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Télémédecine: les hôpitaux s’organisent face au déferlement du coronavirus

AFP

Suivre à distance les malades angoissés, limiter les appels au samu, trouver des bras pour les hôpitaux débordés… Face au déferlement du coronavirus, la bataille passe aussi par des outils numériques, déployés à toute vitesse sur le territoire. Alors que la maladie a déjà fait près de 1 700 morts en France, le nombre de malades se compte en dizaines de milliers. La grande majorité, sans symptômes graves, sont renvoyés chez eux, avec leurs peurs et le risque que leur état s’aggrave.

Alors plusieurs hôpitaux ont mis en place en un temps record des applications de suivi de ces patients Covid-19. « L’idée, c’est de ne pas les renvoyer à domicile seul, d’avoir une télésurveillance médicalisée, en permanence, pendant les 30 jours de leur maintien chez eux », explique à l’AFP le Pr Patrick Jourdain, directeur médical du centre de télésurveillance médicale mis en place par l’AP-HP en Ile-de-France.

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Le principe est simple. Le patient est inscrit par un médecin, à l’hôpital ou depuis quelques jours les généralistes qui multiplient les téléconsultations, et il peut alors télécharger l’application Covidom, qui comptait jeudi soir 16 900 patients suivis. Chaque malade remplit une ou deux fois par jour, selon son état, à un court questionnaire (température, fréquence respiratoire…). Et quand certains seuils sont franchis, des alertes se déclenchent. Entrent alors en scène des centaines de volontaires spécialement formés (étudiants en médecine, en dentaire, kinés, infirmières) qui appellent les patients et évaluent la situation, sous supervision.

Un médecin pour quatre « télésurveillants », insiste le Pr Jourdain. « On sait que la condition d’un certain nombre de patients va s’altérer, qu’ils vont présenter des formes plus sévères de la maladie. L’intérêt est de les identifier de façon relativement précoce pour leur dire ‘c’est le moment d’aller aux urgences ou d’appeler le 15’ », souligne-t-il. Mais souvent, les malades ont juste besoin d’une oreille attentive. « Ils sont inquiets, certains sont vraiment en stress. Alors c’est beaucoup d’écoute, on sent qu’ils ont besoin de parler, d’être rassurés », raconte une « télésurveillante », Caroline Quincampoix, assistante de formation à l’AP-HP.

« On a inventé une nouvelle façon de faire de la médecine 3.0. A ma connaissance, c’est un système qui n’a jamais existé avant avec un tel volume et une telle polyvalence », se félicite le Pr Jourdain. Si Covidom est une nouveauté, d’autres applications existaient déjà ailleurs pour des suivis post-opératoires ou certaines pathologies lourdes. Certaines ont été reconverties en urgence pour les patients Covid-19.

Volontaire en un clic 

Ainsi, le CHU de Montpellier a reparamétré son application MHLink. Les patients Covid-19 à domicile apparaissent « sur un grand tableau de bord, catégorisés en rouge, orage, bleu et vert », explique à l’AFP Jérôme Euvrad, directeur du Système d’Information de l’établissement. « Un médecin rappelle tous les rouges en début de session », poursuit-il. Et même quand tout va bien, le patient peut contacter les soignants par le biais « privilégié » de l’application.

Le suivi des malades n’est pas le seul domaine où la technologie est mise à contribution contre cette épidémie. Depuis une semaine, grâce à un algorithme développé par l’AP-HP et l’Institut Pasteur, le site maladiecoronavirus.fr permet d’évaluer ses symptômes et d’être conseillé sur la marche à suivre (restez chez soi, consulter son médecin, appeler le 15). Sur les 5 millions de visiteurs, 3,5 millions ont rempli le questionnaire jusqu’au bout, dont 15 à 16% ont été orientés vers le Samu, selon l’Alliance digitale contre le Covid-19. L’objectif est de rassurer les Français, mais aussi de « réduire les appels inutiles vers le Samu saturé », souligne un de ses membres, le Dr Fabrice Denis.

Les hôpitaux aussi travaillent dans des conditions de plus en plus insupportables. Pour renforcer leurs équipes, beaucoup d’entre eux, comme à Mulhouse en première ligne, peuvent faire appel à Whoog, qui propose depuis 2015 une plateforme de recrutement de personnels en cas d’absences ou d’accroissement imprévu de l’activité. Via cette « mini agence d’intérim », chaque établissement ou groupe d’établissements se constitue « une réserve de personnes connues, dont on sait qu’elles ont des compétences, de manière à pouvoir les activer quand ce n’est pas planifié », explique à l’AFP son fondateur Guerric Faure.

Et en ces temps de crise sanitaire, cela permet de « communiquer envers du personnel présent sur leur territoire et qu’ils ne connaissent pas encore », souligne-t-il. Comme l’a fait le CHU de Toulouse en appelant sur Twitter à se signaler sur Whoog: « Infirmiers anesthésistes, anesthésistes réanimateurs, informaticiens, etc. Vous êtes volontaire ? Inscrivez vous en un clic ! ». « Vous serez prochainement contacté si une mission correspond à votre profil ».

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