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StopCovid: les apps de contact tracing ont-elles déjà prouvé leur efficacité?

La Cnil a donné ce mardi son feu vert au lancement de l’appli de contact tracing StopCovid. Sous réserve du vote du Parlement, elle pourrait être disponible dès ce week-end. Mais un tel outil a-t-il déjà réellement prouvé son efficacité?

Une propagation virale trop rapide pour être contenue par la recherche manuelle des contacts?

Un groupe de chercheurs de l’Université d’Oxford s’est penché sur la question et a publié ses conclusions dans le revue Science fin mars. Il s’est notamment appuyé sur les données issues des cas répertoriés en Chine pour estimer la proportion des transmissions en fonction des différents modes de contamination. A partir de cela, il a effectué des prédictions pour voir à quel point la mise en place d’une solution permettant de rapidement retracer les personnes avec qui un individu infecté a été en contact peut changer la donne et permettre d’endiguer la pandémie actuelle.

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Le groupe reconnaît que ses données sont imparfaites car l’analyse à partir d’une cohorte plus précise serait préférable. Des travaux qui seront sûrement conduits après l’épidémie. Mais dans le temps imparti et avec les données qu’il possède, il estime que dans le cas du Covid-19, «la propagation virale est trop rapide pour être contenue par la recherche manuelle des contacts». «Mais elle pourrait être contrôlée si ce processus était plus rapide, plus efficace et se produisait à grande échelle», poursuit-il.  Pour eux, la solution pourrait se trouver dans la mise en place d’une solution numérique. «Un délai entre la confirmation d’un cas et la recherche de ses contacts n’est cependant pas inévitable. Plus précisément, il peut être évité en utilisant une application pour téléphone mobile», conclut le groupe de chercheurs.

Mais le dispositif imaginé par ces chercheurs va beaucoup plus loin que le Bluetooth

Sauf que le dispositif optimal pensé par les chercheurs pour qu’une telle application soit efficace va beaucoup plus loin que la solution Bluetooth proposée par le gouvernement, et semble difficilement applicable en France.

La solution idéale selon eux fonctionnerait ainsi via la co-localisation GPS complétée par le scan d’un QR code affiché sur les équipements publics à fort trafic où le GPS serait trop imprécis. Les résultats des tests seraient communiqués à un serveur qui recommanderait automatiquement des mesures de quarantaine stratifiées en fonction de la proximité physique qu’ont eu les personnes avec celle infectée, tout en préservant son anonymat. Des tests pourraient être demandés via l’application. Comme le montre le schéma ci-dessous, l’idée serait alors de recommander des actions qui vont de la mise en quarantaine à de simples mesures de distanciation sociale.

Source: « Quantifying SARS-CoV-2 transmission suggests epidemic control with digital contact tracing », Revue Science.

Cela permet d’avoir une vision de ce à quoi ressemblerait une solution optimale selon ces chercheurs. Et elle n’est  pas à l’image de ce qui va être mis en place en France. Mais qu’en est-il des applications qui existent déjà?

Que faut-il retenir de l’exemple singapourien?

Un exemple d’une app de contact tracing utilisant le Bluetooth – et qui bénéficie d’un peu de recul pour en analyser l’impact- est l’application TraceTogether utilisée à Singapour. Elle prévient les personnes qui se sont trouvées pendant au moins 30 minutes à moins de 2 mètres de quelqu’un si ce dernier s’avère être positif au Covid-19 dans les semaines qui suivent.

La cité-État a lancé son app le 20 mars. Au 1er avril, elle revendiquait 1 million de téléchargements. Près de deux mois après, la proportion a encore un peu progressé et le gouvernement local parle à présent de 1,5 millions d’utilisateurs, sur une population de près de 5,7 millions d’habitants. Une proportion qui reste trop faible.

Ainsi, dans une interview accordée au journal local The Strait Times début avril, Lawrence Wong, le ministre du Développement National, a reconnu lui-même que l’outil n’avait pas encore tenu toutes ses promesses, à cause du nombre insuffisant d’utilisateurs. «Pour que TraceTogether soit efficace, nous avons besoin qu’à peu près les trois quarts – si ce n’est tout le monde – de la population la possède. Ensuite, nous pourrons vraiment l’utiliser comme un outil de recherche de contacts efficace», avait-il déclaré. Il n’est ainsi pour l’instant pas possible de se servir de l’exemple du pays pour infirmer ou confirmer l’efficacité d’une app de contact tracing. Un point que les responsables eux-même de l’appli ont tenu à rappeler.

Une appli qui devra être acceptée par 60% des Français pour être efficace

L’exemple singapourien montre que les questions de confiance notamment sont cruciales puisque qu’une application de contact tracing ne peut être réellement efficace sans une adoption massive de la population. Selon les spécialistes, cette proportion doit être d’au moins 60% pour espérer endiguer la propagation du virus. La population française a-t-elle été assez informée? Le processus de création de l’app a t-il été assez transparent?

Un autre point de vue personnel est également intéressant à partager. C’elui de Jason Bay, senior director (services numériques gouvernementaux) pour GovTech Singapore et chef de produit de l’app TraceTogether. Face à la volonté d’autres pays de lancer des apps de contact tracing, il a tenu à partager son expérience. Selon lui, un point a tendance à être oublié: « Nous utilisons TraceTogether pour compléter le suivi manuel des contacts – pas le remplacer« , iniste-t-il. Ainsi une telle app n’a selon lui aucune utilité si elle n’est pas accompagnée en plus d’un travail continu et intense de contact tracing, d’interprétation des données. L’intervention humaine reste donc primordiale.

Il faudra donc aussi voir comment le gouvernement français place le dispositif StopCovid au sein des procédures de contact tracing qui existent déjà, si les différents protagonistes sauront se coordonner, travailler ensemble. Cela s’ajoute aux défis déjà précédemment énoncés dont une adoption massive de la solution par la population qui dépendra notamment du niveau de confiance qu’elle lui accordera.

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Un commentaire

  1. L’efficacite a ete prouvee, mais une amie chinoise m’a dit que les USA ou la France verront cela comme un attaque a leur liberte, alors qu’ils partagent deja toutes leurs infos sur les reseaux sociaux , en remplissant des formulaires… J’habite aux USA. Elle a habite aux USA pendant 20 and et habite a Shanghai desormais, car sa famille lui manquait.

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