé aux États, je pense en Afrique notamment. En soit, le problème peut se régler en quelques années, en deux ou trois ans, nous pouvons apporter des progrès très significatifs. Après tout, nous avons fait la 4G en trois ans en France.»
Vous devenez président du GSMA à partir de janvier prochain, pour deux ans. Comptez-vous tenter de faire avancer le sujet durant cette période ?
S. R : «Ce sera l’un des thèmes de cette présidence, en 2019 je vais en parler tout au long de l’année, lors de mes différentes interventions. Je pense notamment au Congrès mondial des télécoms (MWC, à Barcelone du 25 au 28 février 2019, NDLR), au forum de Davos… Il s’agira de faire un effort un peu continu pour tenter de voir ce qui est possible.
Je voudrais profiter de cette tribune pour mobiliser mes confrères opérateurs, ainsi que les autres parties prenantes potentielles, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, NDLR), les institutions internationales comme la Banque mondiale ou le FMI, par exemple, pour pousser l’idée. C’est un thème sur lequel les opérateurs peuvent se sentir à l’aise, nous sommes les mieux placés pour le faire.
Certains sont déjà sensibles à la question, je pense à mon prédécesseur à la tête de la GSMA, Sunil Bharti Mittal (PDG de l’opérateur Bharti Airtel, NDLR) ou America Movil, de Carlos Slim. En fin d’année, il sera intéressant de faire un premier bilan. Si l’on commence à voir quelque chose de concret qui se dessine, ce sera un premier point d’étape intéressant.»
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